* Pour les textiliens, le problème daujourdhui est lié au carnet des commandes. * Les banques sont appelées à accompagner les entreprises de textile dans leur mutation de la sous-traitance vers les produits finis. * La reprise viendra des pays émergents parce que cest là où se trouvent les rentes de demain. Dans un contexte de crise, le soutien des activités vouées à lexport devient une nécessité impérieuse. Le débat de cette thématique a été initié récemment par le club Entreprendre. Toutefois, et en dépit de limportance dun tel débat, le ministre du Commerce extérieur, Abdellatif Maâzouz, na pas pu assister à cette table-ronde pour des raisons liées à son agenda. Aussi, Saâd Benabdellah fraîchement nommé à la tête du CMPE, na pu être présent et sest fait remplacer par le chef de department Recherches et Etudes de Marchés, Mohammed Chahoub. La présidente de la SMAEX, Nezha Lahrichi, a tenu à rappeler que le débat daujourdhui ne doit plus porter sur les causes de léclatement de la crise, mais surtout sur sa durée et son ampleur. Il est désormais indispensable de trouver les bonnes réponses aux bonnes questions. A cette interrogation, deux thèses saffrontent. La première considère que tout le mode de consommation sera remis en cause. Aussi, la sortie de crise sera-t-elle être plus longue et nécessitera au moins quatre ans. La seconde thèse est celle, optimiste, qui considère quil sagit dune simple crise cyclique qui se répète tous les dix ans. Pour les tenants de cette thèse, la sortie de crise interviendrait au plus tard au début de lannée 2010. Mais cela nempêche pas N. Lahrichi dexhorter à plus de vigilance sur les aboutissants de cette crise qui commence dores et déjà à produire des effets négatifs sur le contexte national. «Cest la première fois que lon assiste à des récessions aussi synchronisées aux Etats-Unis, en Europe et au Japon et donc on ne sait pas si les politiques de relance vont donner les fruits escomptés», annonce la présidente de la SMAEX. Elle estime pour autant que la crise qui sévit aujourdhui est celle de la consommation, véritable moteur de développement. Selon elle, on assiste aujourdhui à une baisse de la consommation à cause dun faible pouvoir dachat, comme cest le cas du secteur textile-habillement. Par ailleurs, on assiste à une baisse de la consommation des produits dont lachat est conditionné par le crédit tel que limmobilier ou lautomobile. La crise est donc la résultante dune demande dopée par les crédits. Et pour contrecarrer les effets de la crise, un plan de relance devrait se décliner en mesures durgence à même de soutenir la consommation à court terme (cotisations sociales, impôts sur le revenu ) et celles à long terme pour un meilleur soutien de léconomie. Haro sur le soutien bancaire ! Le Maroc est déjà dans cette configuration de relance. Le budget 2008 affiche un excédent. La machine de développement de son infrastructure est lancée depuis plusieurs années et plusieurs projets denvergure sont en phase finale de réalisation. La Loi de Finances 2009 comporte des mesures liées au soutien du pouvoir dachat. Autre atout avancé par N. Lahrichi : le maintien de la notation accordée au Maroc par le premier assureur mondial des exportations quest la Coface et ce dans un contexte de crise. Le Maroc a pu ainsi maintenir sa place dans un contexte où bon nombre de pays avaient constaté une nette dégradation. N. Lahrichi reconnaît que les effets de la crise internationale commencent à toucher sérieusement les principaux secteurs exportateurs, mais elle signale toutefois que jusquà présent, la SMAEX na pas constaté dimpayés à part la faillite dun fournisseur en Grande-Bretagne. Ce ton optimiste ne semble pas être partagé par KarimTazi, patron de Folly Fashion qui estime que cest le secteur du textile-habillement qui en paie le plus les frais. «Plus ouvert sur la concurrence internationale, il a toujours été un secteur à risque. Bien plus, avec la crise, il y aura un repli sur les zones de proximité comme lEspagne», admet le patron de Folly Fashion et propriétaire de lenseigne Marwa. Bien au contraire. «En 2008, la baisse des exportations du textile avait atteint 10%, due essentiellement à la baisse de la consommation des principaux clients, notamment lEspagne et la France». Ce qui, selon Tazi, pourrait correspondre à 10% des pertes demplois. Il nie par contre les chiffres relatifs à la perte demplois annoncée par les médias, mais il reconnaît que la situation risque de saggraver davantage si rien nest fait. «La crise pourrait être amplifiée par la concurrence dautres pays qui veulent consolider leurs positions tels que lAsie du Sud qui va bénéficier de la suppression des quotas. K. Tazi na cessé de rappeler à qui veut lentendre que le problème que vit aujourdhui le secteur du textile-habillement est surtout un problème de carnet des commandes. Le secteur est appelé à passer de la phase de la sous-traitance à la confection des produits finis. Pour y parvenir, les banques doivent apporter plus de soutien et accompagner les entreprises dans cette mutation. Aussi, la Loi de Finances 2009 prévoit-elle un fonds de 500 MDH destiné à lexport, dont 250 MDH seront débloqués à partir de 2009 et les 250 MDH restants à partir de 2010. La Smaex, à son tour, a mis en place des mesures daccompagnement pour limiter les dégâts de la crise. On cite à cet effet, les assurances crédit public pour financer le risque politique et les foires promotionnelles pour couvrir léchec des prospections qui sont proposées aux entreprises exportatrices (les frais de prospection sont passés de 50 à 80%). La récession qui sévit dans les principaux pays fait que beaucoup de clients européens, entre autres, en difficulté, demandent des délais de paiement de plus en plus longs. Lunanimité est de mise sur le fait que la reprise viendra des pays émergents. Et cest là où se trouvent les rentes de demain.