* Ce qui était normalement destiné à être une simple affaire de mauvaise gestion locale est, pour ainsi dire, devenu une affaire «nationale» au sens où lintervention énergique du ministère de lIntérieur a touché le principal parti dopposition parlementaire. * La tutelle exercée sur les collectivités locales est à nouveau décriée au motif que linstance de contrôle ne peut sériger en juge et partie. La coïncidence de la révélation du scandale du Conseil communal de la ville de Meknès avec lannée des communales na pas été digérée par la plupart des composantes de lopposition marocaine. Tandis que la plupart des partis formant le gouvernement de Abbas El Fassi ont observé une attitude passive qui laisse croire quils nétaient pour rien dans le bras de fer ouvert qui oppose le département de lIntérieur au P.J.D. Cette attitude est dautant plus remarquable quau lendemain de la conférence de presse organisée par le parti de Abdelillah Benkirane, le ministère sest senti comme obligé dintervenir lui aussi publiquement. Comme nimporte quel autre acteur politique. Ce qui était donc destiné à être une simple affaire de mauvaise gestion locale a dégénéré en affaire «nationale». Au sens où lintervention énergique du ministère de lIntérieur a touché le principal parti de lopposition parlementaire. Et non de lopposition «locale». Puisque lenjeu demeure de briguer des sièges au sein des Conseils communaux lors du scrutin de juin prochain. Parmi les autres enseignements à tirer de cette affaire, cest probablement le commencement dune nouvelle méthode de tutelle sur les collectivités locales. Après la réforme de la Charte communale et la satisfaction de la plupart des demandes des élus locaux qui se plaignaient du poids de la tutelle, lEtat veut montrer maintenant quil ne sera plus inactif pour mener son rôle de contrôler a posteriori tous les aspects de la gestion locale, et spécialement les présidents des Conseils qui doivent rendre compte des importantes prérogatives quils auront au lendemain du scrutin de juin prochain. Il faut dire aussi que la responsabilité des présidents des Conseils communaux ne peut jamais être mesurée au seul critère de la légalité des décisions quils prennent, mais à leur caractère opportun aussi. Sur ce point, laffaire du président du Conseil communal de Meknès sera un important antécédent dans la jurisprudence administrative marocaine. La suite de cette affaire et son sort final doivent en tous les cas respecter la légalité et permettre aux élus de retrouver vraiment confiance dans lappareil étatique de contrôle.