Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé, samedi, un profond remaniement ministeriel, marqué particulièrement par le départ forcé de la controversée ministre des Affaires étrangères, de l'UE et de la coopération, Arancha Gonzalez Laya. Critiquée par les milieux politiques espagnols pour sa mauvaise gestion de plusieurs dossiers sensibles, Arancha González Laya est ainsi remplacée aux Affaires étrangères par l'actuel ambassadeur d'Espagne en France, José Manuel Albares. Contacté par 2M.ma, le chercheur au Centre d' études pour l'Afrique et le Moyen-Orient, Moussaoui Ajlaoui, estime que ce remaniement du gouvernement espagnol est une affaire politique interne qui, toutefois, ne peut pas être séparé du contexte de la politique étrangère régionale de l'Espagne, compte tenu de la tension ayant marqué les relations maroco-espagnoles dernièrement, après que le pays voisin ait accueilli le chef du Front séparatiste du Polisario, Brahim Ghali, avec des documents falsifiés et une identité usurpée. Pour Ajaloui, il existe toujours une raison derrière chaque remaniement ministériel. Avant celui d'aujourd'hui, explique-t-il, les voix de plusieurs partis politiques espagnols se sont élevés, notamment celui du Parti Populaire (PP), qui constitue la principale formation de l'opposition en Espagne. Ce dernier avait réclamé la démission immédiate d' Arancha Gonzalez Laya, l'accusant d'être responsable de la crise politique entre le Maroc et l'Espagne qui s'est transformée en une crise diplomatique. Même le parti Vox a lié la détérioration des relations entre les deux pays voisins à la mauvaise gestion d'Arancha Gonzalez Laya, a-t-il ajouté. * Le traitement de l'affaire du dénommé Brahim Ghali par la justice espagnole, une "véritable farce judiciaire" (ONG) D'après le chercheur, les répercussions de cette mauvaise gestion n'ont pas touché uniquement l'Espagne mais aussi l'Union Européenne. La relation entre les institutions de ce dernier et le voisin ibérique a été impactée, ajoute-t-il, expliquant que la Commission européenne n'a évoqué aucune condamnation du Maroc à l'issue de la décision du parlement européen, qui n'a pas fait l'unanimité. Au Contraire, les institutions européennes ont souligné l'importance du maintien des relations avec le Maroc comme étant un partenaire clé du bloc économique européen dans de nombreux dossiers importants. Par ailleurs, le chercheur s'est interrogé sur l'avenir des relations maroco-espagnoles après la nomination du nouveau ministre des Affaires étrangères, et se demande si l'Espagne était prête à adopter une nouvelle approche dans ses relations avec le Maroc, notamment sur les questions de migration, de sécurité et d'économie, compte tenu de la clarté du Maroc quant à son partenariat stratégique avec l'Espagne, qui ne sépare pas ce qui est politique de ce qui est économique ou financier. Moussaoui Ajlaoui souligne également que la nouvelle approche marocaine concernant le rétablissement de relations normales avec le voisin espagnol tiendra toujours compte de l'intégrité territoriale du Royaume comme prémisse de base qui encadre les relations entre les deux pays. * L'accueil du dénommé Brahim Ghali en Espagne, un acte «inacceptable» et «condamnable» (Partis politiques marocains)