* Au menu, démarrage de la campagne agricole et approvisionnement adéquat des marchés. * La nomination de Akhenouch à la tête du département de tutelle crée un grand espoir chez les professionnels. Le secteur agricole traverse une période très difficile. La saison a été marquée par une sécheresse très accentuée qui a impacté les récoltes. Les résultats de la campagne figurent parmi les plus médiocres de ces dix dernières années. Le chômage a monté sensiblement dans le milieu rural. La situation a entraîné une pénurie des denrées alimentaires et leur flambée sur le marché local. Les importations nont pas arrangé les choses. Car elles ont été mal programmées et les baisses douanières nécessaires pour les activer nont été décidées que tardivement ; le marché mondial a flambé et les cours ont connu des records jamais égalés. Larrivée de Akhenouch à la tête du département de lAgriculture a été saluée par tous les professionnels quon a contactés. «Lhomme a réussi brillamment en tant quhomme daffaires, il a réussi dans lassociatif comme il mène avec satisfaction sa mission de Président de la région de Souss-Massa ; pourquoi ne devrait-il pas réussir en tant que ministre de lAgriculture ?», sinterroge-t-on auprès des opérateurs du secteur. En effet, Akhenouch possède toutes les qualités intrinsèques pour réussir une mission, certes difficile, mais réalisable dans la mesure où il y a une volonté affichée pour arranger les choses. Le nouveau ministre devrait passer incessamment à laction et régler des problèmes en urgence et, par la suite, traiter les problèmes de fond. La préparation de la campagne agricole reste le point le plus crucial à mettre en uvre. Il est question dassurer un approvisionnement adéquat en matière dintrants en quantité suffisante à des prix abordables. Le marché offre en moyenne entre 800.000 et 1 million de quintaux alors que, selon des sources dignes de foi, «le stock disponible ne dépasse pas les 400.000 qx». Cette situation se répercute même sur les semences ordinaires dont les prix vont flamber par rapport à la normale. Loption de limportation est à écarter car les semences étrangères ne sont pas adaptées au sol marocain. Lautre problématique à résoudre en urgence est lapprovisionnement du marché en aliments de bétail dont les prix ont atteint des records. Lopération de distribution de lorge subventionné est critiquée sur tous les plans. «Cest de lorge de mauvaise qualité et le quota attribué à chaque éleveur ne dépasse pas les deux quintaux. Faut-il, dans ces conditions, maintenir les troupeaux ou sen débarrasser à tout prix ?», sinterroge amèrement un exploitant de la région de Benslimane. Benbarek Fenniri, Président de lAssociation ovine et caprine (ANOC) est du même avis : «le bétail est impacté par les caprices du climat. Les parcours naturels sont très appauvris et ne peuvent assurer le maintien des bêtes. Si la pluie nest pas au rendez-vous dans les jours qui viennent, ça va être la catastrophe. La trésorerie des exploitants est très usée et ils ne peuvent supporter de nouvelles charges». Le marché de laliment du bétail connaît une flambée sans précédent. Les prix ont presque doublé par rapport à la saison précédente et laliment composé connaît le même sort. «La hausse des matières premières au niveau mondial, surtout les prix du maïs et du soja, ont eu des effets sur nos prix de revient», a expliqué Mohamed Mohmal, Directeur de Alf Sahel. «La majeure partie des intrants de notre industrie est assurée par létranger et les baisses des droits de douane nétaient pas intervenues au moment opportun», a-t-il expliqué. Lautre problème à résoudre en urgence par le nouveau ministre : faire face à la pénurie de lait qui coïncide avec la période de la basse lactation. Déjà cette pénurie commence à se faire sentir dans les marchés. Les principaux producteurs de lait à savoir La Centrale laitière et Copag ont décrété des mesures exceptionnelles en faveur des éleveurs pour les assister techniquement et matériellement en distribuant de laliment de bétail, notamment du son ou du maïs de lensilage. Le lait en poudre a, pour sa part, connu lui aussi un renchérissement au niveau du marché mondial. Le secteur a plus que jamais besoin de visibilité pour le moyen et le long termes. La feuille de route, signée entre le Département de tutelle et les représentants du secteur, notamment la Comader, doit être appliquée. «Il y a des textes qui ont été établis et qui tardent à entrer en vigueur et lEtat ne peut pas assurer une mise à niveau dun secteur si on ne respecte pas les engagements», indique-t-on auprès de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA). Avec la nomination de Akhenouch à la tête du département de lAgriculture, les professionnels toutes filières confondues, ont exprimé un grand espoir. Ils souhaiteraient que le nouveau gouvernement crée un plan Emergence pour le secteur avec des contrats-programmes par secteur et par région. Car chaque région a ses propres spécificités et aussi ses propres potentialités aussi bien humaines que naturelles. La réforme du secteur ne peut réussir sans la réforme de lAdministration de tutelle dont les méthodes de gestion et de prévisions se sont avérées inefficaces, voire défaillantes et contreproductives.