Des milliers d'Algériens sont descendus dans la rue, ce vendredi 21 fevrier, pour célébrer le premier anniversaire du mouvement de la contestation populaire qui a contraint le président Abdelaziz Bouteflika à démissionner et réclamer le départ des caciques de l'ancien régime. Un an après le début de la contestation qui a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission, les villes algériennes résonnent du même slogan "Dégage!", cette fois à l'endroit des symboles de l'ancien régime. Ces manifestants ont gardé leur unité et n'ont rien cédé sur leurs revendications initiales, soit un changement total du système politique et l'édification d'une nouvelle République. Pour la circonstance, la capitale a été quadrillée et bouclée par une multitude de points de contrôle des services de sécurité qui ont massivement investi les principaux axes routiers menant vers Alger. Ces dispositifs sécuritaires ont suscité beaucoup de colère chez les citoyens. Sur les réseaux sociaux, c'est l'indignation et la frustration totale chez les Algériens. "On décrète le 22 février comme journée nationale mais on nous empêche de la célébrer. Quel pouvoir !", lance un internaute qui ne voit aucun signe de changement pointer à l'horizon. Pour beaucoup d'entre eux, le pouvoir a peur du "Hirak" qu'il qualifie pourtant de "béni". Dans ce sens, le Pacte d'alternative démocratique (PAD), un collectif de partis né dans le sillage de la dynamique de contestation du 22 février 2019 en Algérie, a dénoncé, jeudi, la contradiction "flagrante" entre le discours pro-Hirak et les pratiques "autoritaires et despotiques du régime". "A la veille d'une célébration, qui s'annonce grandiose, de l'an Un de la Révolution du 22 février 2019, les autorités de fait multiplient les actes répressifs contre la population. En effet, la contradiction entre les discours bénissant la révolution et les pratiques autoritaires et despotiques du régime est flagrante", affirme le PAD dans un communiqué. Composé de plusieurs partis politiques (FFS, PT, RCD, MDS, PST, UPC) et de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), le PAD a fait constater que "le pouvoir a multiplié durant toute la semaine les actes répressifs contre les enseignants du primaire, le personnel navigant commercial d'Air Algérie, les interdictions de réunions de l'opposition et la société civile, les mesures coercitives contre des magistrats refusant le dictat de l'Exécutif. Le pouvoir vient de prendre "des mesures gravissimes visant à empêcher, voire interdire l'accès des Algériennes et des Algériens qui se dirigent massivement vers la capitale Alger pour participer au premier anniversaire de la révolution", a dénoncé le Pacte de l'alternative démocratique. En guise de réponse à la décision du Président Abdelmajid Tebboune de décréter le 22 février "journée nationale de fraternité et de la cohésion peuple-armée pour la démocratie", les manifestants scandent "On n'est pas sorti pour faire la fête, mais plutôt pour faire tomber le système". Pour beaucoup d'Algériens, la commémoration dans la rue du déclenchement de la contestation, qui n'a pas connu de répit pendant une année pleine, traduit le succès de ce mouvement de contestations sans précédent en Algérie. Le mouvement de contestation, malgré une campagne acharnée des arrestations et des intimidations, a déjà réussi par sa longévité et sa résilience, d'autant que les tentatives de lui tordre le cou n'ont pas manqué.