* Les revendeurs de matériels agricoles enregistrent des commandes supérieures à la normale. * Le Crédit Agricole compte accompagner cet engouement en proposant des formules de financement très compétitives. * Malgré les subventions accordées par lEtat et les conditions de crédit avantageuses, la mécanisation du secteur au Maroc est très faible. Leffet de la pluie ne sest pas fait attendre sur le moral des agriculteurs. La campagne agricole a démarré plus tôt que prévu. En prévision des travaux de la terre, lapprovisionnement en intrants saccentue. Les exploitants profitent des dernières éclaircies pour commencer lemblavement des sols. Le cumul pluviométrique est exceptionnel et il concerne toutes les parties du territoire national. Selon les régions, lexcédent est 2 à cinq fois supérieur par rapport à la moyenne des trente dernières années. «Les prémices dune bonne saison sont là et se confirment. Si les conditions climatiques restent favorables pour le reste de la saison, il faut sattendre à une année record», a expliqué Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de lagriculture (Comader). Il a souligné que «la pluie donnait beaucoup despoir et de confiance aux agriculteurs qui nhésitent pas à investir au maximum pour tirer profit de la saison». En effet, les années humides sont généralement accompagnées dun vaste mouvement de mobilisation de fonds, que ce soit pour lexploitation ou pour linvestissement. Tarik Sijilmassi, président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc (CAM), a affirmé dans un récent point de presse quil fallait tirer profit au maximum de cette année exceptionnelle afin de réussir une bonne saison». A cet égard, le CAM a mobilisé 2 milliards de DH pour accompagner le secteur durant les cinq années à venir. Le même climat doptimisme se retrouve chez les revendeurs de matériels agricoles. «Nous avons enregistré une commande supérieure à la normale. Généralement, on enregistre un surplus de commandes après une bonne année agricole. La saison qui sachève était moyenne. Mais les exploitants étaient fortement encouragés par les pluies exceptionnelles en ce début de saison», a indiqué Noureddine Benkhatem, responsable des ventes chez Comicom, société concessionnaire de la célèbre marque de tracteurs agricoles Massey Fergusson. Il a souligné que «les agriculteurs commencent à accorder beaucoup dintérêt à la mécanisation laquelle a un grand effet sur le rendement». Le même constat est affiché chez Socopim, société de commercialisation de plusieurs marques agricoles dont notamment John Deere. «Lannée a été marquée par une forte croissance des ventes. Mais les pluies doctobre ont boosté davantage la demande des clients. Il y a des clients très attachés à lévolution du climat et qui ninvestissent que dans des années humides», a précisé Youssef Kallal, chef de vente à Socopim. Il a indiqué que «le mode de financement diffère selon les clients, certains préfèrent le paiement au comptant alors que dautres optent pour un prêt bancaire classique ou via le Crédit Agricole». Le marché du matériel agricole au Maroc est appelé à connaître un essor remarquable vu le faible taux de mécanisation. LOrganisation mondiale de lagriculture et de lAlimentation (FAO) recommande au moins un tracteur pour 100 ha. Le pays ne dispose que dun parc de moins de 55.000 tracteurs pour une superficie agricole utile de près de 8 millions dhectares. Ce parc est composé essentiellement de matériel doccasion ou vétuste qui a un impact néfaste sur le rendement. «Le plan Maroc Vert a accordé beaucoup dimportance à la mécanisation. Outre la subvention qui peut atteindre jusquà 60% du matériel, lEtat accorde également des facilités de financement très avantageuses, avec des taux dintérêt compétitifs et des années de grâce», a indiqué Ouayach. En effet, pour un tracteur agricole dune valeur de 150.000 DH, lEtat donne une subvention de 60.000 DH. Linstruction des dossiers qui prenait beaucoup de temps, avec une moyenne de dix mois, a été réduite à deux mois seulement. La pluie a eu aussi des effets favorables sur la baisse des prix des aliments de bétail. «Par rapport à lannée dernière qui a connu une flambée record des prix, les éleveurs ont cette année de bonnes conditions dexploitation», a souligné Benbarek El Fenniri, président de lAssociation ovine et caprine (ANOC). «Les premières semaines des préparatifs pour lAïd El Adha ont été difficiles mais la pluie a beaucoup arrangé les choses en portant un coup dur aux spéculateurs. Les parcours naturels font réduire la pression sur la demande en aliments de bétail et garantissent une bonne santé du cheptel», a -t-il indiqué. Au niveau des intrants, la demande bat son plein. Les ventes dengrais et dautres fertilisants pourraient largement dépasser le million de tonnes écoulées en moyenne par an. Le circuit de distribution est renforcé. La Sonacos, société nationale spécialisée dans les semences sélectionnées, a dédié son réseau à la distribution des engrais. LOffice chérifien des phosphates et les autres sociétés de distribution de fertilisants, comme Charaf Corporation et Fertima, ont fait des efforts pour que les prix restent accessibles. En effet, le marché des engrais au Maroc ne dépasse pas le million de tonnes par an alors que les besoins sont estimés à 2,5 millions de tonnes annuels selon la FAO. La faible utilisation des fertilisants explique en partie le faible rendement de la productivité à lhectare. 70% des exploitations sont de taille moyenne ou petite et pratiquent une agriculture traditionnelle et vivrière. Plus de la moitié de ces agriculteurs ne recourt pas à lutilisation des engrais. Sur un autre volet, il faut sattendre à une baisse du nombre des souscrits au niveau de lassurance agricole. Si les conditions climatiques favorables persistent jusquaux 15 décembre, le nombre de souscripteurs sera composé essentiellement demprunteurs auprès de CAM lesquels sont obligés davoir une police dassurance contre la sécheresse afin de pouvoir contracter le crédit.