Les autorités algériennes libèrent au compte-gouttes les détenus marocains séquestrés à Tindouf. Un chantage qui n'a que trop duré. La manœuvre est de taille, mais ne trompe plus personne. Face aux appels incessants de la Communauté internationale et à la résolution onusienne 1495 adoptée par le Conseil de sécurité, les séparatistes du polisario et leurs parrains algériens, habitués à dissimuler leurs fuites en avant par des actes dits « gestes de bonne volonté », ont décidé de libérer 243 prisonniers marocains, détenus dans les camps de Tindouf. La manœuvre est de taille dans la mesure où elle survient à un moment où la situation politique en Algérie connaît une recrudescence des hostilités entre les hommes de Bouteflika et l'opposition, dont l'une de ses aspects apparents est la censure de six journaux de différents horizons et sensibilités. Elle l'est également, au vu de l'effritement constant des rangs des séparatistes qui se manifeste à travers le retour à la mère-patrie de leurs anciens dirigeants, et surtout à la lumière des rapports accablants d'ONG au niveau international qui mettent à nu les pratiques fascistes perpétrées par une partie de la junte militaire en Algérie et ses acolytes séparatistes à l'encontre des prisonniers marocains séquestrés dans les camps de la honte. Un rapport de «France Libertés», une organisation qui a toujours défendu les séparatistes, au nom de la liberté et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, vient de décider de « cesser son aide aux projets de développement ». Dans un rapport publié à la suite d'une mission internationale d'enquête, menée du 11 au 25 avril 2003, sur les conditions de détention des prisonniers marocains, la Fondation recommande aux bailleurs de fonds institutionnels (UE, PAM et ONG) d'enquêter sur les faits graves de détournement de l'aide alimentaire destinée aux séquestrés. La fondation, qui a soutenu de nombreux projets au bénéfice des séquestrés de Tindouf, estime qu'il lui est «aujourd'hui impossible de continuer à intervenir» dans ces camps «où le travail forcé des prisonniers marocains se pratique depuis 28 ans». «Au moins 121 personnes seraient mortes de mort violente dans les camps de Tindouf» où interrogatoires, exécutions sommaires et travail forcé sont le lot quotidien des prisonniers. «Pratiquement tous les prisonniers ont été torturés à la suite de leur capture» lors d'interrogatoires menés par des officiers algériens, affirme le rapport. «L'implication de l'Algérie dans le conflit est connue», souligne la fondation qui accuse ce pays, en tant que partie au 1er protocole additionnel de Genève, d'avoir commis une grave infraction en ne libérant pas tous les prisonniers marocains, militaires et civils détenus pour la plupart depuis plus de 20 ans, ajoutant que «tous les témoignages que la mission a recueillis confirment que les autorités algériennes sont à considérer à plus d'un titre comme l'une des puissances détentrices des prisonniers marocains». La Fondation recommande à l'Union européenne, en raison de l'accord d'association qui la lie à l'Algérie d'exiger des «autorités algériennes qu'elles se conforment au respect de la clause des droits de l'Homme dans le traitement des prisonniers marocains civils et militaires, particulièrement en libérant sans délai tous les prisonniers marocains ». La fondation révèle en outre l'existence de centres de détention et de torture notamment la prison d' «Errachid» où la torture est pratiquée de manière systématique. Jusqu'en 1998, «2 à 3 détenus y étaient enterrés chaque nuit». «La mission a constaté que «tous les prisonniers étaient gravement malades, et que leur état de santé nécessitait un transfert médical. Tous les prisonniers souffrent de plusieurs pathologies à la fois, mais ne bénéficient d'aucun soin adéquat». «Il est évident que la plupart des détenus marocains sont dans un état de délabrement physique et moral qui aurait nécessité leur rapatriement direct ou leur hospitalisation en pays neutre bien avant le cessez-le-feu», a constaté «France Libertés». D'un autre côté, poursuit le rapport, «les libérations partielles, contraires au droit international humanitaire, agissent négativement sur le moral des captifs qui sombrent parfois dans la folie car ne pouvant supporter le départ d'un camarade et sont d'une grande cruauté pour les familles des prisonniers». Un communiqué du ministère des Affaires étrangères marocain relève, à cet effet, que «le recours, une fois de plus, à la libération, par tranche, de détenus marocains confirme la démarche immorale et condamnable» de ce geste ; le deuxième de son genre qui intervient, selon les auteurs de ce crime contre l'humanité, qui se cachent derrière «une nouvelle sollicitation du chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar» alors qu'il s'agit, comme le précise le gouvernement marocain, «d'une demande formelle et explicite de la Communauté internationale dans son ensemble ». Cette communauté qui demeure passive à l'égard des violations flagrantes des droits de l'Homme, perpétrées en Algérie, par les autorités de ce pays.