* Les produits alimentaires de base, qui représentent 15,2% du panier de lICV, ont contribué à hauteur de 2,5 points de pourcentage à linflation. * Ce renchérissement général des prix à la production industrielle porte atteinte à la dynamique dans laquelle sinscrivent les entreprises nationales. Lindice du coût de la vie (ICV) sest établi à 3,7% en glissement annuel après 3,2% en mars et 2,4% en février. Mieux encore, linflation sous-jacente, représentant lévolution du niveau général des prix débarrassé de sa composante conjoncturelle, sest maintenue à des niveaux élevés, soit 4,8% en avril, après 4,7% en mars. Les économistes tirent la sonnette dalarme puisque cette flambée des prix cible les produits de première nécessité. Pour preuve, les produits alimentaires de base, qui représentent 15,2% du panier de lICV et 35% de lindice des prix des biens échangeables, ont contribué à hauteur de 2,5 points de pourcentage à linflation (voir encadré). Cette hausse, susceptible davoir des impacts néfastes sur léquilibre socio-économique, résulte en grande partie de laugmentation exponentielle de lindice du prix à limport. Ce dernier a grimpé, au terme du premier trimestre de 2008, de 30% en glissement annuel. Selon le dernier rapport de Bank Al-Maghrib, «lindice de prix à limport des produits alimentaires a, en moyenne, augmenté de 40% en glissement annuel». Il ajoute que «lindice pour le blé a affiché une croissance de 59% au cours de ce premier trimestre, en relation avec les évolutions des cours mondiaux de lannée dernière (hausse de 170% entre juin 2007 et février 2008)». Hausse de lICV : prévisions et impacts Malgré la hausse de linflation, léconomie nationale na pas connu de régression. Plutôt, si la formation brute de capital fixe a progressé de 12,8% en 2008, le taux dinvestissement brut a battu un record en enregistrant 33% du PIB. Le rapport de BAM stipule, dans ce sens, que «les importations de produits finis déquipement, chiffrées à 21,4 milliards de dirhams, ont augmenté de 11,7% au terme des quatre premiers mois de cette année, soit plus dun cinquième du total des importations». Cette dynamique est illustrée, par ailleurs, en terme délargissement de la masse des crédits à léquipement. Cette dernière a enregistré, au cours de cette période, une accélération forte, soit plus de 37% en glissement annuel. Autre facteur reflétant la bonne santé du marché marocain : la bonne tenue des recettes dinvestissements qui se sont élevées à 11,7 milliards de DH, à fin avril, soit une augmentation en glissement annuel de 10,2%. En revanche, le rapport note que «laugmentation des prix à limportation se transmet également aux prix à la production industrielle». À cet égard, lindice des prix des industries manufacturières a connu une hausse soutenue, soit 20,5% en avril, après une hausse de 21,2%, le mois précédent. Lindice de la branche cokéfaction et raffinage néchappe pas à cette tendance. Il sest établi à 41,9% au lieu de 49,4% en mars. Ce renchérissement général porte atteinte à leffervescence dans laquelle sinscrit le milieu des affaires et aura, à long terme, des impacts défavorables sur la compétitivité des entreprises nationales. La flambée des prix enregistrée en 2007 a eu un impact désastreux sur lICV. Pour remédier à la situation, le gouvernement a décidé, dans le cadre du dialogue avec les partenaires sociaux, dajuster progressivement le SMIG durant les prochaines années. Et malgré létalement de cette décision sur plusieurs années, les analystes de BAM prévoient des conséquences inflationnistes suite à ce réajustement des salaires. Le rapport de BAM met en exergue le cercle vicieux de linflation en affirmant : «Selon nos estimations, limpact dun relèvement de 5% du SMIG sur linflation est denviron 1 point de pourcentage après quatre trimestres et denviron 1,1 point après huit trimestres». En contrepartie, latténuation du rythme de croissance de la masse monétaire pourra constituer un facteur efficace pour faire face à cette contrainte. Sachant que «la hausse de M3, sur les quatre premiers mois de 2008, sest en effet limitée à 1,7%, contre 4,1% en 2007 et 2,5% en 2006», notent les analystes de BAM. Ils considèrent que «la contraction de M3- pourrait, tel quil ressort de lévolution du money gap, augurer dune modération des tensions inflationnistes à plus long terme». Lévolution du taux dinflation dépendra, pendant les prochains trimestres, de plusieurs facteurs : prix des produits alimentaires, rythme de croissance du crédit, hausse des salaires et surtout de lévolution future des prix des hydrocarbures. En effet, les prix du pétrole, au niveau international, ont continué sur le même trend haussier en enregistrant une première en terme de hausse, soit 145 dollars le baril. À long terme, le marché national ne pourra pas échapper à cette vague qui dépend de plusieurs facteurs : tensions géopolitiques, effets relatifs à la cyclicité de la demande, et particulièrement la crise financière qui a accentué la spéculation sur le marché des commodités. Actuellement, le Budget de compensation se gonfle de plus en plus et pèse plus de 30 milliards de DH. Une telle hausse, résultant en grande partie de la flambée du prix de lor noir, risque de rompre léquilibre entre les ressources et les emplois de lEtat. Ainsi, tôt ou tard, lEtat devra recourir au mécanisme dindexation, ce qui se traduira par une augmentation exacerbée du niveau général des prix. Par conséquent, si les établissements publics tablent sur un taux dinflation de 2,7% en 2008, ce taux dépassera aisément la barre de 3%.