La confiance est comme une allumette, on ne la brûle qu'une fois : si cet adage devait s'appliquer à un seul domaine, celui des finances serait celui-là. L'agence de rating Maghreb Rating a brisé une confiance établie avec son client Sofac Crédit. L' Par un jeu de communiqués aussi bien préjudiciables que non professionnels, l'agence de notation financière Maghreb Rating (filiale d'Inter Arab Rating Company, elle-même membre du groupe Fitch Ibca, une référence en matière de notation financière de par le monde) vient d'ajouter son eau au moulin de l'inconfiance qui règne dans le secteur financier marocain. L'attitude de son nouveau représentant à Tunis est certainement lourde de conséquences. Revoir à la baisse une note attribuée à une société cliente fait partie du deal initial. Par contre, ne pas respecter le processus établi constitue une erreur professionnelle grave... préjudiciable à une notion pas encore établie dans le domaine de la finance marocaine : la notation financière. En effet, l'aller-retour d'informations financières entre la société sujette au rating et l'agence de notation est formalisé par un manuel de procédures établi entre les deux parties. De plus, la société doit impérativement donner son appréciation pour que, enfin, les indicateurs relatifs à l'activité soient validés comme préalables à toute notation. Or, il se trouve que dans le cas précis de Sofac Crédit, sans tenir compte de nouvelles données intrinsèques à la société, un jugement est tombé sans concertation aucune. Pis, signe manifeste d'erreurs de jeune premier, deux communiqués ont été adressés à la presse : le premier en date du 21 janvier 2002 prononçant la sentence de la dégradation de la note de BBB+ à BB+, le second en date du 6 février 2002 maintenant la même sentence alors que plusieurs fondamentaux ont été corrigés. Contacté par Finances News Hebdo, M. Ahmed Boufahim, DG de Sofac Crédit, n'a pas caché sa déception quant à la gestion de cette affaire. Le non-respect des procédures initiales reste le principal reproche fait à Maghreb Rating tout en révélant un malentendu survenu lors de la première prise de contact avec le nouveau directeur général de Maghreb Rating, M. Ikbel Bedoui. Ce dernier a même adressé un fax au management de Sofac où il fait part de ses regrets quant à l'aspect erroné de certains chiffres (... ). Sur le fond de l'affaire, M. Boufahim déplore une non-concertation préalable, pouvant, assurément, réorienter le sens des évènements. C'est comme si dans un match de football, on change la règle du jeu à la mi-temps, sans prendre le soin de vous avertir , mentionne non sans gêne le DG de Sofac. Cette attitude renseigne sur le degré de consternation de ce même patron alors qu'il y a un an, lors d'une intervention à la CDG portant sur la nécessité du rating, il avait loué les vertus de transparence et d'appréciation du risque lors des sorties sur le marché financier. Le témoignage du DG de l'un des trois établissements marocains ayant eu recours à la notation financière (Eqdom, Sofac crédit et BMCI) s'est vu opposer une fin de non-recevoir de la part d'un autre patron d'une société de crédit à la consommation qui, tout en étant cotée à la Bourse de Casablanca, avait réaffirmé publiquement son refus de la notion de rating : Ç Je préfère rester sous l'emprise de mon banquier que d'ouvrir mes comptes à de jeunes prétentieux qui viendraient faire la loi chez moi È, avait-il déclaré ouvertement... Malheureusement, l'attitude de Maghreb Rating est venue le conforter dans son refus de faire profiter sa société d'une ouverture exceptionnelle sur l'univers financier. Le facteur indispensable à toute activité, Ç la confiance È, n'a pas été respecté. En attendant le dénouement de l'affaire Sofac, l'avis du conseiller placeur lors des opérations sur le marché renseigne sur le risque encouru. Pas d'émission à l'horizon Pour M. Omar Lahlou, associé-gérant d'Atlas Capital, le conseiller d'Eqdom dans son programme d'émission d'obligations d'un montant global de 1,2 Milliard de DH ainsi que l'émission de BSF Sofac, aucune émission n'est possible alors que la mise à jour du rating est en cours : Ç Le rating est fondamental. Il est inconcevable qu'il y ait émission sans qu'il n'y ait de rating. Il faut impérativement que les entreprises Eqdom et Sofac poursuivent leur notation È, affirme M. Lahlou tout en précisant qu'il faut attendre le dénouement de ces affaires. La conviction du conseiller est forte quant aux vertus du rating. Celui-ci donne une image fidèle de l'entreprise. Par suite, le conseiller s'en sert comme outil afin de mieux placer son papier...Vu la tournure des choses, même Madame Soleil aurait bien du mal à présager un avenir radieux à la notion de rating au Maroc. L'avenir nous le dira ! Bensalem F. Encadré 2 Tunis le 6 février 2002 : Maghreb Rating, affilée à l'agence internationale de notation FITCH, a révisé en date du 17 janvier 2002 les notes attribuées, sur son échelle nationale marocaine, à la société SOFAC et les a dégradées de (BBB+) à (BB+) pour la note long terme et de (F2) à (B) pour la note court terme. La décision de Maghreb Rating se fonde sur la détérioration de la qualité des actifs de SOFAC, son insuffisante capitalisation, ainsi que sa liquidité tendue et la baisse de sa rentabilité.... ...A la forte progression des créances douteuses enregistrée en 1999, SOFAC a réagi par une décélération de son rythme de production et des efforts de recouvrement. Ces efforts sont néanmoins restés insuffisants et SOFAC a continué d'afficher à fin 2000 un portefeuille d'actifs de faible qualité. En dépit des substantielles dotations aux provisions consenties par SOFAC, Maghreb Rating estime que la couverture des risques reste insuffisante, et ce compte tenu de la faible consistance des garanties détenues par SOFAC dans le contexte marocain. En outre, avec un ratio de solvabilité de 10% qui laisse peu de marge de croissance à SOFAC et des fonds propres qui ne couvrent pas ses créances douteuses nettes de provisions, le niveau de capitalisation de SOFAC est faible et devrait du point de vue de Maghreb Rating être renforcé. Jusqu'à fin novembre 2001, SOFAC comptait deux actionnaires de référence détenant chacun 37% de son capital : la CDG et BMCE Bank. Cette absence de clair leadership au sein de l'actionnariat de SOFAC et les antagonismes stratégiques de ces deux actionnaires rendait, du point de vue de Maghreb Rating, le soutien des actionnaires de SOFAC plus difficile à mettre en oeuvre en cas de nécessité et a probablement retardé la nécessaire recapitalisation de SOFAC. Avec la prise de contrôle récente de SOFAC par la CDG (57%) du capital), ce problème de leadership est aujourd'hui dépassé et SOFAC devrait pouvoir compter sur le soutien d'un actionnaire de premier plan, en mesure de résoudre à court terme le problème de son insuffisante capitalisation. Encadré 1 Tunis, le 21 janvier 2002 : Maghreb Rating, affiliée à l'agence internationale de notation FITCH, a révisé en date du 17 janvier 2002 les notes attribuées, sur son échelle nationale marocaine, à la société SOFAC et les a dégradées de (BBB+) à (BB+) pour la note long terme et de (F2) à (B) pour la note court terme. La décision de Maghreb Rating se fonde sur les sérieuses difficultés que traverse SOFAC à l'instar de l'ensemble du secteur marocain du crédit à la consommation, ainsi que sur l'absence de clair leadership au sein de son actionnariat depuis la fin de l'année 2000... ...A la forte progression des créances douteuses enregistrée en 1999, SOFAC a réagi par une décélération de son rythme de production et des efforts accrus de recouvrement. Ces efforts sont néanmoins restés insuffisants et SOFAC a continué d'afficher à fin 2000 un portefeuille d'actifs de faible qualité. En dépit des substantielles dotations aux provisions consenties par SOFAC, Maghreb Rating estime que la couverture des risques reste insuffisante, et ce compte tenu de la faible consistance des garanties détenues par SOFAC dans le contexte marocain... ...Le groupe BMCE Bank par sa filiale INTERFINA, ayant renforcé le niveau de sa participation, SOFAC s'est ainsi retrouvée avec deux actionnaires de référence détenant chacun 37% de son capital : la CDG et BMCE Bank. Cette absence de clair leadership au sein de l'actionnariat se traduit du point de vue de Maghreb Rating par un soutien des actionnaires de SOFAC qui pourrait se révéler plus difficile à mettre en oeuvre en cas de nécessité. D'ores et déjà, cette situation retarde la nécessaire recapitalisation de SOFAC. Commentaire D'un communiqué à l'autre, les chiffres et les commentaires valsent !