Les fabricants de margarine réclament la taxation du beurre en vrac importé. Le gouvernement fait la sourde oreille, considérant ce produit comme un produit social. La taxation du beurre emballé a été inscrite dans le projet de Loi de Finances 2006. Les fabricants de margarine ne sont pas contents. Ils lont fait savoir à travers leur association, lAfamar (Association des fabricants de margarine). A lorigine de leur mécontentement, la TVA de 14% sur la margarine, alors que le beurre en vrac importé est exonéré dimpôt. Ils ne demandent point une exonération, mais simplement une harmonisation de la fiscalité, en vertu de léquité fiscale tant prônée par les pouvoirs publics. A ce titre, lAssociation ne manque pas darguments. «Le beurre et la margarine sont des produits parfaitement substituables, de mêmes goût, texture et utilisation», soutient Hassan Berrannoun, membre de lAssociation, ajoutant qu«en tant que produit de table, la margarine est aujourdhui consommée principalement par les couches sociales les plus défavorisées». De plus, avance-t-il, la margarine est non seulement riche en vitamines et contient moins de cholestérol, mais elle présente lavantage de répondre à des normes dhygiène auquel nest pas soumis par exemple le beurre en vrac importé, lequel est commercialisé en détail même si cela est interdit. Pour les autorités cependant, le beurre, dont la non imposition remonte aux années 70, est un produit purement social quil savère impossible de taxer. Mais au regard des prix pratiqués, lon peut bien se demander, entre le beurre et la margarine, lequel des deux est un produit social. En effet, la boîte de 250 g de margarine est commercialisée entre 5 et 6 DH, au moment où le beurre conditionné de même poids est vendu entre 20 et 25 DH sans pour autant être taxé. Pourtant, souligne Berrannoun, «le beurre emballé et le beurre en vrac sont importés à hauteur de 90 à 95% et 8.800 tonnes bénéficient dun taux préférentiel de 10% à limport au lieu de 32,5%; mais cela profite davantage aux industriels quaux consommateurs finaux». Ce qui pousse lAssociation à affirmer que le gouvernement subit un lobbying puissant de la part de certains importateurs. Laction menée par lAfamar commence néanmoins à porter ses fruits puisque, grâce à la collaboration du ministère du Commerce et de lIndustrie, il a été possible dinscrire la taxation du beurre emballé dans le projet de Loi de Finances 2006. A en croire Berrannoun, cest certes une étape de franchie, mais cela reste insuffisant. «Nous demandons une taxation de 20% pour le beurre importé», martèle-t-il. Selon lAfamar, de lharmonisation de la TVA dépend lavenir du secteur de la margarine qui emploie 4.000 personnes et génère des recettes de TVA de lordre de 70 MDH. «Un traitement fiscal équitable permettra au secteur, qui stagne depuis 1996-1997, de se développer efficacement à travers, entre autres, la réalisation effective de plusieurs projets dinvestissements», conclut Berrannoun.