Le 1er forum de la microfinance a permis de présenter la politique marocaine en la matière, mais aussi déchanger les expériences. Au lendemain de cette rencontre, la FNAM étudie la possibilité dune coopération avec la Belgique. Rida Lamrini, président de la FNAM, revient sur les temps forts de cette année en terme de réalisations. Finances News Hebdo : Quel bilan faites-vous de lAnnée internationale de la microfinance au Maroc ? Rida Lamrini : Sur le plan interne, des activités ont été menées dans le but de mieux maîtriser les opérations de micro-crédit, connaître les expériences des associations en ce qui concerne le développement des produits outre les questions liées à la gestion financière. Cette année, nous avons également travaillé sur les normes comptables qui ont été adoptées par le Conseil National de la Comptabilité. Nous avons également avancé sur le projet de création dune Centrale des risques. Il faut dire que nous travaillons, dun côté, entre associations, et, dautre part, avec les pouvoirs publics pour asseoir plus de rigueur dans le secteur. Concernant la mobilisation des ressources financières, le fonds de refinancement sera mis en place en 2006 avec le soutien de nos partenaires : la CDG pour le Maroc, la CDC en France et la KFX en Allemagne. Cest un fonds autonome promu par la FNAM sous la présidence du Premier ministre, avec une estimation dun milliard de DH de dotation. F. N. H. : Vous avez également organisé des événements courant 2005 R. L. : Cest laxe du rayonnement, de la présentation des performances et de léchange dexpériences entre les différents intervenants. Nous sommes, à cet égard, très satisfaits de la meilleure perception de la microfinance de la part du grand public et une meilleure prise de conscience du travail en interne et sur lenvironnement. Le secteur communique plus sur son fonctionnement, ses contraintes et ses objectifs. Il faut dire quavec le soutien de la presse, le public a été sensibilisé et il perçoit mieux ce secteur. F. N. H. : Quel bilan faites-vous à lissu du 1er Forum de la microfinance ? R. L. : A chaud, je dirais quaujourdhui, la satisfaction est de disposer dun forum. Parce quauparavant, sur le plan mondial, nous devions voyager pour participer à plusieurs évènements afin de prendre connaissance de tout ce qui se fait à travers le monde. Maintenant, avec ce forum, nous avons réussi à avoir un panel important dintervenants. Donc, cest un essai concluant. Cette rencontre a également permis de montrer et de mesurer lengagement des partenaires publics à tous les niveaux, à commencer par le Haut Patronage Royal, la présidence du Premier ministre et de celle de trois ministres à loccasion de la présentation de la politique sociale du micro-crédit au Maroc. A ce niveau, le Maroc est en train de devenir un exemple. Dailleurs, nous sommes satisfaits de laboutissement de nos efforts, salués par une reconnaissance internationale. Lévénement organisé à Marrakech a connu une grande affluence (plus de 300 personnes), avec une participation active et assidue aux débats. Les échos font état, à cet égard, de débats de haute teneur scientifique que les participants ont suivis de bout en bout. Cette rencontre entre experts nationaux et internationaux a aussi permis de nouer des contacts et didentifier un certain nombre dactions à mener pour le développement de la microfinance. Mais tout cela naurait pas été possible sans le Haut Patronage du Souverain, le soutien moral et financier du Premier ministre, des départements ministériels et des sponsors, ainsi quun comité dorganisation dévoué, qui a fait preuve de beaucoup de volonté pour réussir cet événement. F. N. H. : vous avez donc identifié des pistes de travail R. L. : Des pistes de travail ont été identifiées et des contacts entrepris. Au lendemain du forum, nous nous sommes réunis avec la coopération belge. Trois volets essentiels ont été abordés sur un éventuel partenariat entre les deux parties : la formation et lassistance, la formation des micro-entrepreneurs euxmêmes et lexpérience belge en ce qui concerne la méso-finance qui sadresse à des porteurs didées ou de projets qui nécessitent entre 10.000 et 150.000 DH mais qui ne trouvent pas un financement. F. N. H. : A combien évaluez-vous les créances en souffrance ici au Maroc ? R. L. : Très minimes, puisque plus de 92 % des micro-crédits sont remboursés. F. N. H. : Les besoins au Maroc sont estimés à 6 milliards de DH. Pensez-vous que le soutien financier institutionnel soit en mesure de répondre à ce besoin? R. L. : Il y a dabord un effort qui incombe aux associations de micro-crédit à trouver des subventions et recourir à des emprunts pour répondre aux besoins de la population cible. Nous sommes également à la veille de la mise en place dun fonds de refinancement qui aidera en partie au financement des micro-crédits. Pour ce qui est des pouvoirs publics, on est à la veille de la signature dun accord avec le gouvernement qui va soutenir financièrement le secteur. F. N.H. : Et les banques ? R. L. : Nous tenons plusieurs réunions avec les banques sur les possibilités de collaboration. Nous voulons leur faire franchir un palier quantitatif et qualitatif. Lors de la dernière réunion, nous avons identifié quatre pistes, qui nont pas encore évolué en engagements. Dabord, le micro-crédit est une référence pour les banques afin de contribuer à la philosophie de lINDH. Le deuxième axe de cette réflexion est la contribution et lenvergue de la participation des banques au fonds de refinancement. Le troisième chantier sur lequel on sest penché consiste à tirer profit du savoir-faire des banques, ainsi quune connaissance des banques des spécificités propres au micro-crédit. Et puis, en dernier lieu, nous analysons ensemble la possibilité déditer un manuel de procédure qui va normaliser les relations banques-associations de micro-crédit. A noter que toutes les parties témoignent dune forte volonté, étant conscientes de leurs responsabilité vis-vis du développement humain.