* Le marché boursier peine toujours à décoller. * Lon ne table plus sur les résultats semestriels, mais plutôt sur dhypothétiques opérations de privatisation pour assurer la reprise. * Mais 2009 risque dêtre, malheureusement, une année blanche. La morosité qui règne sur le marché boursier depuis quelques mois commence à devenir pesante. Tant pour les sociétés de Bourse qui voient leur volume dactivité fondre comme neige au soleil que pour la société gestionnaire qui aura dailleurs rendu publiques des performances en nette régression. Lune des raisons avancées pour expliquer cette accalmie ambiante est, selon un analyste de la place, «lattentisme dont font preuve les investisseurs qui veulent avoir davantage de visibilité ». Est-ce tout ? A lévidence non. Les vraies raisons qui légitiment lambiance morose du marché semblent, en effet, plus profondes. Cest un tout, où se mêlent spéculations outrancières, transactions douteuses, arrangements suspects, défaillances de gestion... Un cocktail explosif qui a fini par plomber le marché. Spéculations Les nombreuses introductions en Bourse, à la faveur notamment de diverses mesures fiscales initiées par lautorité de tutelle, ont contribué, pendant plusieurs mois, à entretenir une bulle spéculative dont tiraient profit tant les investisseurs institutionnels que les petits porteurs. La place casablancaise était subitement devenue une grande maison de jeux où, pour quelques sous, lon pouvait espérer gagner le jackpot. Pas seulement espérer, mais gagner effectivement le maximum dargent en un temps très réduit. Cette facilité déconcertante avec laquelle justement les boursicoteurs réalisaient des plus-values aura dailleurs suscité la convoitise des investisseurs étrangers qui ont fait du marché un véritable centre de profit, avec la complicité subtile et experte de quelques sociétés de Bourse. Le meilleur placement à court terme était le marché boursier; les rendements des autres produits de placement, notamment classiques, devenant à la limite ridicules, voire nuls dès lors quon les rapportait au taux dinflation. Tout était donc prétexte à se positionner sur un titre. Ce qui confirmait, de fait, le dicton populaire qui laisse entendre quen Bourse, il faut acheter la rumeur et vendre la nouvelle. Cest ce qui se faisait alors, dans le cadre de démarches au parfum nauséabond de délits dinitiés où la notion dinformations privilégiées avait une valeur marchande dont ont tiré injustement profit, et en toute impunité, quelques délinquants financiers. Le marché était tellement juteux quune certaine entreprise a eu la mauvaise idée de travestir la réalité de ses comptes afin de pouvoir faire partie du cercle restreint des sociétés cotées. Estimant, certainement, quelle avait droit à sa part du gâteau. Retournement de tendance Un marché ne peut être entretenu durablement au moyen de la seule spéculation, laquelle a favorisé lexplosion des cours des sociétés cotées qui ont atteint des valorisations complètement en déphasage avec leurs fondamentaux. Les investisseurs et analystes avertis, même ceux qui ont bénéficié des «largesses» du marché, sattendaient à un retournement de tendance, après plusieurs mois deuphorie et de folie. Et cest ce qui est arrivé. La Bourse de Casablanca narrive toujours pas à trouver sa marque, le Masi affichant une performance annuelle de 1,97% à 11.200,56 points à la clôture de la séance du mardi 14 juillet. Cette situation traduit létat psychologique actuel des investisseurs. «Il y a une certaine crise de confiance qui prend racine dans le marché boursier et plonge les investisseurs dans une certaine torpeur», souligne cet analyste pour qui «ces derniers ont pris de mauvaises habitudes et tendent à attendre des opportunités pour se faire des plus-values; la notion de placement à moyen ou long terme seffaçant progressivement de leur stratégie». Même les institutionnels, ces faiseurs de marché, se signalent par leur absence. Au point que les espoirs dune reprise durable du marché se fondent maintenant sur dhypothétiques privatisations. Seuls moyens, pour certains, de «donner une nouvelle dynamique à la place et de provoquer un retour massif des investisseurs». En clair, lon ne compte plus sur les valorisations revenues à des niveaux bien plus raisonnables, encore moins sur les résultats semestriels qui vont être bientôt publiés. Lon se souvient, à ce titre, quil y a quelques mois, les analystes misaient beaucoup sur les réalisations annuelles des sociétés cotées au titre de 2008 pour favoriser la reprise. Mais lindice général a continué à jouer au yo-yo, malgré les bonnes performances réalisées par la majorité des entreprises de la corbeille. Et en attendant ? En attendant, cest le statu quo. Les entreprises «guerrières» qui ont voulu se joindre aux anciennes de la corbeille y ont momentanément renoncé, lEtat rechigne à y envoyer les quelques joyaux qui lui restent, les institutionnels ont déserté le marché et les petits porteurs attendent le premier pigeon pour pouvoir spéculer. Le tout pendant que la Bourse de Casablanca sombre dans un spleen désespérant et que les sociétés de Bourse voient leurs activités se réduire comme une peau de chagrin. Beau tableau !