Des heurts ont éclaté dimanche à Tataouine en Tunisie entre forces de l'ordre et manifestants réclamant des emplois dans des sociétés d'exploitation de gaz et de pétrole, ainsi que la libération d'un militant. Depuis plusieurs semaines, un mouvement protestation est en cours dans le gouvernorat de Tataouine (sud), où des manifestants ont érigé des tentes dans plusieurs régions et bloqué la route aux camions appartenant à ces sociétés situées sur le site d'El Kamour, à 160 kilomètres, en plein désert. Les manifestants réclament l'application d'un accord, conclu après des mois de sit-in ainsi que des heurts en 2017, prévoyant d'employer dans ces sociétés des milliers de chômeurs de cette région marginalisée. C'est l'arrestation d'un militant « recherché par la justice » qui a déclenché les heurts de dimanche, a déclaré le gouverneur de Tataouine, Adel Werghi, à une radio locale. Il s'agit de Tarek Haddad, porte-parole de la coordination des sit-in. Les manifestants ont bloqué des routes avec des pneus en feu et lancé des pierres contre les forces de l'ordre qui ont riposté avec du gaz lacrymogène dans la ville de Tataouine (500 km au sud de Tunis). La situation demeurait très tendue dans la ville en fin d'après-midi avec des accrochages intermittents. « Depuis plus d'un mois, des routes sont fermées et les tentes de sit-in sont installées au milieu des rues. Cela est illégal », a ajouté le gouverneur. L'accord de 2017, favorisé par une médiation de la puissante centrale syndicale UGTT, prévoit également que l'Etat investisse 80 millions de dinars (quelque 27 millions d'euros) chaque année dans la région de Tataouine. Samedi, la branche de l'UGTT à Tataouine a indiqué dans un communiqué que « le gouvernement a de nouveau failli à ses promesses (...) et perdu la confiance » des habitants. Les manifestations interviennent en pleins tiraillements politiques en Tunisie et répercussions économiques et sociales de l'épidémie de Covid-19 même si le pays est parvenu à la juguler.