* Les marchés publics dun montant supérieur à 5 MDH sont passibles de laudit interne. * Le seuil des 5 MDH ne représente pas la même importance pour tous les marchés. * Les avis divergent quant à lobjectivité de lauditeur interne. La mauvaise gestion des deniers publics dont sont accusés de nombreux établissements publics continue dalimenter la chronique économique nationale. Le dernier rapport de la Cour des comptes a mis le doigt sur un certain nombre danomalies qui vont à lencontre de la déontologie administrative et de la moralisation de la gestion des affaires publiques. Afin de mettre un terme à ce type de malversations, un nouveau décret relatif à la passation des marchés publics a vu le jour. Son leitmotiv est de garantir la transparence dans la préparation, la passation et lexécution des marchés publics et, au finish, réduire les possibilités de recours à des pratiques de fraude ou de corruption. Le but est aussi dassurer légalité de traitement des soumissionnaires dans toutes les phases de passation. En plus de ladaptation de la réglementation nationale avec les normes internationales et les engagements de lEtat. Des objectifs qui, selon les opérateurs, demeurent encore au stade utopique. Laxe important du nouveau décret est laudit interne, essentiellement pour les marchés dont le montant dépasse 5 MDH. Il sagit de lune des dispositions spécifiques pour limiter les risques de corruption. Le contrôle interne est en passe de devenir une préoccupation des managers financiers publics. Le contrôle interne : une nouvelle préoccupation Selon la définition la plus souvent retenue au niveau international, le contrôle interne est lensemble des dispositifs choisis par lencadrement et mis en uvre par les responsables pour maîtriser le fonctionnement de leurs activités. Le périmètre des standards de contrôle interne est très étendu et englobe toutes les activités et toutes les procédures de lorganisme en question. La maîtrise des procédures comptables et financières, garantissant la bonne gestion des fonds publics, constitue une des grandes priorités. Aussi, le manager est-il exhorté à identifier des zones de fragilités qui peuvent compromettre la réalisation des objectifs et mettre en uvre les mesures adaptées pour maîtriser son activité. Tout cela ne doit pas faire oublier que le fil conducteur dudit contrôle demeure la limitation de la fraude, dautant plus quil sagit souvent des deniers publics. Lenjeu pour le manager est de mettre en place une analyse objective de la vulnérabilité de son organisation et de mettre en uvre des mesures coûteuses qui soient de nature à renforcer la sécurité, sans pour autant compromettre la fluidité des procédures. Des écueils à éviter Bien quadopté récemment, le décret relatif aux marchés publics, dans sa partie contrôle, reste sujet à des interrogations. Daprès un expert, «laudit interne dun marché public sous la responsabilité dun ordonnateur du même organisme risque dêtre non objectif». Et donc les conclusions et recommandations contenues dans le rapport pourraient ne pas détecter les zones de fragilité. Partant de cet état de fait, laudit interne se traduirait davantage par une nouvelle mobilisation des ressources humaines. Cet avis ne semble pas être partagé par un responsable du ministère des Finances: «Les auditeurs internes doivent s'abstenir d'auditer des opérations particulières dont ils ont été auparavant responsables. L'objectivité d'un auditeur interne est présumée altérée lorsqu'il réalise une mission d'assurance pour une activité dont il a eu la responsabilité au cours de l'année précédente». Si lindépendance ou lobjectivité des auditeurs internes sont susceptibles dêtre compromises lors des missions de conseil qui leur sont proposées, ils doivent en informer le client donneur dordre avant de les accepter. Il annonce également quil sagit là dun contrôle a priori de la dépense publique et quil existe dautres a priori tels que ceux de la Cour des comptes ou de lInspection générale des finances. Toutefois, il est à préciser que si linstauration dun audit interne pour les marchés dun montant de 5 MDH est exhaustif, il nen est pas de même pour les autres types de contrôle a posteriori. Pour le cas de lInspection générale des finances, le contrôle nest pas systématique et nest activé quà la demande du gouvernement. Idem, la Cour des comptes a des compétences très larges et se saisit elle-même pour contrôler les comptables publics. Autre point important : le seuil des 5 MDH. A noter que ce seuil na pas la même importance pour lensemble des organismes. Par exemple, pour le cas des régies, ces dernières conçoivent que cest à partir de 10 MDH que le marché devient plus important et que cest donc à partir de là que le contrôle est exigé. «Je trouve quil est préférable dinstaurer, au début, un seuil forfaitaire de 5 MDH avant de penser à le généraliser à lensemble des marchés», explique ce même responsable. Last but not least, les modalités daudit fixées par le ministère de tutelle revêtent une importance particulière. Ce dernier est appelé à décider à quels niveaux se situe le contrôle. Est-ce quil va par exemple concerner le volet administratif ou technique ? Il est à signaler que jusquà présent aucun ministère na pris la peine de fixer des modalités daudit et de les envoyer aux organismes placés sous sa tutelle. Laudit interne peut limiter la corruption et améliorer lefficacité dans la passation des marchés publics, mais cela ne peut être réalisable sans la responsabilisation accrue des ordonnateurs, lengagement des ministères de tutelle et le recentrage sur la performance et le contrôle a posteriori. Aussi, laudit interne, sil arrive à détécter les anomalies, vaut mieux que celui de la Cour des comptes si létablissement en question a eu la malchance dêtre contrôlé par cette dernière. Comme dit ladage : «mieux vaut prévenir que guérir».