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Crise financière : L’absence d’outils d’alerte précoces pointée du doigt
Publié dans Finances news le 04 - 06 - 2009

* Cette crise a renvoyé à la face du monde une vérité : la mondialisation est une réalité.
* Les experts préconisent des mécanismes d’alerte précoces afin de déceler les vulnérabilités relatives aux risques systémiques.
Belle brochette de stars à Marrakech ! Des stars de la finance, mais également des ministres, opérateurs économiques… qui ont tenu à marquer de leur présence le 50ème anniversaire de Bank Al-Maghrib (www.financesnews.ma). Une occasion choisie par le gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, pour inviter ses pairs, mais aussi Dominique Strauss-Kahn, DG du FMI, et Jean-Claude Trichet, président de la BCE, à débattre sur «Le rôle des banques centrales et du FMI dans la détection et la gestion des crises financières : leçons de l’expérience récente».
S’il n’y a pas eu d’annonces choc lors de ce symposium international, les centaines de personnes présentes à cette manifestation ont pu partager, avec les différents intervenants, une évidence : l’ampleur et la profondeur de la crise financière ont conduit les banques centrales à être réactives et à initier des mesures drastiques pour en limiter les effets pervers.
«Face à l’ampleur de la crise, il fallait que les banques centrales prennent des mesures importantes pour garantir la continuité des activités des marchés financiers et asseoir la politique monétaire, d’où la baisse des taux d’intérêt et l’injection massive de liquidités», souligne Jouahri dans son allocution d’ouverture. Non sans préciser que le secteur financier marocain a été épargné par la crise, grâce notamment à la «solidité du système bancaire et à l’efficacité du régime de change», tout en reconnaissant que certains secteurs de l’économie nationale ont cependant été touchés.
«Ce qui est tout à fait normal puisque les cycles de crise sont fortement synchronisés entre l’Union européenne et le Maroc», renchérit Jean-Claude Trichet. Une crise qui a pris ses racines dans un «système financier tourné vers la spéculation, la croissance excessive du crédit, la complexité des produits financiers, mais également l’envolée des prix des actifs» dont la chute brutale a semé la panique dans les marchés financiers.
Pour autant, confie Trichet, «les banques centrales ont réagi avec rapidité et souplesse, la BCE usant d’instruments non conventionnels pour préserver la stabilité des prix à moyen terme et empêcher l’effondrement du système financier».
Ce qui n’a pas empêché la crise de se propager à l’économie réelle, touchant notamment les pays émergents. Même si ces derniers ont, comme en informe Trichet, «des perspectives à long terme prometteuses», il n’en demeure pas moins vrai que cette crise a mis à rude épreuve l’économie mondialisée. D’où, pour le président de la BCE, «l’obligation de renforcer la solidité du système financier et la résilience de l’économie réelle, d’autant que la situation reste encore imprévisible et difficile».
Les propos de Taoufik Baccar, gouverneur de la BC de Tunisie, vont dans le même sens. Il est d’avis que «certes, les BC sont à l’origine de l’accalmie actuelle car elles ont su réagir de manière assez pragmatique en initiant un certain nombre de mesures non conventionnelles, mais il n’en demeure pas moins vrai qu’aucune mesure n’a été prise pour déconnecter la sphère financière de la sphère réelle». Surtout que, déplore-t-il, «cette crise a permis de constater l’absence d’outils d’alerte à l’échelle mondiale».
Assertion que confirme Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France. «Outre le manque de vision globale, les systèmes d’alerte ont été déficients et le cadre de surveillance confié au FMI insuffisant, inadapté ou pas suffisamment appliqué par la communauté financière», fait-il remarquer, et d’ajouter que «nous nous étions préparés à une crise de change, c’est-à-dire de solvabilité ou de liquidité des risques souverains; nous avons été frappés par une crise de liquidité et de solvabilité des institutions financières des pays avancés». Partant de ce constat, Noyer propose «une gouvernance internationale renforcée, tant pour la prévention que la gestion des crises, la réforme du système de détection des vulnérabilités, ainsi que la réforme du cadre de gestion des crises, et en particulier l’organisation de la fourniture de liquidité, en l’absence de prêteur international en dernier ressort». Des propositions desquelles Strauss-Kahn ne peut faire fi, d’autant plus que lui-même reconnaît que «le FMI n’a pas été attentif aux augmentations de l’endettement privé, du prix des actifs et des risques systémiques». Pour autant, DSK n’est pas pour une régulation excessive. «Plus il y aura de réglementation, plus il y aura d’innovations pour contourner la réglementation», laisse-t-il entendre.
Toutefois, ce capharnaüm financier aura au moins permis d’apprendre deux choses, selon le DG du FMI : «la réalité de la mondialisation et les relations complexes entre sphère financière et économie réelle». Raison pour laquelle la mise en place de mécanismes d’alerte précoces pour déceler les vulnérabilités relatives aux risques systémiques est une chose sur laquelle tous les experts semblent s’accorder.
Et, en attendant «une sortie de crise attendue à partir du premier semestre 2010», comme le prévoit Strauss-Kahn, l’heure est à la vigilance. Guy Quaden, gouverneur de la Banque nationale de Belgique, se veut,à cet égard, circonspect car, avertit-il, «le retour à la croissance ne signifie pas forcément la fin de la crise; au contraire, il va falloir encore faire face à une longue période de difficulté».


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