* LAMPL dénonce les conditions de travail au sein de la compagnie. * Le dialogue avec la DG est interrompu. * Qualité de service : un boulet que traîne la RAM. Les perturbations des vols de la RAM ont fait la Une de plusieurs titres marocains la semaine dernière. Entre retards exagérés et annulations de vols, les désagréments subis par les voyageurs nétaient pas des moindres. En cause, une vingtaine de pilotes de ligne qui sont tombés simultanément malades le 3 juillet dernier, entraînant une enquête diligentée par la Direction générale de la Royal Air Maroc, laquelle estime ce nombre dabsences «anormalement» élevé. Voilà pour les faits. Il faut néanmoins savoir que le climat social au sein de la compagnie est pour le moins tendu, et ce depuis plusieurs années. Au centre de cette ambiance délétère, le bras de fer qui oppose la DG à lAssociation marocaine des pilotes de ligne (AMPL). Une Association qui, par la voix de Najib Al Ibrahimi, pilote de ligne et membre de lAMPL, dénonce avec véhémence les conditions dexercice de leur profession. Selon lui, «nous sommes réellement fatigués et vivons une situation intenable». «Les heures de vols ont été augmentées, surtout la nuit, en raison du déploiement du réseau de la RAM sur lAfrique; et tout cela contribue à la fatigue et aux maladies», précise-t-il, ajoutant que «nous avons parmi notre équipe 2 cas de tyroïde et 5 cas de malaria, en plus de plusieurs cas dinaptitude». Il faut rappeler quil y a un an, lAMPL a organisé une conférence sur la fatigue, et en marge de laquelle une étude a été lancée. Cette étude a révélé quil y a «une relation de cause à effet qui provoque des malaises chez les pilotes». Dialogue interrompu Le dialogue entamé par lAMPL et la DG est actuellement au point mort. Des négociations avaient été en effet entamées avec Driss Benhima depuis son arrivée à la tête de la RAM. Mais après une année de négociations, le dialogue aurait été arrêté unilatéralement de la part de la Direction générale. Et daprès un ex-cadre de la compagnie, «les revendications des pilotes étaient justifiables et réalisables». Dans ce cadre, note Al Ibrahimi, «la nouvelle Direction générale est partie sur une fausse note en avançant quelle ne donnerait pas ce que la précédente équipe na pas donné». «Pire, elle a même remis en cause tous les acquis qui avaient été négociés avant sa prise de pouvoir», soutient-il. Rappelons, à ce titre, quà lépoque où la RAM était dirigée par Berrada, la compagnie avait dû faire face à une terrible grève des pilotes avec, à la clé, des conséquences financières énormes et de nombreux désagréments pour les usagers de la RAM. Les longs mois de négociations avaient finalement abouti à un compromis. Aujourdhui, lon se rend compte, avec les révélations de lAMPL, que la paix sociale repose sur un socle bien précaire. Surtout lorsque Al Ibrahimi soutient que «Royal Air Maroc est gérée au jour le jour et manque de stratégie à moyen et long termes». La compagnie vivrait donc un problème structurel qui proviendrait, selon un ex-proche de Benhima, «de la politique de gestion des ressources humaines; en dautres termes, le manque de valorisation du personnel, linexistence de formation, ainsi que la réduction des champs de compétences associés à labsence de perspectives pour les salariés. Tout cela crée une tension au sein dune institution incapable décrire son histoire aujourdhui». Contacté par la rédaction de Finances News Hebdo, le Directeur des ressources humaines de la RAM na pas voulu sexprimer. Mouvement en vue ? Cette tension perceptible entre la DG et les pilotes de ligne serait-elle le prélude à un nouveau mouvement de grève de lAMPL ? Peut-être, surtout que lAssociation juge inconvenante lenquête diligentée par la RAM et qui risque de se solder par des sanctions. Une enquête qui, selon Al Ibrahimi, «na pas sa raison dêtre, dans la mesure où les défaillances des pilotes sont prévues par toutes les compagnies aériennes à hauteur de 7% de leffectif, alors que les absences des pilotes de la RAM nont concerné que seulement 5% de leffectif global». En tout cas, un nouveau bras de fer entre les deux parties nest guère souhaitable, surtout en cette haute saison. La compagnie y perdra beaucoup financièrement, mais également en terme dimage. Une image déjà ternie par une qualité de service très controversée, sous-tendue, dune part, par les retards récurrents des vols, sans aucun dispositif de communication pour aviser et rassurer les passagers. «Ce manque dinformation qui perturbe les vols, nous en sommes aussi victimes, en tant que pilotes, parce quon fait souvent appel à nous quelques heures à peine avant le départ de lavion, ce qui peut être dangereux pour la sécurité des voyageurs», précise Al Ibrahimi. Une image également ternie par lattitude de mépris (régulièrement dénoncée) souvent affichée à légard des passagers subsahariens notamment.