* Une stratégie est en phase de préparation entre le ministère de lIntérieur, la Direction de la Migration et le ministère de la Famille pour protéger les femmes en situation de vulnérabilité. * Il ne sagit pas de stigmatiser des Marocaines tombées victimes de réseaux de prostitution à létranger. * La protection se fait en amont en luttant contre le travail des petites filles qui peut aboutir à une situation de vulnérabilité une fois atteint lâge adulte. * Le projet de loi contre la violence conjugale sera déposé auprès du SG du gouvernement dans les semaines à venir. * Le point avec Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité - Finances News Hebdo : En tant que ministre de la Famille, quelle place occupe la question de la migration des femmes au sein de votre département ? - Nouzha Skalli : Au niveau du ministère, nous avons intégré avec force la question de linclusivité à légard des personnes vivant à létranger, et particulièrement à travers la stratégie que nous sommes en train de préparer au sein du ministère de lIntérieur, de la Direction de la Migration en ce qui concerne la protection des femmes en situation de vulnérabilité. Pas seulement à cause de la crise mais aussi parce que, souvent, elles sont prises au piège des réseaux de prostitution. Il y a une détermination du Maroc à lutter contre ce phénomène aussi bien par lapproche sécuritaire que par lapproche de sensibilisation qui vise à ne pas stigmatiser les femmes qui ont été victimes de ces réseaux ou qui sadonnent à la prostitution dans certains pays étrangers. Il faut les considérer comme des victimes. - F. N. H. : Justement, comment pensez-vous leur apporter de laide une fois quelles sont arrachées à ces réseaux criminels ? - N. S. : Au niveau de toutes les actions pour lintégration des femmes en situation difficile, je peux citer lInitiative Nationale du Développement Humain dont lun des quatre programmes nationaux est le programme de lutte contre la précarité et qui vise plus spécialement les femmes en situation vulnérable. Notre ministère participe bien évidemment à ce programme. Mais, il y a aussi laction propre au ministère, notamment le programme Tamkine qui est un programme de renforcement des capacités et dautonomisation des femmes afin de leur permettre de lutter contre la violence. Et là, nous sommes en train dagir dans six régions prioritaires à savoir Souss-Massa-Draâ, Marrekech-Tensift- El Haouz, la région de lOriental, Fès-Boulmane, Tadla-Azilal et la région du Nord. Dans toutes ces régions, nous avons réalisé un diagnostic de tous les services apportés pour renforcer la capacité des femmes et pour leur apporter un service de protection contre la violence quelles subissent. Et nous allons également mettre en place des espaces multifonctionnels qui en même temps, vont faire lécoute et lorientation juridique des femmes victimes de violence, et la prostitution est lune des formes de la violence infligée aux femmes. Et ces espaces dédiés doivent également renforcer lautonomisation des femmes par le biais dactivités génératrices de revenus, de formations et de renforcement de capacités de manière générale. Il y a dautres actions qui se répercutent positivement sur les femmes, notamment la lutte contre le travail de la petite fille. Parce que, bien souvent, cest une question majeure et prioritaire sur les dossiers qui sont dans notre agenda. Nous organisons en effet une mobilisation forte au niveau des régions pourvoyeuses de petites bonnes. - F. N. H. : Comme Chichaoua ? - N. S. : Justement, il y a quelques semaines jétais à Chichaoua, nous nous sommes réunis avec 300 à 400 représentants de toute la province aussi bien des élus que les différentes institutions pour mettre en place un pacte de protection à légard des petites filles pour quelles ne soient plus exploitées comme petites domestiques. Au lieu de cela, elles auront le droit daccéder à lécole. Cest une façon aussi de prévenir et danticiper toutes formes de violence à leur égard à la fois enfant, mais aussi une fois arrivée à lâge adulte. - F. N. H. : Où en êtes-vous à propos du projet de loi contre la violence conjugale ? - N. S. : Ce projet de loi est une nécessité parce quil y a une spécificité de la violence conjugale par rapport aux autres formes de violence, et elle constitue plus de 80 % des actes de violence perpétrés contre les femmes, selon les centres découte et les différentes institutions intervenant dans ce domaine. Cest pour cela que nous avons jugé nécessaire de mettre en place ce projet de loi qui sera la continuité de lesprit du Code de la Famille. Puisque, in fine, cest un projet de loi qui vise à protéger toute la famille. - F. N. H. : Quand pensez-vous que ce projet sera approuvé ? - N. S. : Nous allons le déposer dans les semaines à venir auprès du Secrétariat Général du Gouvernement.