Le Plan stratégique mis en place a permis à la société de redresser sa situation financière. Elle devrait renouer avec les bénéfices fin 2005. Lanalyse de BMCE Capital. Parallèlement à un contexte sectoriel ardu, la rétrospective quinquennale des réalisations de Sofac Crédit met en exergue deux périodes distinctes : - le bilan 2000-2003 est marqué par la chute de la production, la perte de parts de marché, la difficulté à saligner sur les règles prudentielles de Bank Al-Maghrib, laccumulation des impayés et linaptitude à accéder à un financement compétitif; - ces éléments ont poussé lactionnaire de référence à simpliquer activement dans la gestion de la société pour assainir ses comptes et redresser ainsi sa situation financière. Pour cela, la CDG a mis en place le plan daction 2003-2005 qui a donné ses premiers fruits au cours de lexercice 2004, puisquil sest soldé par des réalisations financières satisfaisantes. Une évolution de lencours en demi-teinte Entre 2000 et 2003, lencours brut de crédits a accusé un repli annuel moyen de 2,05% pour se fixer à près de 1,9 Md de DH en fin de période. La baisse de la production de 12,4% en moyenne par an, occasionnée par laccumulation des impayés suite à une mauvaise sélection des clients, en est à lorigine. Néanmoins, larrivée dune nouvelle équipe dirigeante en 2003 et la réorientation de la stratégie avec lappui de lactionnaire de référence, a défini un nouveau départ pour la société. Ambitieux, le plan daction stratégique annoncé par le management en 2003 a impliqué louverture simultanée de plusieurs chantiers denvergure, dont la redéfinition de la stratégie commerciale et la mise en place dune gestion des risques. Les premiers résultats de ce programme de restructuration sont perceptibles en 2004, année où la société a renoué avec les bénéfices. En effet, porté par un contexte économique favorable et par un portefeuille de crédits en cours dassainissement, lencours brut de la société de financement sest apprécié de 5,4% pour se monter à 2,0 Mds de DH, salignant ainsi sur lévolution de la production qui atteint 608 MDH au 31 décembre 2004. Ce regain dactivité a permis à Sofac de renforcer sa position sur le marché. Avec une part de 9,0% de lencours total réalisé en 2004, la filiale du Groupe CDG occupe désormais la quatrième place après Eqdom, Wafasalaf et Assalaf Chaabi. Une santé financière en rétablissement Au niveau de lexploitation, le produit net bancaire (PNB) sest contracté en moyenne de 3,5% entre 2001 et 2004. Il est nettement affecté par la détérioration de la marge dintérêt (-7,5%) qui subit leffet combiné du renchérissement du coût des ressources occasionné par une dégradation des fondamentaux de la société et du repli des rendements de crédits dans un contexte de baisse du TEG. En effet, la montée en force des concurrents, notamment sur le segment de lautomobile, a entraîné une baisse tendancielle des prix, qui sest soldée par une détente des taux de sortie dans le but de maintenir, voire renforcer sa part de marché. Parallèlement, lérosion du TEG entre 1999 et 2003 laisse peu de marge de manuvre à la société qui constate le tassement de sa marge dintermédiation. Toutefois, au terme de lexercice 2004, le PNB marque une évolution de plus de 2% à106,2 MDH, tirant profit de la réduction de 10% des charges dexploitation bancaire à 119,2 MDH. Cet allègement tient compte dune optimisation des ressources, constituées exclusivement de CMT et de BSF. En résulte la baisse de 115 pbs du coût de refinancement, générant ainsi une économie de près de 33 MDH. Sur un autre registre, les charges générales dexploitation ont augmenté de 8,1% en moyenne entre 2001 et 2004, passant de 48,9 à 61,7 MDH, impactés principalement par les coûts engendrés par le plan de restructuration et par le renouvellement des effectifs (les charges de personnel sélèvent à 31,4 MDH contre 18,8 MDH en 2002). Leur poids dans le PNB global se fixe à 58,1% en 2004, en hausse de 16,8 points comparativement à 2001, traduisant ainsi une baisse de la productivité. En outre, la contraction de la marge financière entre 2000 et 2004 entraîne le repli du taux de rendement opérationnel de Sofac Crédit de 1,4 point pour sétablir à 5,6% à la fin de lexercice 2004. Progression des créances en souffrance La circulaire n°19/G/2002 relative à la classification des créances en souffrance et à leur couverture par les provisions a été édictée par Bank Al Maghrib le 23 décembre 2002. Entrée en vigueur le 1er janvier 2003, la circulaire est devenue applicable à compter du 30 juin 2003, tandis que les sociétés de financement ont eu la possibilité détaler les provisions induites par ces nouvelles dispositions sur deux années au maximum, soit jusquau 31 décembre 2004. Tiré par le poids de lencours déclassé du crédit automobile (soit 95%), lencours des créances en souffrance de Sofac a progressé, au cours de la période étudiée, de 0,9%, avec un pic en 2003 à 717,6 MDH fixant le taux de contentieux à 38,7% contre 19,3% en 2000. En revanche, le taux dimpayés de crédits non affectés se contient à 7%. Il convient de préciser à ce stade que celui-ci émane quasi exclusivement des prêts octroyés aux clients non conventionnés et non employés de la fonction publique. Cest la raison pour laquelle Sofac tend à privilégier les fonctionnaires dans son portefeuille clients. Avec les efforts de provisionnement entrepris en 2004, le taux de couverture apparent de Sofac sélève au terme de cette même année à 91,2% contre 63,8% en 2000. Lassise financière de Sofac étant fragilisée par le tassement de lactivité et lamoncellement des impayés, la société de financement sest trouvée confrontée aux problèmes de refinancement. Le ratio de solvabilité sen est trouvé amenuisé à 7,4% au 30 juin 2003 contre 11,3% à fin 2000. Ce déclin a nécessité la recapitalisation de lentreprise en novembre 2003 de 150 MDH, induisant un renforcement de 54% des fonds propres de la société et par là même, une conformité aux règles prudentielles de Bank Al Maghrib. En effet, laugmentation de capital réalisée en 2003 sest matérialisée par le redressement de ce ratio à 8,2% au titre de lexercice 2003 et 12,2% en 2004. Une stratégie ambitieuse Le résultat net de Sofac retranscrit les difficultés rencontrées par la société de financement au cours de la période 2001-2003. En effet, en 2003, lentreprise a enfoncé son déficit à -75,7 MDH comparé à -9 MDH en 2001. Elle a ainsi accumulé des pertes de 118 MDH sur la période 2000-2003. Limplication plus active de la CDG en tant quactionnaire de référence et lavènement dune nouvelle équipe dirigeante avec de nouvelles orientations stratégiques a donné des résultats palpables en 2004. En effet, Sofac Crédit est en phase de négocier un virage décisif dans son processus de développement, mettant à profit les dérapages du passé. Initié par la CDG, le nouveau plan daction stratégique est ambitieux : des chantiers ont été ouverts tous azimuts et évoluent positivement, permettant à la société de se repositionner sur un marché secoué par des mutations réglementaires et par un renforcement de la concurrence. Les axes de développement reposent sur la refonte organisationnelle et informatique, la mise en place dune politique de gestion des risques, la restructuration des ressources de financement et la redéfinition de la stratégie commerciale. Perspectives 2005 & 2006 encourageantes Tirés par des progressions soutenues de lencours brut de Sofac Crédit, les PNB prévisionnels pour les exercices 2005 et 2006 sont estimés respectivement à 109,3 et 119,6 MDH, en hausse de 2,8% et de 9,5%. La progression estimée des frais généraux est de +0,9% en 2005. Compte tenu de la finalisation du plan de redressement, les charges générales dexploitation devraient sinscrire en quasi-stagnation à 62,2 MDH en 2006. De ce fait, le coefficient dexploitation devrait saméliorer à 57% en 2005 et à 52% en 2006. Le résultat brut dexploitation prévisionnel serait excédentaire pour les deux prochaines années de 47,0 MDH et de 57,4 MDH, marquant ainsi des augmentations de 1,1% en 2005 et de 22,2% au 31 décembre 2006. Compte tenu des efforts de provisionnement consentis au cours des deux derniers exercices et de la sélection dans loctroi des crédits, les dotations nettes aux provisions devraient se replier de 8,8% à 46,5 MDH en 2005 et de 12,0% à 40,9 MDH en 2006. Par conséquent, le résultat net prévisionnel 2005 est estimé à 22,7 MDH, en hausse de 223,7% par rapport à 2004. A fin 2006, il soctroierait 23,6% pour se fixer à 28,0 MDH. Il convient de noter, cependant, que ces prévisions ne tiennent pas compte dune éventuelle croissance externe que Sofac Crédit pourrait mener au terme de son plan de restructuration. Lévaluation du titre Sofac Crédit par les méthodes de valorisation «les comparables et les anglo-saxons» aboutit à une valorisation moyenne de 236 DH pour laction, soit une surcote de 10,6% rapportée au prix du 1er août 2005 de 261,05 DH. Compte tenu danticipations favorables sur les potentialités de développement de la filiale de la CDG, les analystes de BMCE Capital recommandent de conserver le titre dans les portefeuilles.