* Outre les nouvelles incitations fiscales concernant le logement social, lEtat impose de nouvelles normes sur la qualité dans le cahier des charges que les promoteurs sont tenus de réaliser. * Le point avec Mounia Lahlou, Directrice de la promotion immobilière au ministère de lHabitat. - Finances News Hebdo : Quelles sont les mesures prises pour sassurer de la qualité des constructions dans le logement social ? - Mounia Lahlou : Le nouveau dispositif pour le logement social a été accompagné dun cahier des charges bien précis. En prodiguant des encouragements aux promoteurs, lEtat leur a aussi exigé des obligations. Il y a des mesures nouvellement introduites dans le cahier des charges. Premièrement, la sécurité dans les chantiers qui est très importante ; puis la qualité des constructions avec lobligation de recours à un bureau de contrôle pour instaurer des composantes de durabilité. Ensuite, pour chaque logement, il faut planter un arbre. A cela sajoutent lutilisation dans léclairage public daccessoires à faible consommation dénergie, la garantie des équipements dassainissement et détanchéité sur une durée dun an ; lobligation pour larchitecte dassurer ses responsabilités et de tenir un cahier des chantiers pour superviser la traçabilité des travaux et des réalisations. Al Omrane a dailleurs lancé un concours pour rehausser la qualité de larchitecture. - F.N.H. : Létat des infrastructures et le niveau déquipement dans les quartiers nouvellement construits, surtout ceux qui ont vocation de logement social, laissent à désirer. Comment votre département peut-il remédier à cette situation dans les nouveaux projets ? - M.L. : Il faut savoir que les règlements durbanisme imposent une grille déquipement. Elle est du ressort et de la responsabilité des communes. Sont également intéressés les secteurs administratifs relevant des différents départements ministériels concernés comme la Santé, lEducation, lIntérieur ou autres. Certains équipements, comme les espaces verts, peuvent être à la charge de lopérateur. La question des équipements des nouveaux quartiers est très importante. Le dispositif local va insister sur le sujet. - F.N.H. : LEtat a fait des efforts pour booster le logement social dans les villes. Quen est-il du monde rural ? - M. L. : Cest une grande question. Au niveau urbain, nous savons comment agir. Dans le monde rural, la logique est tout à fait différente. On est passé depuis lindépendance par plusieurs programmes. Lexpérience des villages modèles na pas marché. On a constaté que lautoconstruction est la plus sollicitée. Dans le rural, la plupart des habitants sont des agriculteurs qui veulent résider tout près de leurs exploitations. Depuis 4 ans, lEtat a lancé le programme dassistance architecturale gratuit en milieu rural. Nous avons mis à leur disposition un architecte et un ingénieur pour sen assurer. Les dégâts occasionnés par le séisme dAl Hoceima et qui a détruit plusieurs maisons, sont dus à la mauvaise qualité des constructions. - F.N.H. : Comment les dérogations fiscales introduites lors de la Loi de Finances 2010 peuvent-elles doper la production du logement social ? - M.L. : La valeur vénale du logement social est passée de 200.000 à 250.000 DH HT. LEtat donne sous forme de subvention directe 40.000 DH par logement. Les promoteurs ne sont pas exonérés de la TVA dans le cadre de la Loi de Finances 2010. Cest lEtat qui paie pour lacquéreur sa part de TVA. Le niveau de superficie peut varier dune région à une autre selon le prix du foncier, mais il y a un seuil minimum. - F.N.H. : Lun des problèmes majeurs du secteur est lié à la disponibilité du foncier ; comment peut-on résoudre cette problématique ? - M.L. : Cest une véritable problématique qui interpelle plusieurs départements. Il faut souligner quil y a des mécanismes qui le bloquent. Il existe actuellement plus de 50.000 ha qui sont ouverts à lurbanisation mais qui restent inexploitables car les communes nont pas les moyens de les viabiliser. Les lois et les procédures sont lentes pour aboutir. - F.N.H. : Les promoteurs peuvent-ils accéder au foncier public ? - M.L. : A linstar du groupe Al Omarane, qui va bénéficier de plus de 3.800 ha de foncier pour asseoir son programme, tous les promoteurs sont éligibles à laccès au foncier public dans le cadre du programme mixte, mais il faut quils remplissent certaines conditions qui sont liées à leurs références et quils respectent le cahier des charges. - F. N. H. : Quen est-il du programme à 140.000 DH ? - M. L. : Le créneau a un bel avenir, il cible une catégorie de clientèle bien déterminée. Le programme a déjà commencé dans des villes comme Fès, ou Meknès et démarrera bientôt dans les autres villes. Beaucoup de projets son soit à létude, soit dans leur phase finale de lancement. Ce programme de 140.000 logements nest pas soumis au secteur privé tout seul ; Al Omrane en assure lui aussi une partie. Cest à travers un partenariat plublic-privé que le groupe mobilise le foncier, le viabilise et lance les projets à travers des appels doffres pour la construction.