* Le Groupe présidé par Othman Benjelloun vit au rythme des rumeurs depuis quelques semaines. Cession, fusion, partenariat stratégique , tout y passe. * Le management dément, mais les «il paraît que» samplifient. * Sécrirait-il une «Secret story» dans les bureaux feutrés du siège du groupe ? Dans toute rumeur, il y a un fond de vérité. Cest ce qui se dit dhabitude. Mais y a-t-il une once de vérité par rapport à tout ce qui se murmure actuellement sur le groupe BMCE Bank ? Il serait intéressant de pouvoir donner une réponse claire à cette interrogation. Mais assez délicat dy parvenir, tellement le marché financier bruit de faits un tantinet anecdotiques, souvent complètement saugrenus, mais qui peuvent paraître parfois quelque peu cohérents. En tout cas, dans les milieux daffaires et dans les salons huppés de Casablanca, le «cas BMCE» est servi en entrée comme en sortie. Il inquiète. Intrigue. Et pour cause. Il se murmure quune opération stratégique devrait avoir lieu au sein du Groupe BMCE. De quelle nature ? Comme, à lévidence, personne ne sait de quoi il sagit, les esprits, bons comme mauvais, ont laissé libre cours à leur pensée pour, au final, accoucher de toutes les hypothèses : cession de BMCE à la CDG, fusion avec la BCP, cession à Attijariwafa bank ou encore cession pure et simple du Groupe FinanceCom Ces hypothèses, sorties des poches dintelligence de certains plumitifs, ont fini par passablement agacer Othman Benjelloun himself. En effet, les murmures du collectif des «il paraît que» et «jai ouï dire que» prenant de plus en plus dampleur, trouvant en la presse une formidable caisse de résonance, le président de FinanceCom est sorti de sa réserve lundi. Histoire de «rassurer lensemble des employés et cadres de BMCE Bank quaucune discussion, proposition ou négociation na eu lieu avec un quelconque groupe national, banque marocaine ou étrangère pour une cession des actions de BMCE Bank détenues aujourdhui à hauteur de 40% du capital par notre holding FinanceCom et notre compagnie dassurance RMA Watanya». Puis dajouter que «cette année, notre institution célèbrera, les 24 et 25 octobre prochains, le 50ème anniversaire de sa création, avec les autorités gouvernementales, nos amis, nos clients et nos cadres. Les représentants des médias y seront conviés et constateront alors notre volonté de maintenir la direction de notre banque, de maintenir le contrôle de notre groupe sans partage, sans cession et sans fusion». Pas de négociation, pas de partage, aucune cession, encore moins de fusion. Voilà des propos transparents pour qui sait lire. Mais cela suffira-t-il à calmer les supputations et autres scénarii ? Pas si sûr. Car, quelques jours auparavant, lors de la conférence de presse relative au rachat des parts de Portugal Telecom et de Telefonica dans Méditel par les groupes FinanceCom et CDG, Benjelloun avait déjà pris soin de démentir ces rumeurs. Une certaine morale des affaires Au-delà de rassurer ses 7.859 salariés, la démarche de Benjelloun sinscrit surtout dans une logique de communication financière qui incombe à une société cotée en Bourse, au sein de laquelle, souvent, les titres senivrent de rumeurs. Une démarche sans aucun effet visible. Au contraire, malgré les clarifications du président de FinanceCom, les rumeurs samplifient-elles de jour en jour. Pourquoi ? Simplement parce que même si une opération stratégique se préparait, jamais le management de BMCE ne se risquerait à la confirmer, de peur de la compromettre. Cest normal. Surtout, et sans pour autant mettre en doute les propos de Othman Benjelloun, le milieu marocain des affaires regorge de managers versatiles qui, mauvaise foi chevillée au corps, peuvent démentir mordicus une information aujourdhui avant de la confirmer demain. Ou vice-versa. Sans aucun état dâme. Alors, bien évidemment, les observateurs et autres gens des médias ont le droit, eux aussi, dapprécier du bout des lèvres ce quon leur dit. En somme, dêtre vigilants. En clair, même sil faut croire Othman Benjelloun dans limmédiat, au regard notamment de lattachement quil voue à son groupe et sa volonté de le voir encore prospérer dans «les 50 années à venir», il nen demeure pas moins vrai que la morale des affaires est telle quelle peut bouleverser tous les pronostics. Qui aurait pu croire que la BCM rachèterait le groupe Wafabank et que Abdelhak Bennani, alors PDG de ce dernier pendant 25 ans, nen serait informé quaprès-coup ? Qui aurait parié que CNIA ferait partie du Groupe Saham ? Qui aurait pu croire que certains nhésiteraient pas à tripatouiller leurs comptes pour pouvoir faire partie du cercle restreint des sociétés cotées ? Et les exemples sont légion. Juste pour dire que le temps est la meilleure arme susceptible de briser les remparts du secret bancaire. On saura alors si, oui ou non, le Groupe BMCE Bank est, actuellement, en train décrire une Secret story.