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AIVAM – GIVET : Fin du covoiturage ?
Publié dans Finances news le 15 - 04 - 2010

Climat délétère dans le secteur automobile. A la veille de l’organisation par l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM) du Salon de l’automobile, Auto Expo 2010, la tension entre importateurs est montée d’un cran. Surtout depuis que le mouvement du nom de GIVET (Groupement des importateurs de véhicules pour l’équité tarifaire) s’est «radicalisé».
Climat délétère dans le secteur automobile. A la veille de l’organisation par l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM) du Salon de l’automobile, Auto Expo 2010, la tension entre importateurs est montée d’un cran. Surtout depuis que le mouvement du nom de GIVET (Groupement des importateurs de véhicules pour l’équité tarifaire) s’est «radicalisé». D’abord très discret, se limitant à des sorties ponctuelles pour signifier son existence et, bien évidemment, donner écho favorable à ses revendications, le Givet vient d’appuyer sur l’accélérateur. Sa principale exigence : plus d’équité… tarifaire. Par rapport à quoi et à qui ? : coup d’œil dans le rétroviseur.
A la faveur des accords de libre-échange signés par le Maroc avec l’Union européenne, les importateurs de véhicules en provenance d’Europe bénéficient, depuis 2003, du processus de démantèlement tarifaire, avec notamment une baisse progressive des taux de droits de douane. En cela, les taux de droits de douane applicables aux importations de véhicules particuliers en provenance d’Europe, qui étaient de 32,5% en 2002, suivent depuis lors un trend baissier pour s’établir actuellement à 6,5%. En 2011, ils devraient se situer à 3,2%, avant un démantèlement total en 2012.
A l’inverse, les modèles dits non-européens importés au Maroc ne sont pas soumis au même régime douanier, même s’ils bénéficient, eux aussi, par la «bienveillance» de l’Etat, d’un système dégressif. Il leur est ainsi appliqué un taux de droits de douane de 27,5% pour 2009-2010, lequel devrait passer à 25% en 2011, puis 17,5% en 2012.
Aujourd’hui, le GIVET, principalement par la voix de son porte-drapeau, Adil Bennani, Directeur général de Toyota du Maroc, ne réclame point une égalité tarifaire parfaite, mais que le taux de droits de douane appliqué aux modèles non-européens soit au moins ramené à 10%. Voilà pour les faits.
Est-il légitime pour le GIVET de réclamer une certaine équité tarifaire ? Bien évidemment. C’est son droit, s’il s’estime lésé. Mais l’intérêt d’un groupement, quel que soit son domaine d’activité, doit-il primer sur l’intérêt national ? A l’évidence non. Et c’est justement à ce niveau qu’il faut élever le débat. Lequel ne saurait se confiner à une revendication, voire une polémique sectorielle, puisqu’en toile de fond c’est l’accord de libre-échange Maroc – Union européenne qui est pointé du doigt. Un accord global qui touche plusieurs pans importants de l’économie nationale, dont les avantages ne reviennent guère exclusivement aux seuls importateurs de véhicules en provenance d’Europe. Peut-on donc reprocher à ces derniers de profiter de la politique d’ouverture et de dynamisation de l’économie nationale prônée par le gouvernement marocain ? Certainement pas. Sur ce registre d’ailleurs, les propos de Ahmed Reda Chami, ministre du Commerce, de l’Industrie et des Nouvelles technologies, sont sans équivoques : «Il n’y a pas de volonté de favoriser les uns par rapport aux autres. Il y a une logique économique : nous avons signé des ALE avec certaines régions du monde. Ces ALE nous obligent à diminuer nos droits de douane sur certains produits et, en contrepartie, ces pays diminuent aussi leurs droits de douane pour certains de nos produits.
Aujourd’hui, les véhicules européens pénètrent le territoire marocain avec des droits de douane avantageux, et le Maroc aussi introduit ses produits de textile, d’habillement, d’équipements et d’agro-industrie avec des droits de douane avantageux. Nous ne sommes donc pas dans la même logique notamment avec les pays asiatiques. Si demain nous sommes avec eux dans la même configuration, je serais heureux de voir appliquer des droits de douane avantageux de part et d’autre». Mieux, Chami suggère même une solution : «J’encourage les importateurs marocains de véhicules asiatiques à inciter les constructeurs à créer des sites de production au Maroc, ce qui leur permettra de vendre sur le marché marocain à zéro droits de douane et d’exporter vers l’Europe et les USA à des prix préférentiels». Des propos clairs pour qui sait lire. Que se refuse manifestement à entendre le GIVET.
Démantèlement : qui en profite ?
Le débat, tel qu’il est posé actuellement, peut porter à confusion et induire l’opinion publique en erreur. Car, il ne doit pas être posé en terme de marques (européennes ou non-européennes), mais plutôt en terme de zone (ou lieu) de production et de provenance. Cela pour dire qu’importe la marque de la voiture, c’est bien sa provenance qui déterminera le taux de droits de douane qui lui est applicable. Une voiture asiatique importée d’Europe bénéficiera donc du même régime douanier qu’un véhicule européen à condition de remplir les conditions d’origine prévues par l’accord.
En clarifiant ce point, cela fait, au bout du compte, une sacrée différence. Simplement parce que les multiples marques asiatiques importées au Maroc ne proviennent pas toutes d’Asie. Selon les statistiques disponibles, le marché automobile marocain est constitué d’environ 30% de véhicules fabriqués au Maroc, 35% de voitures importées de l’Union européenne et 35% de véhicules importés d’autres pays.
Des statistiques qui suscitent une interrogation majeure : parmi les 35% de véhicules importés de l’UE, quelle est la proportion de marques asiatiques bénéficiant de fait des avantages accordés par l’accord de libre-échange Maroc – Union européenne ? On ne saurait le dire.
Et à la lecture de cette configuration, on ne peut soutenir qu’une chose : c’est un marché assez équilibré dont la structure ne reflète certainement pas l’avantage du démantèlement tarifaire qu’ont les importateurs de véhicules en provenance d’Europe. Un avantage qui, il faut l’avouer, a été quelque peu rogné par l’envolée de l’Euro, au moment où ceux qui importaient d’Asie bénéficiaient de la baisse du Dollar et du Yen.
Pour dire que malgré les droits de douane qui leur sont appliqués, les véhicules en provenance d’Asie restent assez compétitifs, quand bien même il faut reconnaître qu’ils peuvent l’être encore plus.
Et, manifestement, la réalité induite par le démantèlement tarifaire n’aura jamais été un frein à l’importation de voitures en provenance d’Asie. Bien au contraire, ces dernières années auront été marquées par la multiplication des importateurs proposant différentes marques d’origine asiatique, dont beaucoup ont pu se faire une place dans le paysage automobile marocain.
Cela dit, au-delà des droits de douane, c’est plutôt l’approvisionnement qui semble être une contrainte de taille pour certains importateurs. Disposent-ils concrètement d’une autonomie suffisante dans la définition de leur politique d’approvisionnement ? C’est là toute la question.
Enfin, est-il bon de préciser que «l’intérêt du consommateur» ne doit guère être utilisé comme bouclier, voire comme faux prétexte pour légitimer un quelconque combat. La diminution des droits de douane (80% depuis 2002) a-t-elle été intégralement répercutée sur les prix de vente des véhicules importés d’Europe ? Je ne pense pas.
La baisse des droits de douane sur les modèles non-européens importés au Maroc sera-t-elle entièrement répercutée sur les prix de vente ? Je ne pense pas.
Quoi qu’on puisse dire, tous les importateurs sont avant tout des entreprises commerciales. Qui sont mues par une seule chose : le profit.
Et l’Aivam dans tout ça ?
L’Association des importateurs de véhicules au Maroc résistera-t-elle à cette crise naissante ? Difficile de le dire. En tout cas, son mutisme en dit long sur cette situation délicate. Délicate parce que justement tous les importateurs de véhicules, qu’ils proviennent d’Europe ou non, sont des membres de l’Association. Des membres qui, hier, avaient des vues convergentes en ce qui concerne la mobilité des personnes, ont, aujourd’hui, des intérêts particuliers foncièrement divergents.
Peut-on siéger autour d’une même association quand les priorités des uns sont des désavantages concurrentiels pour d’autres ? Le co-voiturage Aivam – Givet résistera-t-il à cette crise qui s’annonce ? Surtout, le combat que mène actuellement le GIVET ne devait-il pas être plutôt porté par l’Aivam censée défendre les intérêts de toute la profession ?
De toute évidence, de la capacité de l’Avaim à gérer cette situation incongrue dépendra son avenir.
Pour sûr, la place du président de l’Association, Mohamed Amal Guedira, également DG d’Auto Nejma n’est pas à envier : il commercialise à la fois des véhicules de marques européennes et non-européennes.


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