Le CIH est en train de négocier lacquisition, auprès de la Caisse de Dépôt et de Gestion, de ses participations détenues dans Maroc Leasing et Sofac. Il va ainsi récupérer les 29,69 et 46% détenus par la CDG respectivement dans ces deux sociétés. En contrepartie, le CIH va lui céder 7 actifs hôteliers et procédera à une augmentation de capital pouvant atteindre 1 milliard de dirhams, ouverte à lensemble des actionnaires. Voilà pour linfo qui a valu, la semaine dernière, à ces trois titres dêtre suspendus de la côte. Cest ce quon peut qualifier d«affaire de famille»; du «nous dans nous», en quelque sorte. De petits arrangements financiers entre deux managers qui veulent positionner autrement les établissements publics quils dirigent. Pour dire que le patron de la CDG, Anas Alami, ne sest pas trop pris la tête pour trouver un acquéreur. Il a vu en son «pote», Ahmed Rahhou, président du CIH, lacheteur idéal. Deux hommes du public (au sens qui vous convient) pour conclure une affaire purement étatique. De cet échange de bons procédés entre institutions publiques, personne naura, en conséquence, rien à redire. Sauf peut-être nous. Mais, sous un autre aspect. Car le temps a intercédé en notre faveur. En effet, lannonce de cette opération nous a rappelé au bon souvenir de cet article que nous avions publié mi-février dernier, faisant notamment état de la volonté du bras financier de lEtat de céder entièrement ses participations financières pour se concentrer exclusivement sur limmobilier, le tourisme et la gestion des retraites. Le management sen était alors offusqué, surtout que nous avions déploré la méthode de communication utilisée à lépoque (cf www.financesnews.ma). Aujourdhui, cette nouvelle (double) opération confirme nos propos. Anas Alami exécute parfaitement bien sa partition, après les toutes premières notes jouées mi-juin dernier, lorsquil a été annoncé que sa filiale Fipar International avait cédé au conglomérat privé chinois Fosun 1.211.519 obligations remboursables en actions nouvelles ou existantes (ORANEs) Club Méditerranée, représentant environ 4% du capital de la société. Cette transaction de 15 millions deuros na cependant aucun impact sur les 9,9% que la Caisse détient en actions (au 11 juin 2010) dans le capital de Club Med, étant donné que ces ORANEs navaient pas été converties en actions. Une participation (acquise 44,9 euros laction) dont la CDG se débarrassera volontiers lorsque les conditions du marché le permettront. Pour cela, il va falloir encore attendre, dautant que, vendredi dernier, la valeur Club Med gagnait 9%, pour clôturer à 16 euros. Bien loin des 49 euros. En attendant donc de pouvoir sortir la tête haute du capital de Club Med, la CDG liquide ses participations financières locales. Et après Maroc Leasing et Sofac, suivront certainement dautres. Sil nest pas question, pour linstant, de sortir du CIH où elle détient, au 30 juin 2010, 67,88% du capital à travers Massira Capital Management (où elle est majoritaire aux côtés du Groupe français Caisse dEpargne), lon peut, en effet, croire que ses autres participations financières feront les frais de cette stratégie de désengagement. Pour rappel, la CDG est présente, directement ou encore à travers Fipar Holding, dans le tour de table de plusieurs sociétés cotées, même si le pourcentage du capital détenu est parfois relativement faible. Ainsi, selon le site de la Bourse de Casablanca, au 30 juin 2010, elle détient 39,82% dAtlanta, 2,43% dAttijariwafa bank et 9,40% de BMCE Bank. Tout autant, elle est présente dans le capital dEqdom à hauteur de 9,35% (au 30 juin 2009) et de la BCP (3,57% au 28 octobre 2009). Il reste maintenant à savoir qui sera la prochaine sur la liste. Et, sur un autre registre, lon se demande si le Groupe Caisse dépargne acceptera de suivre cette nouvelle augmentation de capital. Affaire à suivre donc. Ahmed Rahhou, petit cachottier Quand on négocie un deal dimportance, qui a des répercussions stratégiques conséquentes, on nen parle pas tant que laffaire nest pas conclue. Surtout lorsque lon est une société cotée. A ce niveau, Ahmed Rahhou a bien manuvré, pour ne pas dire quil a été un brin cachottier. Ou cest peut-être parce que nous navons pas flairé le coup. En effet, mi-juillet dernier, dans lentretien quil avait accordé à Finances News, il en a fait allusion, dune manière subtile. Parlant de la stratégie commerciale du CIH, il avait ainsi laissé entendre que «dici la fin de lannée, loffre CIH destinée aux particuliers et aux professionnels naura rien à envier à toutes les offres de la place en terme de produits. Nous avons travaillé, entre autres, sur les produits dassurance, les OPCVM, les cartes bancaires et les produits de crédit à la consommation, avec notamment la signature dune convention avec Sofac pour vendre des crédits-maison et des crédits adossés à une maison de crédit. Nous sommes également en passe de signer une convention avec Maroc Leasing». En réalité, il semble bien quil négociait plutôt la reprise des participations de la CDG dans ces deux sociétés. Un bon deal qui, en tout cas, permettra au CIH de proposer «une offre riche et diversifiée» et de consolider sa position au sein du microcosme bancaire.