* La migration féminine est loin doccuper la place quelle mérite même si le Maroc lui a accordé une grande importance. * La première édition a été le déclencheur de la prise en considération de la protection des jeunes migrantes des réseaux de prostitution. * Synthèse du premier colloque scientifique international tenu lors de la 2ème édition des Marocaines dIci et dAilleurs. Voici une rencontre dune extrême importance que celle tenue le week-end dernier par le Conseil de la Communauté Marocaine à lEtranger. La 2ème rencontre des Marocaines dIci et dAilleurs sest tenue à une date hautement symbolique. Celle du 30èmeanniversaire de la Convention pour lélimination de toutes les formes de discrimination à légard des femmes (CEDAW) adoptée par lAssemblée Générale des Nations Unies le 18 décembre 1979. Des centaines de MRE, mais également de femmes du Maroc, se sont réunies en conclave pour débattre de la question des femmes marocaines sous dautres cieux. Oui, mais par où commencer ? En effet, bien que le Maroc accorde un vif intérêt à la migration et ce depuis une vingtaine dannées, il nen demeure pas moins quil nexiste pas de données ou danalyses pour cerner ce phénomène, encore moins de la contribution des femmes. Certes, le Maroc a semblé être très attentif aux doléances des MRE en élaborant le code de la nationalité, donnant le droit à la mère marocaine de transmettre automatiquement sa nationalité d'origine à ses enfants nés de père étranger. Mais, les questions de la migration au féminin sont loin doccuper la place quelles méritent dans les recherches, les études, les observations et les analyses. Comme la souligné Nouzha Skalli, la ministre en charge de la Famille, « elles restent bien souvent traitées avec des visions stéréotypées, alors que cette migration sest diversifiée, et en concerne des migrantes de statuts divers et ayant des besoins et des attentes diversifiés ». « Nous sommes particulièrement préoccupés par les difficultés et les problèmes de Marocaines qui ont émigré dans des conditions difficiles ou qui sont vulnérables et exposées à différentes formes de pressions et de violences », poursuit la ministre. Limportance dune pareille rencontre nest plus à prouver pour avancer chaque année un peu plus vers un rapprochement des femmes MRE et répondre à leurs attentes. Rappelez-vous, la première édition de Marocaines dIci et dAilleurs a été un déclencheur dans la prise au sérieux de la problématique de la protection des jeunes migrantes marocaines qui, bien souvent , émigrent avec des cartes dartistes, contre les réseaux de prostitution. Ce problème est aujourdhui lobjet du travail dune commission technique qui fait converger les efforts de plusieurs ministères, au sein du ministère de lIntérieur et de la Direction de la migration. Cette commission, en plus du ministère des Affaires étrangères et du MDSFS, regroupe le ministère de lEmploi et celui de la Culture. Elle travaille sur la mise en place dun plan daction en vue de protéger les femmes migrantes et, en 2009, le ministère de lIntérieur a démantelé 130 réseaux dans le cadre de la lutte contre la traite des personnes y compris des femmes et des enfants. Ces deux jours de travail ont contribué à mieux approcher cette problématique et ont débouché sur des propositions concrètes qui permettront certainement de contribuer à une politique publique qui prend en considération les besoins et les attentes des Marocaines du monde. Femme migrante, doublement vulnérable Le travail dAbdesslam Marfouk, économiste à lULB à Bruxelles, a montré que les femmes sont une composante majeure de la communauté marocaine résidant à létranger. Il sagit, dans cette étude et en se basant sur des analyses statistiques, de faire tomber un certain nombre de clichés. Lautre objectif était de combler un manque de données fiables et précises. Les résultats de cette étude permettent de pointer les lacunes de la recherche concernant la présence des femmes dans la migration marocaine. Lautre étude commanditée par la CCME est une extraction de lenquête BVA qui a porté sur un échantillon de près de 3.000 personnes marocaines ou dorigine marocaine, dans 6 pays européens. Lexposé dElodie Jouanic a dressé un panorama complet de la situation et des aspirations des femmes, contrastées selon les pays, sur la vie quotidienne, la situation familiale, les sociabilités, léducation des enfants, la pratiques des langues, les pratiques religieuses, lintérêt pour la vie citoyenne, la perception dans les pays de résidence, les discriminations, les liens, les images et les attentes par rapport au Maroc. Après la multitude dinterventions et de différentes présentations et discussions, il ressort quil reste encore des lacunes au niveau de la recherche et des thématiques à explorer ouà aborder. Doù la nécessité de croiser les approches quantitatives et qualitatives, parce que les statistiques donnent des éclairages, mais ne suffisent pas à rendre compte de la complexité et de la diversité des situations. Le colloque a permis de mettre en exergue la nécessité de mettre en uvre des approches pluridisciplinaires : histoire, économie, droit, géographie, sociologie De même quil ne faut pas hésiter à ouvrir les boites noires de la migration féminine marocaine, quil sagisse de migration dans les pays du Moyen-Orient et de lAfrique, de la prostitution, des effets psychologiques et des effets sur les reconfigurations familiales Il nest pas non plus anodin de quantifier les effets des politiques migratoires sur les situations et le statut des femmes et de leur épanouissement.