* L'un des objectifs de l'aide directe conditionnée aux démunis est de rompre le cycle intergénérationnel de la pauvreté. * Le financement de ce grand chantier, qu'est l'aide directe conditionnée, passe par la réduction de certaines dépenses de la Caisse de compensation. * Nizar Baraka, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires économiques et générales, estime que la Caisse ne peut plus dépasser le plafond de 3 % du PIB. - Finances News Hebdo : Comment comptez-vous financer l'aide directe conditionnée aux populations les plus démunies ? - Nizar Baraka : Dans le cadre du financement de l'aide directe, il s'agit en fait de réallouer les ressources qui existent déjà au niveau de la Caisse de compensation en faveur des populations les plus démunies au travers du transfert monétaire direct conditionné. Ce financement se fait d'abord par l'optimisation du système, ce que nous avons déjà commencé à faire en réduisant certaines dépenses qui étaient, je dirais, du gras dans le cadre des structures de prix, mais aussi de certaines filières où il y avait une partie d'économie de rente qu'il fallait réduire. C'est dans cette optique que nous nous inscrivons pour pouvoir orienter et réorienter une partie des dépenses de la compensation vers les plus démunis. La deuxième voie de financement de cette aide porte essentiellement sur une thématique importante : celle de fixer un plafond; c'est-à-dire que l'on considère que les dépenses de la Caisse de compensation ne doivent en aucune façon dépasser le niveau de déficit permis et soutenable pour notre pays. C'est pourquoi nous avons fixé ce plafond à 3 % du PIB. Ce qui revient à dire que toute dépense supplémentaire sera répercutée, d'une manière ou d'une autre, sur les opérateurs économiques concernés ou le citoyen, si besoin est. Voici un peu le mode opératoire sur lequel nous nous sommes fixés pour financer cette aide directe et rompre ainsi le cycle intergénérationnel de la pauvreté. - F. N. H. : Vous avez évoqué la solidarité entre l'urbain et le rural pour atténuer la pauvereté. Comment comptez-vous procéder ? - N. B. : Il y a des réalités assez inquiétantes. Le constat que l'on fait aujourd'hui est que lorsqu'un citoyen achète une bombonne de gaz en milieu urbain, il la paye moins cher que le citoyen rural, alors que ce dernier a moins de moyens. Donc, l'idée est d'arriver à des prix qui soient comparables, arriver à une sorte de prix d'équilibre entre l'urbain et le rural. - F. N. H. : Concernant l'arbitrage entre le consommateur et l'industriel, ne pensez-vous pas que cette mesure risque de grever la compétitivité des industriels qui se plaignent déjà ? - N. B. : Aujourd'hui, il faut se rendre à l'évidence : on est pour le maintien de la compétitivité des entreprises, mais il faut qu'on se mette d'accord sur un niveau de subvention déterminé. On ne peut continuer à se retrouver dans des situations comme actuellement, avec plus de 50 % du prix du fioul qui sont pris en charge par l'Etat. Et l'ONE en est à plus de 90 % du prix du fioul pris en charge par l'Etat. Il faut qu'avec les industriels on se mette d'accord sur un niveau qui leur permettrait de maintenir leur compétitivité sans pour autant grever le budget de l'Etat. - F. N. H. : L'Aide directe à l'éducation a été versée parfois à des hommes, parfois à des femmes pour déterminer qui en fera le meilleur usage. Peut-on avoir une idée sur le résultat de cette approche ? Qui gère mieux ? - N. B. : Je n'ai pas encore obtenu les résultats de cette approche, mais vous les obtiendrez très prochainement. En effet, le ministère de l'Education a mis en place un système d'information et les résultats seront connus très prochainement.