* Quelque 507 cas de grippe porcine ont été recensés au 2 novembre au Maroc, enregistrés essentiellement dans le milieu scolaire. * La pandémie semble toucher toutes les villes, notamment Casablanca avec ses 165 cas avérés. * Les 40.000 doses de vaccin disponibles seront administrées aux pèlerins. * Il ne faut pas céder à la psychose ! * Le point sur la situation. Il est loin ce souvenir du mois de juin 2009, quand le Maroc avait enregistré son premier cas de grippe A-H1N1, dite grippe porcine. Cétait une jeune fille venant du Canada. La plupart des cas qui ont suivi arrivaient également de létranger et étaient recensés dans certaines villes. Quatre mois plus tard, la pandémie semble sinstaller sérieusement avec un total de 507 cas de grippe A-H1N1 confirmés, dont 252 enregistrés en milieu scolaire, au 2 novembre. Et quasiment toutes les villes commencent à recenser leur lot de contagion. Le nombre ascendant de cas nest pas le seul motif dinquiétude des citoyens. Le silence criant des responsables du ministère de la Santé, surtout de la ministre elle-même, a semé langoise dans la population. En effet, au moment où les campagnes de sensibilisation et les déclarations des ministères de la santé à travers le monde se multipliaient, et que lOMS montait au créneau, au Maroc il nen était rien. Les rares informations qui nous parvenaient faisaient état de la tenue de nombreuses réunions pour élaborer une stratégie de crise face à la pandémie. Sans plus. La liste des personnes devant bénéficier du vaccin na pas encore été précisée bien que les premières doses reçues soient réservées aux pèlerins. Aucune possibilité de connaître les grandes lignes de la stratégie du ministère en la matière, les responsables étant restés injoignables. Notamment Omar El Menzhi, le chef du service dépidémiologie au sein du ministère qui ne répondait pas à nos appels et dont la boîte vocale était tellement saturée quon ne pouvait pas lui laisser de message. « Les 40.000 doses reçues par le Maroc seront entièrement réservées aux pèlerins qui doivent se rendre durgence à La Mecque. La ville sainte devra accueillir plus de 3 millions de pèlerins de nationalités différentes et qui sont une vraie population à risque. Doù la priorité donnée aux pèlerins marocains. Pour cela, des postes sanitaires sont installés au niveau des aéroports pour les vacciner. Il faut juste que les pèlerins arrivent à laéroport 5 heures avant le vol. Une fois dans la salle dembarquement, le corps médical leur administre le vaccin. Pour les pèlerins partis sans vaccination, des doses ont été envoyées à la délégation médicale marocaine sur place pour inoculer les pèlerins», affirme Fouad Jettou, le Directeur régional de la santé de la Région du Grand Casablanca. Au mercredi 4 novembre, ce sont quelque 2.128 pèlerins qui ont été vaccinés rien quau niveau de lAéroport Mohammed V, à Nouaceur. Fouad Jettou, qui exerçait la fonction de Directeur de lhôpital My Youssef à Casablanca, a exhorté la population à ne pas céder à la panique. « La grippe porcine est aussi banale quune grippe normale, surtout si les citoyens restent disciplinés et respectent les consignes de sécurité et dhygiène», poursuit Fouad Jettou. Mais voilà, depuis que les cas se multiplient, beaucoup de citoyens ont pris dassaut les hôpitaux publics, souvent sans présenter les symptômes de la grippe, animés par une forte inquiétude pour la santé de leurs enfants. Surtout au niveau du Grand Casablanca où 30 classes ont été fermées suite aux 165 cas enregistrés dans la métropole, la plupart étant des écoliers. «À chaque fois quun cas est déclaré dans une classe, on la fermée pour limiter la propagation de la maladie en assurant un suivi du malade et de son environnement. La majorité est soignée à domicile, ce qui témoigne de la non-gravité de ces cas auxquels on administre un traitement de 5 jours à raison de deux comprimés de Tamiflu quotidiennement. Cet antiviral est disponible dans les pharmacies qui ne peuvent le vendre que sur présentation dune ordonnance médicale », poursuit le Directeur régional, en assurant que ça ne sert vraiment à rien de se bousculer pour acheter le médicament étant donné sa disponibilité. Si le corps médical au niveau du Grand Casablanca tente de gérer au mieux le stress des citoyens, des actions de sensibilisation sont menées au niveau des grandes entreprises où des délégations dispensent des formations. À ce jour, des groupes comme lOCP, Cosumar, Lesieur, le Technopark et dautres ont eu droit à ces campagnes de sensibilisation. Les écoles aussi sont dans la ligne de mire des autorités médicales étant donné quelles représentent un fort potentiel de propagation de la pandémie. Au niveau de certaines banques, des antiseptiques ont été distribués en plus des flyers sur les mesures dhygiène à observer. «Nous avons reçu le lundi 2 novembre un communiqué du ministère de la Santé sur les précautions à prendre. Mais nous navons pas reçu de masques et nous ne disposons pas de stocks de Tamiflu à la banque comme on pourrait le croire», explique un agent bancaire marocain. «Nous avons réalisé beaucoup de campagnes de sensibilisation auprès des populations-cibles, mais beaucoup reste à faire et nous comptons aussi sur la discipline des citoyens et de leur respect des mesures dhygiène pour se prémunir contre la grippe», martèle Fouad Jettou. À campagne, contre-campagne Une vidéo choquante que celle de Desiree Jennings, une Américaine de 26 ans qui aurait contracté une dystonie musculaire qui sest révélée 10 jours après quelle a reçu le vaccin contre le A-H1N1. La vidéo diffusée par plusieurs chaînes américaines a fait le tour du monde, sans pour autant donner une réponse satisfaisante sur la véracité de ces propos. Une autre vidéo montre un soi-disant chercheur dans un laboratoire pharmaceutique qui fabrique le vaccin et qui aurait refusé que sa femme et ses enfants soient vaccinés contre le A-H1N1. Troublant effectivement de faire la part des choses quand on visionne ces deux vidéos. Mais Fouad Jettou, qui reste lun des responsables médicaux les plus joignables et le plus communicatif en ces temps dincertitude, pense quil ne faut pas croire tout ce que lon voit et tout ce que lon lit. En effet, toute une littérature est apparue sur le Net pour dénoncer la dangerosité de ce vaccin. Fouad Jettou nexclut pas que la contre-campagne menée contre le vaccin ne soit dirigée par des sociétés qui auraient voulu fabriquer le vaccin, mais qui ny sont pas parvenues. «Une chose est sûre : ce vaccin a été élaboré par une société savante. Et comme tout produit actif, il peut présenter des effets indésirables; mais là, les autorités sanitaires se réfèrent aux statistiques pour étudier le risque dun vaccin», conclut Fouad Jettou. À ce titre, les autorités médicales accompagnant les pèlerins vaccinés assurent que ces derniers ne souffrent à ce jour daucun malaise ou deffet indésirable lié à ladministration du vaccin. Si au Maroc on peut souffler de navoir pas encore enregistré de cas de décès ces derniers jours malgré la croissance du nombre de malades, il nen demeure pas moins quil faut être très vigilant puisque la pandémie nest quà ses débuts. Et le pire reste à éviter quand la saison froide, très propice au développement de la grippe dans tous ses états, va réellement sinstaller !