* Les opérateurs demandent le renforcement de léquipement et des infrastructures et la formation des ressources humaines. * LEtat a débloqué 133 MDH en urgence pour le port de Casablanca, mais cela demeure insuffisant pour faire face à un trafic sans cesse croissant. Le port de Casablanca a connu dernièrement une forte perturbation de son trafic qui a failli dégénérer en véritable crise et a eu un impact sur le renchérissement des produits de base importés, surtout durant la période du Ramadan. Pour certains opérateurs, la cause est due à la réforme portuaire après léclatement de lOdep en deux entités distinctes : lune pour la régulation à savoir lAgence nationale des ports et lautre, Marsa Maroc, pour lexploitation. Dautant plus que cette réforme na pas été appuyée par des mesures daccompagnement surtout au niveau des équipements qui sont insuffisants et parfois défaillants. Pour les autorités de tutelle, notamment le ministère de lEquipement et du transport, le problème est plutôt conjoncturel et est surtout causé par la hausse du trafic des conteneurs. LEtat, par la voie du Premier ministre, a entrepris des mesures durgence. Il a débloqué à cet égard 133 MDH dont 91 MDH pour acquérir un nouveau matériel et 42 MDH pour laménagement dun nouvel espace de débarquement et de stockage. La superficie devant être aménagée va être augmentée de 10 à 14 ha. Les autorités portuaires ont dû recourir à des zones appartenant à lONCF ou à lOCP pour pouvoir débarquer le supplément de conteneurs. Pour ce qui est de lorganisation, les mêmes autorités ont redoublé deffort pour réduire la durée dattente des navires qui est passée de 11 à 3 jours. Mais les problèmes persistent et «en labsence dune stratégie densemble, le risque de congestion demeure posé», affirme un transitaire de la place. 9 mois après lentrée en vigueur de la loi sur la réforme portuaire, les choses semblent aller dans le sens voulu. A lANP on assure que «le programme se déroule comme prévu malgré les difficultés rencontrées et la période de 18 mois pour permettre aux nouveaux opérateurs, notamment Marsa Maroc et Smaport dassurer pleinement leur fonction. «Le problème qui existe est plus de logistique et dinfrastructure mais nest pas lié à la réforme», a affirmé Saïd El Hairech, Secrétaire général du Syndicat national des dockers professionnels et assimilés des ports du Maroc affilié à lUnion marocaine du travail (UMT). Ce syndicat représente 2.000 dockers dont 1.200 travaillent au port de Casablanca. El Hairech a regretté que «le niveau déquipement des ports marocains reste faible et quun certain matériel devient défaillant voire risqué avec lusure du temps». Pour ce qui est du niveau du travail, le représentant des dockers a affirmé quil reste le même. Il a mis laccent, à cet égard, sur le volet formation des ressources humaines pour les mettre au même niveau de compétitivité avec les autres ports du monde». El Hairech a fait savoir que même les opérateurs, notamment les importateurs, ne facilitent pas la tâche pour une bonne organisation du port de Casablanca. «La décongestion et une gestion adéquate nécessitent la conjugaison des efforts de tous les intervenants», a-t-il souligné . Pour rappel, la réforme portuaire veut rendre les ports marocains plus compétitifs en matière de qualité de services et de prix afin de répondre aux défis douverture et dancrage de léconomie nationale à son environnement mondial. Laccent a été mis, dans un premier temps, sur le port de Casablanca qui assure près de 50% du trafic et 43% du chiffre daffaires pour sétendre aux autres ports, notamment ceux de Tanger, Nador, Agadir et Safi. La loi sur la réforme a mis fin à la dualité de manutention qui a engendré un flou entre les attributions et les responsabilités des acteurs. Elle a clarifié les rôles des trois types dintervenants : ministère, ANP et Marsa Maroc. La réforme permettra lintroduction de la concurrence pour créer lémulation. En effet, la réforme est censée réduire dau moins de 30% les coûts de passage. Elle devrait entraîner une concurrence entre les ports et à lintérieur du même port comme cest le cas à Casablanca entre Marsa Maroc et Smaport, nouvellement constituée.