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Crise du capitalisme libéral : Retour en force de l’interventionnisme de l’Etat
Publié dans Finances news le 03 - 10 - 2008

* Tension sur les marchés, faillites en série, recours à la nationalisation… le système capitaliste traverse l’une des crises les plus graves de son histoire.
* Les thèses ultralibérales sont remises en cause, impliquant un retour de l’équilibre entre le pouvoir régulateur de l’Etat et les lois du marché.
* Au Maroc, l’option du libéralisme et de l’ouverture va se poursuivre mais avec un renforcement des contrôles, de la régulation et de la réglementation.
Des nationalisations en série, un interventionnisme poussé de l’Etat, une remise en cause de l’autorégulation des marchés : ces faits sont devenus courants non pas chez des pays socialistes, mais bel et bien aux Etats-Unis et en Angleterre, des Etats fervents défenseurs du libéralisme à outrance. Les mêmes scénarios sont présents chez les autres pays occidentaux. Et pour cause, le système capitaliste mondial passe par une véritable crise. Il peut basculer à tout moment vers une déprime totale sous l’effet domino. Faillites en masse, surtout des grosses structures privées, manque de liquidité, manque de visibilité, tension sur les marchés, volatilités des cours, fonds de retraites menacés. Une véritable insécurité ! Les banques centrales continuent d’injecter des milliards pour calmer les marchés, en vain. Le doute persiste et les marchés sont sous haute pression, incapables d’évoluer normalement.
La crise des subprimes continue de faire des victimes. L’Etat pompiste n’arrive toujours pas à épancher sa soif. L’administration américaine a joué sa dernière carte. Le plan de sauvetage qui consiste en l’injection de 700 milliards de dollars pour sauver les structures en faillite est rejeté par le Congrès. C’est la plus grave crise jamais enregistrée depuis celle de 1929.
Vigilance au Maroc !
Le Maroc, qui a opté depuis des années pour un libéralisme progressif, reste épargné pour le moment par cette crise. Les officiels n’arrêtent pas de donner les signaux de confiance quant à la solidité du système financier et économique marocain. Mais jusqu’à quand ?
Salaheddine Mezouar, ministre de l’Economie et des Finances, a déclaré dans ce sens que «le Maroc est une exception. Le taux de croissance, d’investissement et le niveau de chômage continuent de présenter des chiffres très encourageants. Mais l’obligation de vigilance est de mise. Nous devrons rester constamment à l’écoute et anticiper toutes les défaillances qui peuvent causer des préjudices à notre économie ou à notre système financier».
Le mini-krach qui a secoué la place casablancaise durant les journées des 16 et 17 septembre laisse à penser que les risques de vulnérabilité existent. Les moyens de prévention ne sont pas totalement fiables.
En tout cas, la crise financière internationale va provoquer un véritable tournant dans la pensée économique. Déjà, chez les dirigeants politiques de l’Occident, l’heure est aux interrogations et à la recherche de solutions pour le long terme. «Il faut refonder le système capitaliste», comme l’a prôné Nicolas Sarkozy. Pour le Président français, «la crise financière n'est pas la crise du capitalisme, c'est la crise d'un système qui s'est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme».
Il a ainsi estimé que la crise actuelle mettait fin à une «certaine idée de la mondialisation» et à l'idée «folle» selon laquelle les marchés ont toujours raison. Le Président français a plaidé pour un «nouvel équilibre entre l'Etat et le marché».
Khalid Alioua, PDG du CIH, lors de la journée consacrée à la crise internationale et son impact sur le Maroc, a déclaré à FNH que «le Maroc doit mener des réflexions dans ce sens pour trouver de nouveaux mécanismes de prévention et de régulation. La BCE réfléchit à des mécanismes». Commentant la crise de l’immobilier, il a précisé que ce qu’«il faut savoir, c’est que les ressources qui vont financer l’immobilier sont à court ou moyen terme alors que les crédits sont généralement à long terme, soit plus de quinze ans». Alioua a précisé par ailleurs que «malgré le doublement du réseau bancaire ces dernières années, le taux de bancarisation n’ a pas doublé».
Au fond, il ne s’agit pas d’une crise unimodale qui a un aspect uniquement financier, mais bel et bien de plusieurs crises. C’est une crise alimentaire, énergétique, économique et écologique accentuée par de fortes pressions spéculatives.
Faut-il remettre en cause tout le processus d’ouverture de l’économie nationale ? «Non», nous confie Youssef Oubouali, professeur universitaire. «Il faut continuer le programme, mais veiller à ce que l’Etat dispose de mécanismes de contrôle et de régulation très poussés permettant de faire face aux dérapages du marché. Le processus de libéralisation de l’économie et du secteur financier devrait continuer», a-t-il noté. Le modèle occidental serait-il transmissible sans dégât au Maroc ? «Il n’y a pas un système alternatif au système libéral», a indiqué Oubouali, mais encore faut-il que l’Etat trouve les mécanismes adéquats pour réguler les marchés en fonction des besoins». Il a précisé que le «système libéral a pu s’adapter et sortir de plusieurs crises». «Mais la problématique réside, a-t-il noté, dans le fait que le système capitaliste mondial est basé sur l’hégémonie des Etats-Unis qui exportent leur crise vers le reste du monde».
Pour assurer des moyens de contrôle efficaces, Abouali suggère que «les institutions responsables soient dotées d’outils suffisants et de lois claires et parfaitement adaptées».
Au Maroc, l’économie de marché a pris des avancées dans plusieurs secteurs. Mais elle reste toutefois au stade primaire dans d’autres. L’Etat demeure fortement présent et à tous les niveaux, en tant que régulateur et en tant qu’acteur économique. C’est ce qui explique que le pays est resté plus ou moins épargné par la crise internationale.


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