* Les pays arabes restent pour le moment épargnés mais le risque de contagion est omniprésent. * Les gouverneurs des banques centrales appellent à élaborer de nouvelles stratégies de contrôle et de régulation. * De recommandations du forum seront exposées lors du prochain conseil du FMI. Les pays arabes restent pour le moment épargnés par la crise financière internationale, mais leur niveau douverture assez élevé laisse supposer un réel risque de contagion. Les banques centrales ont un rôle important à jouer pour assurer la stabilité monétaire et financière. Ces organes ont aussi la responsabilité de prévoir les risques et les différents dérapages. Cest dans ce cadre que sest tenue la 32ème session ordinaire du Conseil des gouverneurs des banques centrales et du Fonds monétaire arabes à Marrakech. Cette réunion sinscrit dans le cadre des efforts de concertation et de discussion déployés en prélude du Conseil du Fonds monétaire international (FMI) qui devrait se tenir prochainement. Les différents intervenants lors de cette session ont mis laccent sur la nécessité dintensifier les mesures de contrôle et de réglementation. «La crise internationale a eu des effets nuisibles sur linvestissement et lemploi. La récession a perturbé les marchés», a souligné Sinane Chihabi gouverneur de la Banque centrale dIrak. Chihabi a appelé «à élaborer de nouvelles politiques pour dynamiser les économies et avoir la confiance des investisseurs et des épargnants. A cet égard, les autorités monétaires sont tenues de chercher les meilleures solutions». Les idées de Chihabi sont aussi partagées par Hamoud Sengour Azzedjalli, directeur exécutif de la Banque centrale dOman, qui a souligné que «la crise actuelle est sans précédent. Elle est marquée par des pertes colossales et des effets collatéraux considérables. On a vécu plusieurs crises ces dernières décennies en Amérique latine, en Asie et ailleurs, mais qui ont été vite surmontées. Cette crise-là pourrait perdurer et ses effets seront perceptibles même pour le long terme». Azzadjalli a mis laccent également sur les causes qui ont généré la crise, entre autres, les activités hypothécaires mal ou peu contrôlées. Il y a des leçons et des enseignements qui peuvent en être tirés. Lévolution bancaire, notamment la création de nouveaux produits et de leurs dérivés, a dépassé de loin les outils de contrôle et de supervision. A cet égard, les experts monétaires arabes ont prôné plus de rigueur et plus de transparence. Lautre leçon de taille concerne une meilleure gestion des risques. Les économies arabes ont réalisé des performances notoires ces dernières années. Mai elles peuvent basculer vers une récession ou un déclin sous leffet de la conjoncture internationale et un dérapage des marchés. «Il faut veiller à la stabilité de notre système monétaire qui est en quelque sorte garant de la stabilité économique», a averti Azzedjalli. La coopération entre les banques centrales arabes, notamment en matière déchange dinformations, permettra à coup sûr de bien cerner les risques. «Avec la mondialisation, le risque de propagation de la crise financière internationale est omniprésent. Un climat de psychose existe», a indiqué Jassime Manaï, Directeur général du Fonds monétaire arabe. Il a averti que «le mot dordre est la vigilance et que le risque dessoufflement est présent». A son tour, Manaï a souligné quelques enseignements à tirer de lactuelle crise : Il faut une bonne évaluation des risques. En période de forte croissance, il est nécessaire de renforcer les mesures de contrôle et de régulation. Il faut, par ailleurs, avoir un endettement acceptable pour que le système monétaire ne soit pas vulnérable. A l'instar de nombreux pays arabes, le Maroc connaît, depuis le début de la décennie en cours, une croissance rapide et soutenue, résultant des réformes structurelles adoptées ainsi que de la mise en oeuvre de nouvelles politiques économiques. Cette croissance se traduit notamment par l'amélioration de l'environnement des affaires qui a permis, à son tour, un accroissement du volume d'investissement et une hausse du niveau de vie, tous deux responsables du développement de la consommation. Elle tient également à la diversification de la base de production et à l'émergence de nouvelles activités qui ont joué le rôle de locomotive de la croissance dans les secteurs de l'industrie et des services. Lors de ce forum, Abdellatif Jouahri a lu un message royal adressé aux participants dans lequel le Souverain a mis laccent sur «les mesures prises pour maîtriser linflation, améliorer l'état des finances publiques et des comptes extérieurs et préserver la stabilité des taux de change». En parallèle, le Maroc sest attaché à poursuivre le développement du secteur bancaire et financier et à renforcer le dispositif de surveillance et les systèmes de prévention. Ces actions conjuguées ont eu pour effet de favoriser l'essor des marchés financiers et d'assurer la diversification des instruments financiers, une situation qui a été rendue possible grâce à la pratique, par Bank Al-Maghrib, d'une bonne gouvernance. « Le Forum revêt une importance particulière du fait qu'il se tient dans une conjoncture internationale délicate. L'économie mondiale se trouve, en effet, confrontée à une crise sans précédent qui menace de ralentir le rythme de croissance et de compromettre la stabilité du système bancaire et financier», souligne-t-on dans la lettre royale.