* Au caractère bien trempé de lun, soppose la retenue de lautre. * Leur point commun : leur métier, lequel constitue aujourdhui la pomme de discorde. Ils occupent bien la scène médiatique ces dernières semaines. Ils sont sans doute les hommes daffaires les plus médiatisés du moment. Le sont-ils pour autant grâce au brio avec lequel ils ont su faire prospérer leurs affaires respectives ? Il y a de ça. Mais ce nest pas tout. Ils sont surtout devenus «populaires» grâce à la guerre des tranchées, dont la presse sert de caudataire, à laquelle ils se livrent. Une guéguerre aux allures de querelle dintérêts qui aurait manifestement bonne place dans lintéressante émission «Y a que la vérité qui compte», diffusée sur la chaîne française TF1. Cest passionnant. Passionnant de voir deux hommes aussi nantis se livrer bataille pour des bouts de terre représentant, convenons-en, des enjeux financiers énormes. Cela rappelle la fameuse époque des riches propriétaires terriens, du temps de la féodalité. Chaâbi et Sefrioui, tout les oppose. Même si, ironie du sort peut-être, ils ont la chance (ou malchance ?!) dexercer le même métier : promoteur immobilier. Un métier bien lucratif en ces temps où la flambée des prix de limmobilier enrichit encore davantage les promoteurs et prive laccès au logement aux plus démunis. Ce métier quils partagent pourtant est, aujourdhui, comme tout le monde le sait, lobjet de leur différend. Cela, avec le recul nécessaire, nest point surprenant pour qui connaît bien Chaâbi. Le Président du Groupe qui porte si bien son nom a, en effet, un caractère bien trempé. Un trait de caractère que tout le monde lui reconnaît. Pour lui, cest simple : un chat est un chat, et il faut lappeler comme tel. Et il ne mâche pas ses mots, fussent-ils adressés aux pouvoirs publics. Porter des gants, ce nest pas du tout son truc. Son verbe cru choque. Cette manie de dire «sa» vérité, en toute circonstance, et quel que soit son interlocuteur, il la tient peut-être de son parcours atypique. Il le revendique, dailleurs, à chaque occasion. Il a bâti son empire «à force de travail et sans bénéficier dune quelconque faveur de lEtat marocain», se plait-il à souligner. Autodidacte, il est parti en effet de rien pour devenir quelquun. Un homme daffaires riche et puissant. Cest peut-être parce quil soutient avec triomphalisme quil ne doit rien à personne quil ne sembarrasse pas de formalisme. Même avec ses «confrères» avec lesquels il partage les sièges de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers. Tantôt parlementaire, tantôt Président de la FNPI, ses sorties médiatiques fracassantes à légard des pouvoirs publics et de son plus grand concurrent dans le microcosme des affaires, Anas Sefrioui, suscitent lindignation au sein de lEtat et créent un malaise au sein de la Fédération. Ce qui lui a valu, vraisemblablement, de démissionner récemment de son poste de Président de la FNPI. Il réclamait et réclame toujours la transparence (à travers des appels doffres en bonne et due forme) dans le processus de cession des terrains de lEtat, qualifiant au passage Sefrioui de privilégié qui bénéficie des largesses dun Etat jugé bien généreux. Son combat, dans labsolu, est noble. Cest tout à son honneur, car la transparence dans la passation des marchés publics est lun des principes fondamentaux de la bonne gouvernance et de la bonne conduite des affaires publiques. Pourtant, il semble légitime de se demander si, en un demi-siècle en tant quopérateur dans le secteur de limmobilier, Miloud Chaâbi na jamais bénéficié daucune faveur de lEtat, celui dont il critique aujourdhui avec véhémence les rapports soi-disant privilégiés quil entretient avec le Président du Groupe Addoha, Sefrioui. Lui sen défend vigoureusement en tout cas. Lopinion publique, elle, fera son propre jugement. Encore faut-il se demander pourquoi il est le seul, au sein de la corporation, à élever la voix et à protester ? Les autres promoteurs ne se sentent-ils pas concernés, voire lésés ou sinscrivent-ils plutôt en faux contre les procédures quil dénonce ? Cest à voir. A son opposé, Sefrioui est dun tempérament plutôt calme. Actif industriel au début des années 80, il a actuellement 20 ans de métier dans la promotion immobilière depuis quil a créé la société Douja Promotion Groupe Addoha en 1988. Sa sérénité apparente ne lempêche pas pour autant de répliquer sévèrement aux piques lancées par Chaâbi , tout en plaidant la bonne foi et en défendant la légalité dans le processus dattribution des marchés dont il a bénéficié de gré à gré. Légitime défense, dira-t-on. Transparence ? Aujourdhui, quelles que soient les arguties avancées par les uns et les autres, il est évident que toutes ces polémiques autour de la cession des terrains de lEtat a enfoncé le clou de la suspicion qui a toujours entouré la passation des marchés publics. Cest dire que la situation actuelle, que lon se place dun côté ou de lautre, ne plaide en aucune manière à mettre de la lumière sur cette affaire de cession gré à gré de terrains à Sefrioui. Ainsi, au crédit de ce dernier et de Chaâbi, on ne peut que supposer quils sont de bonne foi. La vérité, la seule qui peut concrètement être servie aux nombreux observateurs qui suivent cette affaire de près, ne peut provenir que de lEtat. Un Etat actuellement pointé du doigt et qui se doit de faire sauter la chape de plomb qui recouvre encore le fameux principe de l «encouragement à linvestissement». Un terme aux rouages encore flous dont le contenu doit être dépoussiéré, explicité et porté sur la place publique au nom du sacro-saint principe de la transparence. Transparence à laquelle ont sacrifié tant Chaâbi que Sefrioui en décidant demmener à la cote des sociétés de référence comme Snep et Addoha. Transparence qui voudrait que lintérêt de la collectivité prime sur les intérêts personnels.