Après avoir recueilli plus de 65 témoignages d'ex-détenus de la prison militaire de Saydnaya, près de Damas, Amnesty International dénonce des « crimes contre l'humanité ». Dans un rapport rendu public aujourd'hui, l'ONG évoque aussi des milliers de disparitions forcées Electrocutions, brûlures à l'eau bouillante, viols ... Dans les prisons du régime Al Assad, les détenus syriens subissent des traitements d'une « cruauté sous sa forme la plus vile ». "Ils nous traitaient comme des animaux. J'ai vu le sang couler, on aurait dit un fleuve", affirme Samer, un avocat en parlant de ses anciens gardiens durant sa détention. Une fois en prison, les détenus ont droit à « la fête de bienvenue », durant laquelle les nouveaux détenus sont « roués de coups » au moyen de barres de fer ou de câble électriques. Un sinistre rituel auquel aucun prisonnier n'échappe. Omar S. a raconté à l'ONG qu'un gardien avait contraint deux hommes à se déshabiller et avait ordonné à l'un de violer l'autre, le menaçant de mort s'il n'obtempérait pas. Saïd, un militant anti-régime, a affirmé avoir été violé, devant son père, à l'aide "d'une matraque électrique" en étant suspendu d'un seul bras et en ayant les yeux bandés. Des ex-prisonniers ont confié avoir mangé des noyaux d'olive et des écorces d'orange pour ne pas mourir de faim. Toujours selon la même source, « la plupart des victimes d'exactions ont raconté avoir vu des personnes mourir en détention, et certaines ont affirmé s'être retrouvées avec des cadavres dans leur cellule ». Un ex-détenu "raconte qu'un jour la ventilation avait cessé de fonctionner et que sept personnes étaient mortes étouffées" dans des centres de détention surpeuplés, ajoute Amnesty. Dans la prison militaire de Saydnaya, dans la périphérie de Damas, la torture est systématique et généralisée En cinq ans de guerre, plus de 17 700 détenus ont péri, soit une moyenne de 300 décès par mois, mais les chiffres réels restent beaucoup plus élevés en citant des dizaines de milliers de disparitions forcées, précise l'ONG de défense des droits de l'Homme. "Le caractère systématique et délibéré de la torture et des autres mauvais traitements à la prison de Saydnaya témoigne d'une cruauté sous sa forme la plus vile et d'un manque flagrant d'humanité", dénonce Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty. Le rapport met le point également sur plusieurs manquements notamment « nourriture insuffisante, soins médicaux limités et absence d'installations sanitaires adaptées, dans les prisons».