* Les efforts de la BVC nont pas permis dattirer de nouvelles recrues à la cote * et ce sont les sociétés de Bourse qui paient fort le prix de la conjoncture boursière actuelle. D epuis son accession à la tête du management de la Bourse de Casablanca, Karim Hajji sest tout de suite retrouvé devant le défi de recruter de nouvelles sociétés à la cote. Plusieurs opérateurs estiment, en effet, que de nouvelles introductions en Bourse seront le seul moyen de redonner à la place casablancaise son éclat dantan. Dans ce sens, lors de sa première sortie médiatique, le nouveau top management de la BVC a fait savoir que ses prévisions tablaient sur 4 à 5 nouvelles IPO courant 2009. Et pour ce faire, lon a misé sur la carte marketing. Lon parle de plusieurs missions de prospection des entreprises, susceptibles dêtre cotées, entamées par les agents de la BVC, afin de définir les attentes et mettre à disposition toutes les informations dont ces entreprises ont besoin. Or, des mois ont passé sans que rien ne se profile à lhorizon. Lannée risque donc dêtre «aride». Et pour cause, les sociétés ayant fait part de leur intérêt pour la cotation à la Bourse se sont toutes retractées. A commencer par Trarem Afrique qui était très proche dune IPO entre fin 2008 et début 2009. La compagnie, spécialisée dans le mobilier de bureau, sétait même payé le luxe de soctroyer le visa du gendarme de la Bourse pour lopération en octobre dernier. Dès lors, la place casablancaise pensait avoir trouvé le premier client de lannée. Un flottant de 39% du capital, Upline Securities et SafaBourse (actuelle CDG Capital Bourse) comme conseillers toutes les modalités étaient prêtes Il nen fut malheureusement rien. Le management de la société avait renoncé à lIPO pour financer ses investissements et sétait contenté de lever des fonds auprès des organismes de crédit, tandis que dans le milieu boursier on parle plus de «Trarem, la société cotée» avant lhorizon 2010. Dautres sociétés plus ou moins importantes ont aussi marqué le pas, in extremis. Le promoteur immobilier Al Omran en fait partie. Car, en juillet dernier, lannonce avait fait sensation au sein des opérateurs de la place. Le groupe avait fait part de ses intentions de rallier la cote aux alentours de lété 2009. «La perspective dune introduction en Bourse ne saurait être concrétisée quaux environs de lété 2009», avait-on mentionné dans un communiqué de presse de la direction. Maintenant quon y est, il semble que cette décision a été reportée à plus tard. Les espoirs de nouvelles IPO fondent comme neige au soleil au fur et à mesure que lon se rapproche des échéances prévues pour ces opérations. La crainte est donc le maitre-mot chez les patrons de ces entités. «Dans un contexte où la Bourse est marquée par un grand attentisme des investisseurs, plusieurs sociétés sabstiennent de rejoindre la cote de peur que leur IPO nattire pas grand monde», nous confie un analyste de la place. Il semblerait également que lon redoute le niveau de valorisation de la place qui, faut-il le dire, ne ressemble en rien à celui que lon avait constaté au début de lannée dernière. Cest ce qui risque fortement de «pénaliser les nouvelles recrues qui, à lépoque où elles envisageaient lintroduction, sattendaient à un effet benchmark avec le marché beaucoup plus favorable», ajoute notre source. Au vu de ces explications, il est clair que les opérateurs privés ne se bousculent pas aux portes de la tour de verre du boulevard des FAR. Les espoirs de voir de nouvelles introductions en Bourse à court terme se tournent vers la privatisation. En effet, si loption RAM a été écartée pour le moment, il est clair que la récente étude de valorisation lancée sur Marsa Maroc pourrait faire de cette dernière la première à franchir le pas. Toutefois, il serait trop tôt pour spéculer sur la date de cette «éventuelle» privatisation, surtout lorsque lon sait que lévaluation de lentreprise nécessite plusieurs mois de travail. Et dans lattente des nouvelles IPO, ce sont les sociétés de Bourse et les banques daffaires qui subissent de plein fouet ce manque dattrait de la place. Même si les résultats 2008 de ces sociétés nont toujours pas été communiqués, lon pourrait dores et déjà sattendre à une baisse sensible de leurs revenus. Certaines sources parlent dune baisse du chiffre daffaires comprise entre 18% et 40%, selon chaque entité, au titre de lannée écoulée. Ceci intervient alors que seuls les quatre derniers mois de lannée ont été défavorables. «Depuis le début 2009, la baisse du volume déchange a atteint 40%, ce qui, conjugué à la baisse des cours, risque fortement dimpacter lactivité des sociétés de Bourse», déclarent nos satellites. En 2009, la situation risque donc dêtre plus pénalisante. Car, en plus de labsence de nouvelles introductions, générant dhabitude plusieurs millions de DH, la volumétrie du marché est aussi en repli, réduisant sensiblement les finances des sociétés de Bourse. Au point où plusieurs dentre elles envisageraient de fermer leurs portes, surtout les plus petits opérateurs qui nauraient pas profité de la phase haussière de ces dernières années, pour se constituer des réserves pouvant les prémunir contre les retournements du marché.