Le Haut Commissariat au Plan (HCP) vient de livrer les premiers résultats de son enquête nationale sur la migration forcée. L'enquête porte sur les migrants âgés de 15 ans et plus, en se focalisant "sur les migrants originaires de l'Afrique subsaharienne et d'autres nationalités forcées par les circonstances de se trouver sur le territoire marocain (syriens, libyens, irakiens et autres)", indique le HCP. Ainsi, au volet des caractéristiques socio-démographiques des migrants, les résultats de l'enquête indiquent que près de trois migrants sur cinq sont des hommes (59,3%) et que plus de huit migrants sur dix sont âgés de 15 à 44 ans (86,2%). Le HCP rajoute que plus de la moitié des migrants au Maroc sont célibataires (54,1%), que la taille moyenne des ménages de migrants au Maroc est de 4 personnes, et que plus du quart des migrants (27,3%) a atteint un niveau d'enseignement supérieur. L'on apprend également qu'un migrant sur sept a reçu une formation professionnelle au Maroc, que la moitié des migrants établis au Royaume parlent français et que 20,6% d'entre eux communiquent en Darija (arabe dialectale marocain).
Pour ce qui est des trajectoires et itinéraires migratoires, l'enquête fait ressortir que la majorité des migrants (régularisés ou en situation irrégulière) au Maroc sont originaires de l'Afrique de l'Ouest, et que plus de la moitié des réfugiés sont d'origine Syrienne. Aussi, le HCP indique que plus de 8 migrants sur 10 ont quitté leur pays d'origine depuis 2010, que plus des deux tiers des migrants sont arrivés directement au Maroc depuis leur pays d'origine et que plus des trois quarts des migrants ont émigré pour des raisons liées à la recherche d'un emploi, à la guerre, à l'insécurité ou à la persécution.
Au volet des conditions d'entrée au Maroc, les résultats de l'enquête révèlent que la majorité des migrants établis au Maroc (88,2%) y sont arrivés entre 2010 et 2021, que la sécurité qui prévaut dans le Royaume et les meilleurs conditions de vie qu'il offre ont été les principales raisons de son choix comme destination, que les aéroports (48,1%) et que les frontières marocaines de l'est (47,4%) sont les principaux points d'entrée des migrants au Maroc (avec Casablanca (44%) et Oujda (40,9%) comme premières villes d'entrée). En ce qui concerne la situation administrative des migrants au Maroc, un peu plus de leur tiers (36,3%) affirment être en situation irrégulière selon l'enquête. Aussi, plus de la moitié des migrants sondés ont déclaré avoir procédé à une demande d'asile au Maroc. Pour ce qui est de la situation des migrants vis-à-vis du marché du travail, plus de la moitié d'entre eux étaient des actifs occupés dans leur pays d'origine (53,1%), 48% d'entre eux exercent une activité professionnelle au Maroc et plus de 4 sur 10 occupe un emploi salarial (45%). Le commerce (22%) et les services (53%) emploient les trois quarts des migrants actifs occupés, détaille la même source. Les emplois permanents et activités saisonnières constituent la première source de revenu des migrants au Maroc (37,7%), suivis des aides ou de transferts reçus de personnes ou d'institutions à l'intérieur du Royaume (13,4%). Au niveau des intentions et des perspectives migratoires, les deux tiers des sondés (64,8%) indiquent ne pas pouvoir retourner dans leur pays d'origine à n'importe quel moment en raison de l'insécurité, de la guerre ou de la persécution, plus de la moitié envisagent de rester au Maroc (53,7%) et un quart (25,9%) veulent émigrer dans un autre pays, poursuit l'enquête. Si la sécurité et les meilleures conditions de vie sont les principales motivations pour les migrants qui souhaitent rester au Royaume, ceux qui veulent retourner dans leur pays d'origine avancent comme motifs "la difficulté de vivre ou d'accéder au marché du travail au Maroc, ou encore la nostalgie du pays d'origine. Aussi, près de 9 migrants sur 10 (87,2%) se sont déclarés satisfaits de leur arrivée au Maroc, poursuit le HCP. L'enquête indique également qu'environ les deux tiers des migrants au Maroc (67,3%) estiment que les marocains ont une attitude "plutôt positive" envers les migrants. Les nationalités qui ont, le plus exprimé cette opinion sont les yéménites (87,5%), les syriens (86,8%), les sénégalais (78,7%) et les guinéens (66,9%), indique le HCP. Il est à relever, à ce sujet, que 17,4% de ces migrants jugent, ni positives ni négatives, les attitudes des marocains envers eux.
Aussi, l'enquête a révélé une faible connaissance des migrants quant aux efforts déployés par le Maroc pour leur intégration. En effet, près d'un immigré sur six (17%) est au courant de l'existence de la Stratégie Nationale d'Immigration et d'Asile (SNIA), beaucoup plus parmi les réfugiés (22,8%) que parmi les migrants irréguliers (14,9%). L'enquête a couvert un échantillon de 3000 migrants, dont 2200 migrants régularisés ou en situation irrégulière et 800 réfugiés ou demandeurs d'asile, précise le HCP. * Un migrant marocain sur trois a atteint un niveau d'enseignement supérieur (HCP)