* Le programme Moukawalati offre aux jeunes marocains porteurs de projets lopportunité vers lentrepreneuriat. * Yassine Barkech, DG Associé, et Soufiane Boumahrou, Directeur administratif associé de 2B Food, entreprise de restauration collective et commerciale, témoignent. - Finances News Hebdo : Pour vous qui êtes jeunes promoteurs ayant bénéficié du programme Moukawalati, quels sont les points forts et points faibles de cette initiative ? - Yassine Barkech & Soufiane Boumahrou : En tant que jeunes promoteurs, le programme nous a ouvert une grande porte sur lentrepreneuriat, mais lidée dêtre son propre patron nincite toujours pas les Marocains (chômeurs ou non) à créer leur propre entreprise. C'est plutôt l'esprit salarial qui prime. Il est vrai que le programme Moukawalati joue un rôle fondamental dans la sensibilisation à l'esprit d'entreprise et rend son choix plutôt attrayant. Toutefois, lentrepreneuriat est une activité difficile et bon nombre de créations d'entreprises se soldent par un échec. Pourquoi ? Parfois par manque de talents ou de volonté pour pouvoir réaliser ses ambitions avec succès. Et cest là où lon pose des points dinterrogation sur le rôle que devrait jouer le système d'enseignement. Comment voulez-vous quune institution puisse former de bons entrepreneurs quand elle ne forme pas de bons salariés ? - F.N.H. : Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés avant et après la création ? - Y.B. et B. S. : En fait, les obstacles principaux sont la lourdeur du système et le blocage aux différents niveaux du programme. Il sagit, en fait, de linsuffisance dencadrement des porteurs de projets par les guichets dans la phase financement, la carence en terme de communication autour du programme des agences bancaires locales, ainsi que le déficit de maîtrise des procédures de déblocage des fonds par les agences bancaires. A cela sajoutent le déblocage de lavance dans les mêmes conditions que le prêt bancaire et la difficulté daccès aux locaux et du nantissement du fonds de commerce, particulièrement en cas de location. Du coup, le programme Moukawalati na enregistré que peu de créations dentreprises. Cette situation a eu un impact négatif sur son image et sa crédibilité, ce qui a entraîné une altération de la confiance des candidats, poussant certains à retarder le dépôt de leurs dossiers au niveau des banques, et dautres à labandon. - F.N.H. : Avez-vous profité du projet de soutien à lentreprise dans le cadre de lappui post-création des entreprises du réseau Moukawalati ? - Y.B. et B. S. : Pas vraiment. Nous avons eu un suivi pendant la création, mais dès que nous avons eu le déblocage du crédit, personne nest venu contrôler nos investissements. - F.N.H. : Au cours des deux premières années post-création, avez-vous eu un suivi de la part de la banque ou du guichet ? - Y.B. et B. S. : Pour dire la vérité, nous avons perçu un réel changement au niveau des agences bancaires. Dans notre cas, la Banque Populaire sest véritablement investie dans ce programme, mais cela reste marginal pour les PME. Par contre, il faut savoir que jamais un représentant de lEtat ne nous a contactés pour sassurer de lavancement du projet, alors que cest justement lEtat qui se porte garant devant les banques. - F.N.H. : Aujourd'hui, considérez-vous avoir réussi votre challenge ? - Y.B. et B. S. : Oui, on peut parler dune «success story», car 2BFood, il y a 2 ans, était juste un rêve. Aujourdhui, nous sommes plus de 15 personnes dans lentreprise et avons un large portefeuille de clients, tels que Renault, TMSA, Medi1 SAT Ce qui nous a permis daccélérer notre plan dinvestissement.