* Un projet de circulaire est en cours de délaboration pour définir les règles déontologiques minimales devant être appliquées par les analystes financiers produisant des notes danalyse. * De nouveaux devoirs vont incomber aux analystes dans le souci de mieux protéger les épargnants contre les informations fallacieuses. * Une batterie de sanctions pécuniaires et de peines a été listée. Le CDVM joint lacte à la parole ! Les analystes financiers néchapperont plus à lil vigilant du CDVM. Le gendarme du marché vient, en effet, et après plusieurs années dattente, de publier un projet de circulaire visant à mieux encadrer la profession danalyste. Cette dernière, toujours au stade de projet, comporte 8 sections, 24 articles qui essayent tant bien que mal de tirer les choses au clair dans un domaine où quelques scandales ont défrayé la chronique ces dernières années. Notes contradictoires, recommandations non justifiées, délits dinitiés, manipulations, conflit dintérêts tout est passé au crible et même des sanctions (parfois lourdes !) ont été prévues en cas de non respect des règles fixées (voir encadré). «Ce projet, qui est toujours en cours délaboration, semble être animé par lesprit doffrir une information qui serait avant tout au service des destinataires des notes de recherche. Qui sont les diverses catégories des actionnaires et surtout les petits dentre eux», note un professionnel de la place. Le projet de circulaire institue, en effet, un corpus de règles déontologiques minimales devant être appliquées par les analystes financiers produisant des notes danalyse. En filigrane, le gendarme du marché semble pointer du doigt lobjectivité des études financières, censées orienter le choix des investisseurs. «Lanalyse doit être intègre et claire afin de faciliter une prise de décision motivée de linvestisseur au sujet des titres de lémetteur objet de lanalyse», précise le projet de circulaire dans la section II. Cest pour dire que lanalyse doit distinguer clairement les données dordre factuel et les opinions. Le projet de circulaire va très loin sur ce point : «Lanalyste, précise le texte, doit être capable de justifier le sérieux de ses sources et les raisonnements présentés par lui et sous sa responsabilité, et en particulier la méthodologie qui fonde ses conclusions». La logique du projet de circulaire veut donc instituer un niveau «scientifique» qui doit encadrer les efforts des analystes financiers quils traduisent en notes destinées aux clients/investisseurs. Le projet de circulaire exhorte même les analystes à «conserver les données et calculs leur ayant servi dans la formulation de leurs recommandations au niveau des archives, pour une durée ne pouvant être inférieure à 3 ans». Objectivité, objectivité ! Lavis de lanalyste doit en effet demeurer objectif et neutre. Et surtout offrant une opinion exprimée «avec honnêteté et impartialité». Le projet de circulaire instaure aussi une interdiction en matière de sélection des informations à donner à tel ou tel client. Larticle 10 de la section VI du projet souligne que «lanalyste doit sinterdire de diffuser dune manière sélective, à un client ou à une catégorie de clientèle, ses notes danalyse». La gestion des conflits dintérêts a été aussi au centre de ce projet de circulaire. Le texte se contente cependant de mentionner quen cas de conflit dintérêts «lanalyste doit sen ouvrir à sa hiérarchie ou, le cas échéant, au déontologue qui lui indiquera la conduite à tenir dans le respect des principes de transparence et dobjectivité». Une situation de conflit dintérêts est toujours pesante sur lenvironnement du travail des analystes. Diverses hypothèses que le projet de circulaire a délimitées demeurent imaginables. Avec un net souci «de protéger les analystes contre déventuelles tentatives de pression». Et cest justement pour éviter de telles situations que le CDVM recommande, dans son projet de circulaire, à létablissement employeur de lanalyste de «mettre en place une organisation limitant la circulation de linformation relative aux émetteurs, aux personnes qui lutiliseront directement dans leur travail». Cest à létablissement employeur quincombe toujours la responsabilité de définir la démarche à suivre par ses analystes en cas de conflit dintérêts. Une sorte de muraille de Chine ! Plus loin, larticle 12 du projet précise, en ce sens, que lanalyste qui a eu accès à des informations confidentielles détenues par dautres services, est «considéré être en possession dinformations privilégiées» et ne pourrait donc publier danalyse sauf autorisation expresse de la hiérarchie. La circulaire oblige, dautre part, les analystes à signaler à leurs hiérarchies toutes les situations qui les mettent personnellement en conflit dintérêts. Le projet de circulaire na pas établi une liste exhaustive de ces situations. Les exemples cités dans le texte prohibent tous les liens de parenté qui peuvent donner lieu à des recommandations qui ne sont pas objectives. La rémunération de lanalyste ne doit en aucune façon être liée spécifiquement à une opération de la banque dinvestissement à laquelle il participe, ni être directement liée au succès de ladite opération.