* Les prémices de la reprise sont là et il est prématuré de parler dun retour massif des MRE. * Hormis les mesures à caractère économique et financier, les pouvoirs publics ont mis en place des mesures sociales dont on parle peu. * Lhistoire montre que lun des enseignements à retenir est que les crises constituent aussi un moment propice pour réflechir et entreprendre des réformes courageuses à même dempêcher à lavenir la survenue de ce type de crises. * Tour dhorizon avec Mohammed Ameur, ministre chargé de la Communauté marocaine résidant à létranger. - Finances News Hebdo : Le Maroc a-t-il pu compter sur le soutien des pays daccueil dans lélaboration de mesures bénéficiant aux MRE ? - Mohammed Ameur : La plupart des mesures qui viennent dêtre prises par le gouvernement marocain ninterpellent que le Maroc et les pouvoirs publics marocains. Il y a dautres mesures qui interpellent les autorités des pays daccueil. Si lon prend par exemple le cas de lEspagne où la crise a été fortement ressentie et a atteint des dimensions sans précédent, je pense que le dialogue bilatéral fait quaujourdhui il y a une parfaite coordination et une cohérence des points de vue, ce qui facilite la gestion de cette période de crise et surtout la préparation de la sortie de crise. En témoigne la dernière réunion du Comité mixte maroco-espagnol. Cette réunion sest déroulée dans des conditions très favorables. Et le constat que nous faions aujourdhui, quil sagisse de nous ou de la partie espagnole, cest quil est nécessaire dagir ensemble, et sur la même longueur donde en prônant une démarche solidaire et concertée. - F. N. H. : Quelles ont été les principales recommandations de cette réunion ? On a limpression que laspect sécuritaire est très présent ! - M. A. : Il ny a pas que laspect sécuritaire qui ait été passé en revue, il a également été question de lintégration des MRE et du co-développement. Avec le gouvernement espagnol nous sommes en train dinitier une démarche qui sinscrit parfaitement dans le cadre du dialogue euro-africain inité il y a quelques années. Cette démarche se doit dêtre globale en intégrant les aspects de sécurité, dintégration et de développement. - F. N. H. : Les MRE ont fait front commun pour réclamer leurs droits de vote au Maroc dans le cadre de «Daba 2012». Comment avez-vous accueilli cette requête ? - M. A. : Au fait, je nai pas de position pour le moment. Le Conseil des MRE a été chargé de préparer un avis. Nous attendons le résultat. Il ne faut pas quon anticipe sur le travail de ce Conseil. - F. N. H. : On nous répète en boucle quil est encore tôt pour évaluer la pertinence des mesures durgence prises. Comment sassurer dès lors de leur efficacité ? Et disposons-nous de la réactivité nécessaire pour rectifier le tir, sil y a lieu ? - M. A. : Il y a deux aspects. Le premier concerne la rapidité de réaction du grouvernement face à la crise. Je pense que le gouvernement a réagi au moment opportun, car il fallait attendre un peu pour discerner les développements de la crise. Nous savons tous que ce qui caractérise cette crise, cest son évolution. Personne navait les moyens danticiper et de prévenir ses conséquences. Et nous avons vu comment les grandes institutions revoyaient et corrigeaient leurs indicateurs à la baisse chaque semaine. Le Maroc a réagi dune manière très rigoureuse en mettant en place un Comité de veille stratégique qui a identifié tous les domaines et secteurs qui méritent un suivi particulier, y compris, celui des MRE. Cest vrai que depuis la mise en uvre de ces mesures durgence nous navons pas encore suffisamment dindicateurs pouvant nous permettre de dire que ces mesures ont donné les résultats escomptés ni quels seraient les ajustement à apporter. Je sais quau niveau du Comité, cest une démarche dynamique qui a été initiée dans le sens où ces mesures ne sont pas figées. - F. N. H. : Le Maroc est-il préparé au pire des scénarios, celui dun retour massif des MRE dans leur pays dorigine ? - M. A. : Beaucoup de gens soutiennent cette hyposthèse, mais je ne pense pas quil y aura un retour massif des MRE. Dabord, parce que dans tous les pays du monde, notamment ceux affectés par la crise, on parle déjà des prémices de la reprise. Puis, je pense que les MRE font partie des personnes affectées par la crise et que les mesures entreprises par les pays daccueil profitent à tous, sans distinction. Et troisièmement, nous avons vu également les dispositifs dencouragement au retour, comme celui initié par lEspagne, mais qui nont pas donné leurs fruits. Donc, il est exagéré de parler dun retour massif des MRE ! - F. N. H. : Au-delà des mesures durgence, comment votre département prépare-t-il laprès-crise ? - M. A. : Nous avons mis en place des mesures conjoncturelles certes, mais nous avons initié, pas uniquement pour les MRE, mais aussi pour tous les secteurs affectés, une réflexion sur les principales réformes et les mesures structurelles à engager. Lhistoire montre que lun des enseignements à retenir est que les crises constituent aussi un moment propice pour réflechir et entreprendre des réformes courageuses à même dempêcher à lavenir leur survenue. Pour les MRE, Dieu merci, nous nous sommes engagés depuis maintenant deux ans dans une réforme globale de la politique publique en la matière et qui consiste à les accompagner par un certain nombre de mesures, mais surtout dengager de réelles réformes qui vont nous permettre de faire de ce secteur, non seulement un levier de développement du pays, mais aussi de permettre au Maroc de se doter dune véritable politique pour la promotion des affaires des MRE. On ne peut pas réussir ni relever les défis si lon ninscrit pas lensemble de ces mesures dans une approche globale et intégrée. Cest ce quon pourrait qualifier de nouvelle politique dimmigration ou de projet migratoire du Maroc.