* Mariée à un Marocain, Natacha, ressortissante russe, sapplique aux tâches quengendre la fête, en y apportant sa touche personnelle. * Bachir, ressortissant sénégalais, sacrifie à la marocaine, estimant que le rituel est le même dans le monde musulman. Période de retrouvailles, de bons moments passés en famille, la fête du sacrifice a un autre goût pour les étrangers vivant au Maroc. Certains la célèbrent à la marocaine, dautres y apportent une touche de leur pays dorigine. Cest le cas de Natacha Abdelmajid, mariée à un pharmacien marocain rencontré en Russie durant ses études de pharmacie. «Mes premières années au Maroc, la célébration du sacrifice rimait avec étrange. Je le passais chez ma belle-famille et je ne faisais quobserver les rituels pratiqués», explique-t-elle. Mais du haut de ses 10 ans au Maroc, et avec désormais une famille composée de trois enfants, Natacha a mis la main à la pâte. «Avec ma belle sur, nous procédons aux préparatifs ensemble. Je suis même partie au souk avec mon mari pour acheter le mouton destiné au sacrifice», explique-t-elle. Mais si le rituel du sacrifice se fait à la marocaine, la cuisine elle, est plutôt russe. «Le premier jour, je cuisine les tripes de mouton à la marocaine, mais tout le reste, je le conjugue en Russe. Je prépare notamment le chachlik de mouton, un repas dont il faut longuement laisser mariner la viande avant de la griller. Cest un plat quil faut démarrer tôt le matin pour le manger à midi, sinon, le commencer en début daprès-midi pour le servir le soir», ajoute-t-elle. Ses recettes connaissent un grand succès auprès de sa famille et amis marocains. Au lieu du Boulefef, elle prépare le Shashlick, des brochettes russes quil faut laisser mariner pendant 12 h avant la cuisson. Et puis le fameux pot-au-feu à la russe, un gigot aux choux et aux carottes. Une sorte de tanjia à la russe. «Ce qui manque à la table cest la vodka, mais on remplace cela par un thé marocain», ajoute-t-elle avec un petit sourire malicieux. En contrepartie, son mari simplique sérieusement dans les préparatifs de la Saint-Sylvestre. «Jestime important que mes enfants simprègnent de la culture de leur maman», conclut-elle. Si Natacha met sa touche personnelle durant lAïd, Bachir Thiam, journaliste, lui, célèbre la fête à la Marocaine. «Pour la simple raison que je suis marié à une Marocaine. Les femmes en général ont plus de poids en matière de tradition que les hommes et imposent leur façon de faire. Il y a également un élément important à souligner : la célébration et le rituel sont les mêmes dans le monde musulman», estime-t-il. Il ajoute que la communauté sénégalaise installée au Maroc ne se soustrait pas à cette règle, «Lachat de la bête du sacrifice se fait dans les mêmes souks et avec les enclos exposés dans les grandes surfaces, il est plus facile dy dénicher un mouton puisque les prix sont affichés et quil ny a pas besoin de négocier les prix», poursuit-il. Si au Sénégal cest le chef de famille ou le frère aîné qui procède au sacrifice du mouton, Bachir Thiam opère comme la plupart des Marocains en faisant appel aux services dun boucher. Il relève quand même quelques différences entre les traditions marocaine et sénégalaise : «Au Sénégal, le foie nest pas servi en brochettes, il est grillé, coupé en morceaux et partagé entre les membres de la famille. Les Marocains préfèrent le servir en brochettes. De même quil est dans lhabitude, au Sénégal, que les gens dun même quartier se partagent le repas. La première famille qui termine de cuisiner invite tout le quartier ». Il constate également que les Marocains ne mangent pas la chair du mouton le premier jour, mais le lendemain. Au Sénégal, la viande du mouton est cuisinée le même jour et est partagée avec la famille et les voisins. Dailleurs, la tradition sénégalaise veut quun gigot soit envoyé à la famille de lépoux et lautre à la famille de lépouse. Bachir applique à moitié cette tradition puisquun gigot est envoyé à sa belle-famille, lautre est consommé à la maison puisque bien évidemment, il ne peut pas lenvoyer au Sénégal. Pour la préparation de plats sénégalais, les ressortissants de ce pays se rendent dans les vieilles Médinas ou dans des échoppes bien précises pour acquérir la pâte darachide (Tigatégué), le Cambo, ou lhuile de palme Diwtir). Durant cette période de fête, il existe une troisième catégorie, comme un couple français qui a préféré cette année partir en France y passer le réveillon. «Cest une fête musulmane à laquelle nous prenons part quelquefois quand nous sommes invités par des amis, mais puisque cette année, comme lannée dernière, la fête coïncide avec le réveillon, nous partons en France voir la famille», explique ce couple qui, dhabitude passe les deux jours de lAïd à lOukaïmden près de Marrakech.