Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé mardi de maintenir inchangé le taux directeur à 1,5% à l'issue de sa première réunion trimestrielle de l'année 2021. "Le Conseil a estimé que l'orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, assurant des conditions de financement adéquates. Il a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé ainsi de le maintenir inchangé à 1,5%", indique BAM dans un communiqué. Lors de cette réunion, le conseil a analysé l'évolution de la conjoncture économique et sociale aux niveaux international et national, ainsi que les projections macroéconomiques de la Banque à moyen terme. Celles-ci traduisent un certain regain d'optimisme suscité en particulier par le bon déroulement de la campagne de vaccination anti-Covid-19 et les conditions climatiques favorables qui caractérisent l'actuelle campagne agricole. Ainsi, l'économie marocaine devrait enregistrer une croissance de 5,3% au titre de l'année 2021, avant de s'établir à 3,2% en 2022, prévoit BAM. "La valeur ajoutée des activités non agricoles progresserait en 2021 de 3,5% et, tenant compte d'une production céréalière estimée autour de 95 millions de quintaux (Mqx), celle du secteur agricole rebondirait de 17,6%, portant ainsi la croissance de l'économie nationale à 5,3%", fait observer la Banque centrale. Et d'ajouter que la reprise de l'activité économique devrait se poursuivre, soutenue notamment par le plan de relance de 120 milliards de dirhams (MMDH), l'orientation accommodante de la politique monétaire et un certain regain de confiance au regard de l'avancement de la campagne de vaccination et des conditions climatiques favorables qui caractérisent l'actuelle saison agricole. Ces perspectives restent toutefois entourées de fortes incertitudes liées essentiellement à l'évolution de la situation épidémiologique et à la disponibilité des vaccins aux niveaux national et international. Au niveau national, les dernières données des comptes nationaux relatives au troisième trimestre 2020 laissent indiquer une reprise de l'activité après la forte baisse enregistrée un trimestre auparavant. Tenant compte de ces réalisations et des indicateurs de haute fréquence disponibles, la contraction de l'économie nationale sur l'ensemble de l'année ressortirait, selon les prévisions de BAM autour de 7%, reflétant des replis de 8,1% de la valeur ajoutée agricole et de 6,7% de celle des activités non agricoles. Sur le plan du marché du travail, les données du Haut-commissariat au Plan (HCP) indiquent une forte dégradation en 2020, avec une perte de 432.000 emplois, dont 273.000 au niveau de l'agriculture et 107.000 dans les services. Le taux d'activité a reculé de 45,8% à 44,8% et le taux de chômage s'est aggravé à 11,9% globalement et à 15,8% en milieu urbain. Sous l'effet des pressions désinflationnistes émanant de la demande, l'inflation est restée faible en 2020. Avec la reprise de l'activité et l'augmentation des cours internationaux du pétrole et de certains produits alimentaires, elle devrait s'inscrire en hausse tout en demeurant à un niveau modéré, passant de 0,7% en 2020 à 0,9% en 2021 puis à 1,2% en 2022. Sur le plan des comptes extérieurs, l'année 2020 a été marquée par un repli important des échanges commerciaux, avec une diminution des importations plus prononcée que celle des exportations. Le taux de couverture s'est ainsi amélioré de 4,5 points à 62,4% et le déficit de la balance commerciale des biens s'est allégé de 47,8 MMDH pour s'établir à 158,7MMDH. Pour sa part, l'excédent de la balance des services s'est atténué de 27,6 MMDH à 60,7 MMDH, en lien avec la chute de 53,8% des recettes de voyage à 36,4 MMDH, alors que les transferts des MRE ont affiché une forte résilience avec un accroissement de 5% à 68 milliards. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se serait atténué à 1,8% du PIB. Sur l'horizon de prévision, les importations s'accroîtraient à un rythme soutenu, en relation essentiellement avec les hausses prévues de la facture énergétique et des achats de biens de consommation, alors que le redressement des exportations serait favorisé notamment par l'augmentation annoncée des capacités de production de la construction automobile. Après avoir affiché une forte résilience en 2020, avec un accroissement de 5% à 68 MMDH, les transferts des MRE atteindraient 71,9 MMDH en 2021, puis 73,4 MMDH en 2022. Pour ce qui est des opérations financières, les recettes des IDE devraient avoisiner 3,2% du PIB après avoir baissé à 2,4% en 2020. Pour sa part, le crédit au secteur non financier, et en dépit de la forte contraction de l'activité économique et de l'augmentation des créances en souffrance, il est ressorti en hausse de 3,9%, favorisé par les mesures de soutien et de relance mises en place. S'agissant des finances publiques, l'exécution budgétaire de la loi de finances rectificative fait ressortir un déficit, hors privatisation, de 82,4 MMDH ou 7,6% du PIB et ce, compte tenu du solde positif de 5,3 MMDH du Fonds spécial de gestion de la pandémie de la Covid-19. Tenant compte des données de la loi de finances 2021 et des perspectives de croissance économique, la consolidation budgétaire devrait reprendre graduellement, le déficit hors privatisation devant s'atténuer, selon les projections de BAM à 7,2% du PIB en 2021 puis à 6,7% du PIB en 2022. Dans ces conditions, poursuit BAM, le taux d'endettement du Trésor continuerait d'augmenter, passant de 77,4% du PIB en 2020, à 79% en 2021 puis à 81,3% en 2022.