Acteur incontournable du marché financier marocain, la Caisse de dépôt et de gestion vient de rencontrer la presse pour l'annonce de ses résultats annuels. Le plus grand groupe financier du royaume se porte comme un charme. Bien qu'elle ne soit pas cotée, la CDG intéresse les investisseurs à plus d'un titre. Son envergure qui s'étend sur les secteurs d'activité les plus représentatifs de l'économie nationale fait d'elle une société miroir de la santé économique du Maroc. Par ailleurs, la CDG en tant qu'investisseur de référence au niveau de la Bourse, est suivie de près par les entreprises cotées, mais également les autres investisseurs. Les uns et les autres peuvent se réjouir du bon comportement de ce mastodonte aux mille et une tentacules. Les résultats de la CDG s'apprécient, comme l'a rappelé Mustapha Bakkouri, son directeur général, suivant deux angles: la performance, mais également l'utilité publique. Concernant la performance, le résultat net consolidé de la CDG est de 6,2 milliards de dirhams, soit le deuxième plus gros bénéfice après celui du Groupe Maroc Télécom. Ce résultat a été possible en bonne partie grâce au marché action de la bourse des valeurs de Casablanca. En effet, le groupe CDG a poursuivi le changement de la structure de son bilan. Dans une stratégie à long terme, le groupe CDG privilégie de plus en plus les participations et les titres de placements au détriment du portefeuille obligations. Ce résultat provient en bonne partie des plus-values de cessions d'actions et des dividendes perçus. Portefeuille obligataire Le total bilan de la CDG s'améliore de 8% à 59 milliards de dirhams au 31 décembre 2007, contre 54,7 milliards en 2006. Concernant les ressources, ce sont les dépôts réglementés qui enregistrent la plus importante progression. Ils atteignent presque 39 milliards de dirhams contre 37,7 milliards un an plutôt, progressant de 3,3%. En revanche, les dépôts des caisses de retraites CNRA/RCAR sont en net recul, cédant 24% pour se situer à 979 millions de dirhams contre 1,3 milliard de dirhams en 2006. Il en est de même des autres dépôts qui ne sont plus que de 628 millions contre près de 2 milliards en 2006. Mais le changement le plus important est intervenu du côté des emplois. En effet, la CDG a fait passer son portefeuille obligataire de 30,5 à 27,5 milliards de dirhams soit près de 10%. En contrepartie, le portefeuille de filiales et participations s'apprécie de façon conséquente pour s'établir à 15 milliards de dirhams, contre 11,1 milliards en 2006. Il en est de même des placements réalisés par le groupe qui atteignent désormais 3,45 milliards, alors qu'ils n'étaient que de 1,48 milliard de dirhams. En somme, la part «actions» dans les emplois a largement pris le dessus sur la part des placements à taux, générateurs de marges d'intérêts. Avec cette nouvelle structurelle bilancielle, il ne fallait pas s'attendre à un produit net bancaire en forte amélioration. C'est ce qui explique qu'en 2007, le PNB a reculé de 3% pour s'étendre à 2,9 milliards de dirhams. Il faut, cependant, distinguer entre les activités bancaires de la CDG et celle du CIH. Même si le périmètre de consolidation du CIH ne cesse d'évoluer, il y a lieu de signaler que ce dernier a connu une excellente année 2007, contribuant pour 1,38 milliard de dirhams dans le PNB consolidé, contre 1,15 en 2006. Croissance du résultat non bancaire L'impact sur le résultat net n'en est pas moindre, puisque le CIH a dégagé un résultat net de plus 1,4 milliard de dirhams, après avoir récupéré une bonne partie de ses créances en souffrance. En revanche, le résultat d'exploitation non bancaire qui n'était que de 187 millions de dirhams en 2006 est désormais de 3,5 milliards. Selon Mustafa Bakkouri, cette croissance du résultat non bancaire s'explique par la cession d'actifs, avec notamment la cession d'une partie du capital de la Sofac, finalisée en juillet 2007. Il faut aussi rappeler que l'activité de prévoyance se porte comme un charme, en particulier pour le Régime collectif d'allocations et de retraites (RCAR) des agents publics. En effet, malgré la baisse du taux de rendement comptable passant de 9,18% à 7,85%, le RCAR affiche un excédent net de 2,36 milliards de dirhams. Pour ce qui est des participations dans l'assurance, Atlanta dégage un résultat de 534 millions de dirhams, en amélioration de 57%, dépassant de loin les prévisions affichées au moment de l'introduction en bourse en octobre 2007. De même, la Société Centrale de Réassurance (SCR) qui a acquis 20% de la Sénégalaise de Réassurance (Sen-Ré) en 2007, dégage aussi un bénéfice net de 273 millions de dirhams, en hausse de 46%. De même, les nombreux fonds d'investissements gérés par les sociétés du Groupe, en l'occurrence la Fipar Holding, ACASA, Miriad Gestion ou encore SF-CDG, dégage des résultats plus que satisfaisants. Enfin, concernant le développement du territoire, la Caisse a consolidé le pôle Développement du Territoire à travers la CDG-Développement, à travers ses principales entités que sont MEDZ, qui regroupe des activités d'incubation, de conception et d'aménagement, la CGI qui s'occupe de l'immobilier, ou encore d'Exprom dont le rôle s'étend en particulier aux services publics. Les autres activités telles que la filière bois, les grands projets et ceux de SEM Holding également se retrouvent dans ce pôle développement du territoire. On ne compte plus les projets inaugurés ou lancés en 2007 tels le pôle urbain Al Massira de Fnideq, le complexe urbain d'El Jadida, le parc industriel de Jorf Lasfar le projet de l'hôtel Rif de Nador ou encore le projet Oued Fez. Dans les technologies, il faut noter le démarrage de Nemotek et de Mascir, qui sont le fruit de partenariats. La rentabilité de ce pôle est bien entendu assurée, puisque CDG développement dégage un chiffre d'affaire de 3,16 milliards de dirhams et un résultat d'exploitation de 771 millions de dirhams. La plus-value réalisée sur la cession de 8% de la CGI, lui permet de dégager un résultat net de 1,32 milliard de dirhams. Au final, il s'en dégage un résultat net part du groupe (RNPG) de 5,57 milliards de dirhams. La bonne nouvelle c'est que ce choix stratégique devrait se poursuivre, selon Mustapha Bakkouri.