* BMCE Capital Bourse table sur une croissance des capacités bénéficiaires de 8,7%. Un chiffre qui ne prend pas en compte les 600 MDH de déficit, récemment annoncés par Managem. * Managem a pris de court également les analystes dAttijari Intermédiation qui tablaient, il y a deux mois, sur une croissance de 21,6%. Un chiffre qui a été, selon eux, largement revu à la baisse à seulement 10%. * Integra Bourse table, pour sa part, sur une progression des bénéfices de lordre de 19,6%. Un chiffre qui doit être bien évidemment retraité du déficit de Managem et de son impact sur les comptes de lONA et de la SNI par ricochet. Lexercice 2008 est clos. Et quelques semaines seulement nous séparent de la saison des publications des résultats annuels des sociétés cotées. Des résultats que le marché attend impatiemment, au vu des évènements majeurs survenus durant lannée écoulée. Et si les résultats semestriels, arrêtés au 30 juin 2008, ont été assez bons, avec une progression des capacités bénéficiaires de lordre de 19,4%, les résultats annuels seront, de lavis de plusieurs analystes, nettement moins bons. Et rompront catégoriquement avec les niveaux de croissance des deux dernières années. Après une progression des bénéfices de +16,8% en 2006 (à 20,7 milliards de dirhams) et de 30,8% en 2007 (à 27,2 milliards de dirhams), les analystes du marché, sondés par Finances News Hebdo, sattendent à une progression de 8 à 10% uniquement. Cest du moins le consensus qui semble actuellement se dégager. Managem chamboule les prévisions Le département analyse et recherche de BMCE Capital Bourse (BKB) table, dans son denier rapport annuel, sur une progression des bénéfices de lordre de 8,7%. «Un chiffre qui ne prend pas en considération les 600 MDH de déficit déclarés tout récemment par Managem», nous précise Hicham Saâdani, responsable du Centre dIntelligence Economique chez BKB. «Ceci sans compter, ajoute-t-il, limpact quauraient les résultats de Managem sur le groupe ONA, maison-mère du groupe minier, et par ricochet sur la SNI», ajoute-t-il. Le chiffre avancé dans le rapport de BKB doit donc être revu à la baisse. Hicham Saâdani nous explique, par ailleurs, que la décélération du rythme de croissance des bénéfices est due en grande partie à la non récurrence des éléments exceptionnels qui ont fortement caractérisé lexercice 2007. Lexemple étant donné par le groupe ONA, qui a fortement bénéficié durant lexercice 2007 des plus-values des cessions réalisées (Axa Assurance, principalement, pour un montant de 1 milliard de dirhams). Le CIH et la BMCE Bank avaient eux aussi inscrit dans leurs comptes des profits non récurrents, relatifs respectivement à la récupération en masse de quelques créances en souffrance pour un montant de 690 MDH, et à la plus-value de cession des 5% du capital de la BMCE Bank à lEspagnol CAM pour un montant de 700 MDH. Des réalisations qui, somme toute, ne risquent pas de se reproduire cette année encore. Les analystes dAttijari Intermédiation, quant à eux, sont on ne peut plus optimistes. Dans un de leurs flashes du marché actions, datant du 26 novembre 2008, les analystes de la société de Bourse du groupe Attijariwafa bank tablaient sur une croissance des bénéfices de plus de 21%, offrant par là même un niveau de rentabilité financière dune moyenne de 30%. Des prévisions qui ne sont plus à lordre du jour, nous dit-on. «Ces prévisions datent du mois de novembre et sont largement dépassées», nous déclare une source interne à la société de Bourse. «Nous avons largement revu nos prévisions à la baisse. Nous tablons actuellement sur une progression des bénéfices de seulement 10%», précise notre source. «Une correction qui sest imposée au vu, dabord, du profit warning lancé par Managem, et qui ne manquera pas de grever considérablement les résultats des deux holdings ONA et SNI. Ceci sans compter le fléchissement manifeste des prix de quelques matières premières, lequel ne manquera pas également dimpacter négativement les résultats de quelques sociétés comme la Sonasid, ou encore la Samir», explique notre source. En tout cas, le département recherche et analyse dAttijari Intermédiation serait, selon nos sources, en train de peaufiner un document danalyse plus détaillé sur la question. Un document qui sera publié, selon toute vraisemblance, dans les deux prochaines semaines. Le brin doptimisme La nouvelle coqueluche du secteur, Integra Bourse, prévoit de son côté une progression plus rapide des bénéfices. Les analystes dIntegra Bourse partent, pour faire leur projection, du bon comportement des sociétés cotées durant le premier semestre de lannée, pour dresser un tableau, plutôt rose, de ce que sera lexercice 2008. «En dépit des conditions générales du renchérissement des matières premières, notamment énergétiques, les résultats semestriels des sociétés cotées se sont inscrits en hausse globale de 19,4%, profitant dune bonne maîtrise de lexploitation pour la majorité. Nous estimons que cette tendance devrait se confirmer dans les résultats annuels malgré le ralentissement de la demande émanant de létranger sous leffet de la récession économique à léchelle internationale», peut-on lire dans le dernier rapport annuel de la société de Bourse. Les analystes de cette dernière tablent, en cela, sur une croissance des bénéfices de lordre de 19,5%, soit un taux de progression beaucoup plus rapide que les taux enregistrés ces deux dernières années. Mais là aussi, il faut dire que nos analystes ont été pris de court par lannonce faite par la filiale minière du groupe ONA. Les estimations dIntegra Bourse sont également à revoir à la baisse. Mais elles restent tout de même à un niveau assez élevé comparé au consensus qui semble se dégager dans la place. Rachid Zraigui, patron dOrange Asset Management, affiche également un brin doptimisme quant aux résultats de lexercice écoulé. Sans trop saventurer à donner des prévisions chiffrées, Rachid Zraigui estime que les résultats des sociétés cotées pour lexercice écoulé seront globalement bons. Car, explique-t-il, «limpact de la crise mondiale ne se fera ressentir quà partir de lannée 2009». «Outre Managem, qui a été frappé de plein fouet par le spectre de la crise financière internationale, toutes les sociétés cotées, pratiquement, en sont sortis indemnes et devront afficher un rythme de croissance des plus normaux», nous dit-il.