* Face à lampleur de la crise, le Maroc, à linstar dautres pays, a mis en place des mesures visant lamélioration du pouvoir dachat, lemploi et linvestissement. * A fin août 2009, le solde budgétaire sest contracté de façon significative en comparaison à la même période de 2008. * Les pronostics font montre dune nouvelle contraction du solde budgétaire en 2010. Lamélioration progressive de la situation des finances publiques, observée au cours des années récentes, pourrait connaître un revirement de tendance au cours de lannée 2009, voire en 2010. Selon les analystes du Centre Marocain de Conjoncture, un tel revirement nest pas propre à léconomie marocaine. La plupart des pays ayant été frappés de plein fouet par la crise financière risquent de connaître le même sort. En effet, en vue datténuer les effets collatéraux de la crise économique internationale, les pouvoirs publics ont mis en place un arsenal de mesures. Celles-ci ont pour objectif de maintenir le pouvoir dachat, lemploi et de soutenir les entreprises. Ces mesures vont certainement se traduire par un fléchissement des recettes, une hausse des dépenses et, par conséquent, un creusement du déficit budgétaire. Sur le plan international, les gouvernements et les banques centrales ont mobilisé dimportants moyens en vue de secourir le système financier qui risquait à tout moment de sécrouler. Des plans de relance ont été ainsi mis en place en vue déviter à la demande de sinscrire dans la phase dépressive. « A court terme, les efforts déployés par les gouvernements sont focalisés sur la levée des craintes qui pèsent sur les finances publiques quant à leur soutenabilité à long terme», apprend-on dans un communiqué du Centre Marocain de Conjoncture. En matière de politique fiscale, il faut rappeler que le Maroc sinscrit parfaitement dans cette tendance. Les principales mesures fiscales adoptées au cours des dernières années ont eu pour but de baisser la charge fiscale et délargir lassiette en vue dassurer une plus grande longévité à la réforme entamée en 2005. Le taux de lIS a subi un processus de réduction continu, passant de 45% en 1987 à 35% en 1996 et à 30% à loccasion de la Loi de Finances 2008. Cette dernière réduction de 5 points a été la plus importante depuis 1993. Quant au secteur financier, le taux de lIS qui lui est appliqué a été réduit de 39,6% à 37%. Dautres mesures ont été prises pour soutenir les PME. Il sagit du dispositif visant à les encourager à renforcer leur capacité de financement. Ainsi, les PME bénéficient, en matière dIS, dune réduction égale à 20 % du montant de l'augmentation de capital réalisée par ces entreprises, entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2010 inclus. Contraction du solde budgétaire En vue de se conformer aux engagements du gouvernement visant la réduction de la charge fiscale sur les salaires, la Loi de Finances 2009 a introduit une importante mesure de réaménagement du barème dimposition de lIR en réduisant le taux marginal de 42 à 40% puis de 40 à 38%, respectivement en 2009 et 2010. Quant au seuil du revenu exonéré, il passera de 24.000 à 27.000 dirhams en 2009 et de 27.000 à 30.000 dirhams en 2010. De plus, les autres tranches du barème dimposition ont été réaménagées. En outre, dans le but de favoriser lépargne, la durée minimum du contrat dassurance-retraite durant laquelle lintéressé peut déduire du revenu global imposable les cotisations et primes versées au titre de la retraite complémentaire, a été ramenée de 10 à 8 ans. Ces mesures, semble-t-il, ont pour but non seulement de légitimer les prélèvements fiscaux, mais surtout de préserver la paix sociale nécessaire à la promotion de linvestissement. Bien quelles soient jugées insuffisantes par le milieu des affaires en raison de lhostilité du contexte et lampleur des défis, elles se sont traduites par un fléchissement des recettes fiscales. Au terme des huit premiers mois, la baisse des recettes sest établie à 6,3% pour atteindre un peu moins de 120 Mds de DH, contre 127 Mds de DH un an plus tôt. Ajoutons à cela quau cours de lannée 2009, certaines activités ont présenté des signes dessoufflement sous limpact de la crise économique et de latonie de la demande étrangère. « Cet état de fait a poussé les banques à accorder moins de crédits aussi bien aux entreprises quaux ménages», commente un économiste. Cela a induit une légère contraction de lactivité économique, soit 0,7% comparativement à 2008. Daucuns estiment quen 2010 la dynamique de la croissance sera nettement moins accélérée quelle ne létait au cours de ces deux dernières années. Le taux de croissance prévisible pour 2010 est de 3,2%. Ce résultat, néanmoins positif, est le fruit dune politique monétaire plus souple et de la reprise espérée de la demande étrangère. A fin août 2009, le solde budgétaire sest contracté de façon significative, en comparaison à la même période de 2008. De 8,1 milliards dexcédent, le solde budgétaire est resté positif, mais nettement inférieur à son niveau enregistré à pareille époque de lannée écoulée. Son niveau sest établi, à fin juillet, à un peu plus de 5 milliards de dirhams marquant ainsi, dune période sur lautre, un repli de presque - 57%. En dépit des incertitudes concernant principalement les conditions nécessaires à la réalisation dun déficit budgétaire soutenable, à même de stimuler notre économie, les responsables de la gestion des finances publiques au Maroc se doivent de maintenir lélan permettant une amélioration de lactivité sociale et économique. Et pour atteindre ces objectifs, il faut à la fois une amélioration des recettes et une maîtrise des dépenses sans pour autant compromettre la croissance.