Le 13 juillet 2008 se déroulera lIronman dAutriche à Klagenfurt. Une épreuve triathlon très prisée qui verra pour la première fois la participation dune Marocaine au parcours singulier : Nezha Benali Yaâla, opticienne-optométriste qui, du haut de ses 45 ans, affiche un physique dathlète, suit un rythme soutenu dexercices pour, non pas remporter lépreuve, mais pouvoir la terminer. «Je ne cherche pas à être classée dans les 10 premiers, car le plus important dune épreuve pareille est de pouvoir la terminer». En effet, lépreuve qui dure une journée entière comporte quelque chose comme 3.800 mètres de natation, 180 km de vélo et 42 km de course à pied. Mais autant dire que Nezha Benali a les atouts pour. Sportive depuis sa tendre enfance, elle hérite cet amour du sport de son père, Saïd Benali, parmi les premiers ingénieurs marocains de Ponts et Chaussés qui a assuré la Direction générale de Royal Air Maroc pendant 33 ans. «Je garde un fort souvenir de mon père pratiquant son sport chaque jour à 5h du matin. Et les week-ends, il lui arrivait de nous emmener avec lui dans des randonnées». Le sport est donc une affaire de famille. Lenfance de Nezha et de son frère unique est bercée de rigueur représentée par son père, berbère dorigine, et de décontraction illustrée par sa mère, issue dune famille bourgeoise de Fès. Rigoureuse et studieuse, Nezha Benali décroche son Bac sans peine et senvole ensuite pour Bruxelles où elle se spécialise dans les problèmes doptique. Sa formation est polie par une expérience de 4 ans au sein de Lissac à Paris. «Cest chez ce groupe spécialisé dans les gros problèmes de vue que jai appris le métier. Le groupe disposait également dun centre de recherche». Cette proximité du monde de la recherche fut bénéfique pour elle, puisquelle est au courant de toutes les innovations dans le domaine. Nezha pouvait poursuivre sa carrière à Paris, mais en 1991, elle décide de retourner au Maroc et de sinstaller à son propre compte. Et elle va revenir avec une licence du groupe Lissac. À lépoque, il nexistait pas beaucoup de franchises au Maroc et aucune dans le domaine de loptique. Nezha Benali a cherché à développer le côté technique de cette profession en lançant avec des partenaires un atelier de fabrication de lentilles de contact, le premier au Maroc. Mais lexpérience tourna court au bout de 2 ans. «Cétait une expérience réussie puisque le besoin était là et lon a développé pas mal de choses ensemble, notamment en réduisant le temps dattente pour des lentilles, de 15 jours à deux jours seulement. Dommage que mes partenaires naient pas pu aller au-delà de leur désaccord». Notre athlète ne baisse pas pour autant les bras, en adhérant en tant que bénévole à une association denfants malvoyants où elle accueille 30 à 40 enfants en consultation. Au travail, elle est plutôt rigoureuse. Pour ne pas dire très rigoureuse et portée sur les horaires et sur la qualité du travail; cest simple, elle est intransigeante. «Dans les verres, il ny a pas place pour lapproximation». Cest ce qui fait que même si cest elle qui forme les gens qui travaillent avec elle, elle est toujours là pour vérifier. Elle est studieuse même en matière dentraînement. «Le sport répond à des normes scientifiques, comme lalimentation, lhydratation, la régulation du rythme cardiaque et de la respiration. «Jai vu beaucoup dathlètes abdiquer dans certaines compétitions, alors que je sais que physiquement, ils sont plus forts que moi. Une épreuve sportive nest pas uniquement une question de force mais aussi de mental, de gestion de lénergie». Et elle sait de quoi elle parle étant donné quelle a plusieurs compétitions à son actif, notamment le Marathon des Sables dont elle est devenue une habituée, en plus davoir participé aux marathon de New York, Londres, Berlin, Paris, Marrakech, Séville. Femme dynamique, elle participe en 1993 à la création du Club Marocain des Coureurs de Fond qui comptait 12 membres à lépoque et quelque 160 affiliés actuellement. Elle fait partie également des membres fondateurs, il y a 4, 5 ans, du Club Triathlonien de Casablanca. Très portée sur le sport, elle associe également ses trois enfants aux activités sportives. «Je suis une maman très proche de ses enfants, mais je ressens cette frustration due au manque de disponibilité. Alors tout moment libre leur est consacré. Et jentreprends beaucoup dactivités avec eux». Et contrairement à beaucoup de mamans qui sont débordées par lénergie de leurs tout petits, Nezha, elle, na pas ce problème. «Ça a son avantage dêtre sportive !». Si avant davoir eu ses enfants Nezha était passionnée de danse et de musique classique, elle les porte toujours dans son cur, mais le plus important pour elle demeure ces moments de plaisir en famille. Et pour ne pas culpabiliser ses entraînements, elle démarre tôt le sport pour être présente au moment du réveil de ses enfants. «Heureusement que je suis épaulée dans ce que je fais par mon mari». Sa devise dans la vie est le bonheur, se doter de moyens pour lavoir et le répercuter ensuite sur les autres. Exigeante, Nezha Benali est très persévérante. En témoigne son planning hebdomadaire. Lundi : natation, surtout les 3.800 mètres quelle devra faire ce 13 juillet. Mardi : course à pied le matin et vélo entre midi et 14h. Mercredi : natation. Jeudi : course à pied et natation. Vendredi : association de malvoyants. Samedi : course à pied. Et Dimanche, une centaine de kilomètres de vélo, cest le tout pour être apte à terminer «honorablement» le triathlon. Et cest tout le mal quon lui souhaite !