* Outre laccroissement de la production, lEtat vise, à travers le droit de péremption et la taxation des terrains nus, à mobiliser plus de foncier. * Les promoteurs estiment que le programme des logements à 140.000 DH nest réalisable que sous certaines conditions. Limmobilier est lun des secteurs les plus attractifs de léconomie nationale. Il a connu une croissance notoire ces dernières années, aidé en cela par les programmes de soutien de lEtat. Malgré les efforts déployés et les investissements réalisés, loffre produit narrive pas à satisfaire la demande. Avec la forte croissance de la demande et la hausse des intrants, le prix du logement devient hors de portée dune grande partie de la population. Cest dans ce cadre que la Chambre de commerce britannique a organisé une table ronde ayant pour thème : «Le coût de limmobilier au Maroc: opportunités et limites». La rencontre a permis de débattre de la question de linvestissement en immobilier. Un secteur qui connaît des défaillances de tout genre, des prix en constante croissance et une spéculation imposante. «Il y a une forte demande en logements et le déficit cumulé est important», a affirmé Abderrahmane Chorfi, Directeur de lAménagement du territoire et de lUrbanisme au ministère de tutelle. En effet, le déficit enregistré à fin 2007 est de 1 million dunités. Ce déficit est appelé à progresser vu la forte demande en logements car 60% de la population ont moins de 30 ans. Il a mis en exergue la stratégie de lEtat pour doper loffre en logements comme les Politiques des Villes Nouvelles et des Pôles Urbains Nouveaux, la mobilisation du foncier public pour la promotion du partenariat avec le secteur privé, FSH, Fogarim, exonérations fiscales. Lintervenant a mis en avant le renforcement du cadre institutionnel, juridique, réglementaire et technique du secteur, la couverture du territoire national en documents durbanisme etc. Il est question aussi de réorienter les outils durbanisme pour une meilleure adéquation des documents durbanisme aux besoins de linvestissement. Le Directeur de lAménagement du territoire a souligné par ailleurs que « le rôle du secteur privé est primordial pour la réussite de cette stratégie car il réalise la majorité des logements». A cet égard, «un secteur privé plus audacieux et plus professionnel est une nécessité», prône Chorfi. Pour lutter contre la spéculation et la hausse des prix des logements, Chorfi a mis en exergue les mesures prises par le gouvernement qui sont dordre législatif, réglementaire, fiscal, financier et institutionnel. Plusieurs pistes sont avancées. Il sagit avant tout de doper loffre du logement social et lancer un programme spécifique pour la classe moyenne. Pour assouplir le marché immobilier, lEtat préconise de dynamiser le secteur locatif. Lintervenant a présenté quelques nouvelles mesures envisagées par le ministère des Finances pour la mobilisation du foncier. Il est question de taxer les logements vacants estimés à 800.000 pour booster le locatif et de revoir à la hausse la taxation des terrains nus pour défier la spéculation. Pour combattre le «noir», lEtat va utiliser le droit de péremption. «Avant de taxer un logement, il faut définir et épargner au passage les MRE et les résidences secondaires», a souligné Chorfi. Les promoteurs immobiliers, même sils partagent certaines approches de lEtat, ont leur propre vision des choses. Youssef Benmansour, vice-Président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) a animé le sujet à travers une intervention qui avait pour thème : «Rôle du secteur privé, entre intérêt général et lois du marché». Lintervenant estime que «le privé a un rôle majeur dans le développement du secteur du fait quil réalise 78% des logements sociaux». Benmansour a expliqué, par ailleurs, que «les promoteurs sont sollicités pour la réalisation de 130.000 logements sur cinq ans au prix de 140.000 DH, un produit qui répond à une catégorie spécifique de la population». Mais il reste sceptique quant aux conditions de réalisation de ce programme de grande envergure «Dans les conditions de production de logements au Maroc, peut-on présager une réussite de cet ambitieux programme?», sest-il interrogé. Les promoteurs regroupés dans la FNPI ont formulé un certain nombre d'observations nécessaires pour que l'engagement des opérateurs soit le plus efficient possible. «Les lois du marché sont malheureusement têtues. Tout investissement doit obéir à la loi de la rentabilité», a souligné Benmansour. Le vice-Président de la FNPI juge que les hypothèses formulées par le ministère de tutelle pour la réalisation dun logement à un tel prix sont irréalistes et irréalisables. «Dans le contexte actuel daugmentation des intrants malgré un foncier de plus en plus onéreux, la perspective de produire un logement au prix de 140 000 DH semble éloignée si ce n'est dans le cadre d' un programme global ou cxisteraient divers logements à divers prix», a-t-il noté. «Pour atteindre les objectifs de lEtat, a indiqué Benmansour, il faut augmenter la cadence de construction au Maroc. En plus des efforts des grands groupes publics opérant dans le secteur et essentiellement Al Omrane, il faut que le secteur privé au Maroc produise davantage de champions nationaux à limage dAddoha, Chaâbi lil iskane et autres »