Au Maroc, le secteur du micro-crédit bénéficie d'un environnement propice à son développement grâce, surtout, à la Loi 18-97 relative à ce mode de financement. Cette loi, promulguée en février 1999, a créé un nouveau type d'association consacrée uniquement à la micro-finance. Elle autorise les associations agréées par le ministère des Finances à octroyer les micro-crédits, avec intérêts, sans toutefois accepter les dépôts. Néanmoins, l'on constate que le secteur du micro-crédit est relativement jeune. Les premiers programmes de prêts destinés à financer les activités économiques des personnes à bas revenus ont démarré dans les années 1993-1994. Ce n'est qu'en 1996 que l'expérience internationale en matière de micro-finance a commencé à être connue dans notre pays. En ce temps, il a été estimé qu'il n'existait qu'une seule association vraiment spécialisée : Al Amana. Parmi les autres associations qui octroyaient de petits prêts, seules Zakoura et ASMED avaient bénéficié de contacts directs avec la communauté internationale de micro-crédit et donc suivaient certaines normes relatives. Les autres associations avaient des programmes à très petite échelle et opéraient avec une certaine confusion entre les rôles social et économique qu'elles doivent jouer dans le domaine du micro-crédit. C'est d'ailleurs dans ce cadre que le gouvernement avait décidé de mettre en place le programme Microstart, l'objectif étant d'améliorer l'accès des micro-entrepreneurs à bas revenus. Son approche était, principalement, de renforcer les capacités des associations locales quant à l'octroi des services micro-financiers sur une base durable. Outre un financement continu, les associations ont surtout besoin d'assistance technique sur plusieurs plans : connaissance et ciblage des clients, méthodologies d'octroi de prêt, développement des business-plan plus professionnels, y compris les projections financières adéquates, etc. Il faut reconnaître aussi que ces associations ont aussi besoin d'améliorer leur communication ainsi que l'échange d'informations entre elles. D'où viennent les fonds ? Ils ont pour origine l'USAID, la Coopération Espagnole (qui finance le secteur à travers une ONG espagnole, la CODESPA), le gouvernement italien (à travers des ONG), le PNUD, la Commission européenne, le Fonds Hassan II, la Fondation Mohammed VI et l'Agence du Nord. Il reste à noter que la part de financement octroyée par ces trois derniers a eu un impact très important, au cours des précédentes années, surtout pour les petites associations qui étaient en manque de trésorerie. Mais si le secteur a connu une croissance considérable depuis 1997, passant de quelque milliers de clients servis à plus de 200.000 aujourd'hui, l'encours financier global demeure minime. Il faut noter, quand même, qu'il reste du travail à faire dans le domaine du micro-crédit par rapport à la portée du secteur. En effet, on trouve une saturation d'un certain segment du marché et une couverture assez faible du reste du marché potentiel. La cause de la saturation est due surtout au manque de diversification de produits de prêts ainsi qu'aux méthodologies de leur octroi. Toutes les associations utilisent une méthodologie d'octroi de prêt presque identique avec très peu de variation en terme de prêts. La méthodologie choisie, par toutes, est le modèle dit « crédit solidaire ». Ce crédit solidaire, qui cherche à remplacer les garanties réelles avec la caution solidaire, peut, certes, être efficace pour atteindre les micro-entrepreneurs urbains ayant besoin de financement pour le fonds de roulement. Mais il demeure plus approprié et efficace dans le milieu rural. Cependant, on note que les associations couvrent peu le monde rural, non pas par manque de volonté mais parce que cela risque de nuire à leur viabilité financière. Ceci dit, le marché desservi actuellement au Maroc représente le secteur le plus porteur. Et les clients seraient mieux desservis si chacune des associations commençait à mieux cibler sa clientèle en mettant en place une méthologie et des produits de prêts plus appropriés. Malheureusement, les associations semblent penser que le problème de saturation de marché ne peut être résolu qu'avec la mise en place d'une base de données sur les clients (pour éviter les prêts croisés) et le partage des zones géographiques entre elles.