* Le Maroc accueille le premier Congrès international des Femmes Investisseurs Arabes du 26 au 30 octobre 2009, à Skhirat. * Asmaa Mouhib, présidente de la Représentation de lUnion au Maroc, fait le point sur un événement de haute importance. - Finances News Hebdo : Sur quoi porteront les actes de ce premier congrès ? - Asmaa Mouhib : Le congrès aura à examiner la situation économique dans le monde arabe, à la lumière de la conjoncture économique et financière mondiale particulièrement perturbée en ce moment ; ceci est nécessaire puisque tout le monde, aujourdhui, est préoccupé et sinterroge sur les perspectives et les alternatives possibles, non seulement au niveau des Etats et diverses organisations internationales, mais aussi de la part des femmes investisseurs et hommes d'affaires. Le congrès aspire à lélaboration de plans assurant le renforcement de l'investissement au féminin abordé comme facteur porteur pour surmonter les difficultés de la conjoncture. Le congrès devrait présenter des perspectives aptes à attirer de nouveaux capitaux dans la région, et de réinstaller dans le monde arabe ceux qui ont fui dans le cadre du contexte international difficile. Les échanges, au cours du congrès, vont permettre de bénéficier des expériences réussies dans le cadre de linvestissement au féminin et d'examiner les obstacles pour les identifier et y apporter des solutions. Le congrès doit élaborer des mécanismes permettant de créer et relier les réseaux de solidarité, de coordination, déchanges professionnels et dexpériences en matière dentreprises. Le congrès devrait stimuler les acteurs économiques et financiers, à l'échelle nationale, régionale et internationale, pour prendre des mesures spéciales en faveur du développement et de lencouragement de lentrepreneuriat et de linvestissement féminins. - F. N. H. : Comment est venu le choix du Maroc comme pays hôte ? - A. S. : L'Union des femmes investisseurs arabes ma confié la tâche de préparer ce congrès et ma désignée présidente de la Représentation de lUnion au Maroc, laquelle structure a été créée l'an dernier lors du Congrès de lUnion au Caire(2008). Mais en fait cest sur ma proposition que le choix du Maroc comme pays hôte a été retenu. Jusquà ce jour, les congrès de lUnion se tenaient au pays du siège et on invitait au congrès ceux qui avaient une relation avec nous, pas les autres ; tout cela était compréhensible dans le cadre dune structure encore jeune qui construisait les premiers jalons de son édifice. LUnion na que 5 ans dexistence à ce jour. Mais à partir de 2008, elle réalise le besoin daller au-delà pour imaginer des congrès pouvant apporter une valeur ajoutée en matière de réflexion, de conception, de stratégie et dêtre un lieu déchanges et de mise en relation à caractère concret et opérationnel aujourdhui. Pour mille raisons, le Maroc est objectivement le lieu le plus indiqué sur la place arabe pour ce genre de forum. Bien entendu, lorsque jai fait la proposition de choisir le Maroc pour accueillir le congrès, celle-ci a été unanimement retenue. Nous sommes une structure devenue adulte et mature et les organisateurs visent, par ce congrès de Skhirat, à élargir la participation des femmes investisseurs arabes et des femmes de différents pays et de disciplines et dexpériences diversifiées dans le domaine du développement économique et financier, à lélaboration dune stratégie capable de booster laction des femmes investisseurs arabes. - F. N. H. : Quelle évaluation faites-vous de lacte dinvestir féminin dans le monde arabe ? Les conditions sont-elles aujourdhui favorables à lémergence de la femme arabe investisseur ? - A. S. : L'entrepreneuriat féminin varie considérablement à travers le monde arabe, les situations diffèrent entre les régions et les pays; cest prévisible à cause de la diversité des contextes culturels et politiques mais les paradoxes de linvestissement féminin ne sont pas uniquement le lot des pays arabes. Savez-vous que les pays en développement en Europe de l'Est ont des taux dentrepreneuriat féminin pareils à celui de leurs voisins européens hautement développés mais qui restent fortement dominés par linvestissement masculin, tandis que les pays d'Amérique latine et les Caraïbes ont des taux d'entrepreneuriat féminin deux et trois fois plus élevé. - F. N. H. : Quels sont les principaux secteurs vers lesquels se tournent les femmes pour investir ? - A. S. : Selon les récentes études réalisées au profit des institutions internationales, les activités des entreprises de femmes, d'extraction, de transformation, des services aux entreprises et produits adaptés aux consommateurs, diffèrent quelque peu de celles de leurs homologues masculins, avec un pourcentage significativement plus élevé d'entreprises de femmes dans le secteur orienté vers le consommateur. Par exemple, lAmérique latine et les pays des Caraïbes présentent la plus forte proportion de femmes dans l'industrie de consommation. Dailleurs au Maroc, nous penchons vers ce modèle latino-américain. Les activités de linvestissement féminin formel et moderne se situent dans les secteurs du commerce et des services tournés vers la consommation. Viennent ensuite les activités industrielles surtout dominées par la confection, le textile et le cuir. Les conditions sont de plus en plus favorables à linvestissement féminin au Maroc, mais ce nest pas uniquement un choix, cest une nécessité par rapport aux paramètres démographiques, économiques et sociaux. Même par rapport au monde rural et agricole au Maroc, linvestissement féminin est un facteur décisif dans le développement. De lavis des experts de la Banque mondiale, la croissance agricole et laugmentation du revenu des femmes sont deux composantes du développement économique dont limpact sur la pauvreté sest avéré exceptionnellement élevé. Cest pourquoi les politiques et programmes qui visent à accroître la productivité et le revenu des agricultrices ont la capacité dentraîner une convergence de forces antipauvreté particulièrement puissantes dans les économies à faible revenu reposant sur lagriculture. Dans le monde arabe, cette dimension est présente dans les pays à faible revenu; elle lest beaucoup moins dans les pays à revenu élevé. - F. N. H. : Vous avez été désignée en avril 2008 présidente de la Représentation de lUnion au Maroc. A ce jour, quelles sont les principales actions qui ont été menées par cette représentation ? - A. S. : Un an cest peu, cependant nous avons mené une réflexion qui a conduit à un plan daction en trois phases : promouvoir et développer lUnion, préparer le congrès international de lUnion, décliner des recommandations pragmatiques, faciles à mettre en uvre et inscrire lUnion dans le concert mondial des organisations travaillant pour le développement durable. Ce congrès est un moment important pour notre pays et pour lensemble du monde arabe. Nous sommes encore en phase dinstallation, nous vous donnons rendez-vous après le congrès pour évoquer nos actions futures. - F. N. H. : Enfin, quel rapport entretenez-vous avec dautres organisations comme lAFEM ? - A. S. : Nous sommes parfaitement en symbiose avec toutes les organisations féminines professionnelles, et nous apprécions le travail fait par lAFEM, avec laquelle nous espérons coordonner notre action et nous espérons lui apporter de par notre position, lappui nécessaire au succès de ses missions. Mais nous, en tant que structure du Conseil économique arabe, nous sommes une structure diplomatique internationale, et non pas une association professionnelle ou une ONG, ni nationale, ou internationale.