L'impact du coronavirus au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), confrontée également à la chute des prix du pétrole, est devenu "le plus grand défi à court terme" pour la région, a indiqué le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport publié mardi. "Avec les trois quarts des pays faisant état d'au moins un cas confirmé de COVID-19 et certains confrontés à une épidémie majeure, la pandémie de coronavirus est devenue le plus grand défi à court terme pour la région", a souligné le Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, Jihad Azour relevant qu'"à l'instar d'une grande partie du reste du monde, les populations de ces pays ont été complètement surpris par cette évolution". Au-delà de l'impact sur la santé, la pandémie provoque d'importants bouleversements économiques dans la région avec notamment une "baisse de la demande intérieure et extérieure, une réduction des échanges, une interruption de la production, une baisse de la confiance des consommateurs et un resserrement des conditions financières", a-t-il fait observer dans ce rapport qui couvre aussi les pays du Caucase et d'Asie centrale. La Directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a prévenu, lundi, que la pandémie de coronavirus risque d'entrainer une récession mondiale au moins aussi dure que lors de la crise financière, appelant tous les pays à collaborer pour protéger la population et limiter les dommages économiques. Les prix du pétrole ont chuté de plus de 50% depuis le début de cette crise sanitaire, rappelle le FMI, qui note que ces chocs devraient avoir un "dur impact" sur l'activité économique dans la région MENA, au moins au premier semestre de 2020, avec des conséquences "potentiellement durables". "Outre les perturbations économiques causées par COVID-19, les exportateurs de pétrole de la région sont affectés par le recul des prix des matières premières. La baisse des recettes d'exportation affaiblira les positions extérieures et réduira les recettes, ce qui est de nature à mettre la pression sur les finances publiques et sur le reste de l'économie", a relevé le Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale de l'organisation internationale basée à Washington. "Les importateurs de pétrole, de leur côté, seront probablement affectés par une deuxième vague d'effets, notamment la baisse des transferts de fonds et la baisse de la demande de biens et services du reste de la région", a-t-il dit. Pour M. Azour, la priorité immédiate est de protéger la population contre le coronavirus et de mettre en place des plans de sauvetage de l'économie. "Les efforts devraient se concentrer sur les mesures d'atténuation et de confinement pour protéger la santé publique. Les gouvernements ne devraient épargner aucune dépense pour garantir que les systèmes de santé et les filets de sécurité sociale soient convenablement préparés pour répondre aux besoins de leurs populations, même dans les pays où les budgets sont déjà sous pression", a-t-il souligné. "Au-delà de cet impératif primordial, les réponses de politiques économiques devraient viser à empêcher la pandémie - une crise sanitaire temporaire - de se transformer en une récession économique prolongée avec des pertes de bien-être durables pour la société par une augmentation du chômage et des faillites", a prévenu l'expert de l'institution de Bretton Woods. "Cependant, a-t-il noté, l'incertitude sur la nature et la durée des chocs complique la réponse politique". En ce sens, M. Azour a indiqué que les gouvernements peuvent recourir à une combinaison de "politiques opportunes et ciblées" sur les secteurs et les populations durement affectés, y compris à travers "des allégements fiscaux temporaires et des transferts monétaires".