La mayonnaise prend pour les systèmes d'aide directe Il y a quelques semaines, le ministre des Affaires économiques et générales, Nizar Baraka, nous annonçait en exclusivité son plan pour réformer la Caisse de compensation et son modèle pour structurer les aides directes. Hier, 30 juin, à l'occasion d'un colloque dédié à la réforme du système de compensation organisé par le ministère et la revue Remald, Baraka a détaillé davantage les principes de la réforme et du ciblage. A commencer par le plafonnement du budget de la compensation. Le ministre reconduit le chiffre déjà annoncé de 3% du PIB. Mais dans sa présentation officielle, il se limite à indiquer que le budget ne dépassera pas un niveau prédéfini, sans évoquer expressément ce plafond. Visiblement, cette déclaration officielle ouvre la porte à plus de flexibilité lors des années difficiles, bien que le consensus gouvernemental reste regroupé autour du chiffre de 3% du PIB. Cette flexibilité serait une option à retenir pour cette année. D'autant que Baraka a parlé lui-même de pressions importantes sur les cours internationaux des matières premières. Ce qui risque de contraindre l'Etat à aller au-delà du budget de compensation fixé dans la loi de finances 2010 pour garantir la stabilité des prix. «Nous suivons de près l'évolution de la situation à l'international et nous ferons tout notre possible pour respecter le seuil des 3% du PIB», assure le ministre. Serait-il question de répercuter la hausse sur les prix des produits subventionnés ? Durant sa présentation et ses discussions en aparté, Baraka n'a pas écarté cette éventualité. Mais l'option de l'appliquer cette année n'a en aucun cas été évoquée. La grande nouveauté par rapport au volet plafonnement concerne la répartition théorique du budget de compensation. Jusqu'à maintenant, les fonds acheminés vers les aides directes sont ceux qui sont économisés sur le budget initial de compensation. Dans la présentation d'hier, Baraka a clairement parlé d'une répartition plus structurelle de ce budget. Il est en effet question, selon lui, de consacrer les deux tiers du budget à la mission historique de la Caisse de compensation à savoir la stabilisation des prix des produits subventionnés. Le tiers restant ira aux aides directes. Cette répartition est certainement destinée à consacrer une enveloppe stable à ces aides, au lieu de rester dépendante des économies réalisées sur le budget alloué à la stabilité des prix. D'autant plus que la mayonnaise commence à prendre au niveau des deux mécanismes d'aides directes. Au niveau du plan Tissir dédié aux aides conditionnées par la scolarité, Baraka livre les premiers résultats des tests. En effet, le montant moyen de l'aide est, selon le ministre, de 150 DH par mois. «Pour un citoyen urbain, ce montant peut ne rien représenter. Mais pour les populations rurales, un revenu stable de 150 DH est un facteur très important», indique-t-il. Pour illustrer ces propos, le ministre met en avant les premiers chiffres de Tissir. Selon lui, ce programme a permis d'augmenter le nombre d'inscriptions à la première année du primaire de 25,8% et le nombre global d'élèves de 10%. Baraka assure aussi que l'aide directe a permis de baisser le niveau d'absence de 58% et de déperdition scolaire de 71%. «Certains parents n'ont pas souhaité que leurs enfants réussissent la sixième année du primaire pour continuer à bénéficier de l'aide. Aussi, des mères nous ont-elles demandé d'étendre l'aide à l'enseignement secondaire préparatoire car c'est durant cette période que les dépenses liées à l'éducation deviennent plus importantes», explique Baraka. Pour ce qui est de l'aide pour la santé, Baraka parle d'une généralisation des vaccins pour le rotavirus et les pneumocoques dans le cadre du programme national de vaccination, dont bénéficie 98% des enfants en bas âge. Il a aussi évoqué l'octroi d'aides directes pour les familles rurales qui assurent le suivi médical de leurs enfants. «Le dispositif nécessaire pour généraliser ces deux mécanismes sera prévu dans la loi de finances 2011», réaffirme Baraka.