* Mahlaba, p'tit taxi ou téléboutique : voilà des business, petits certes, mais qui au demeurant peuvent rapporter gros. Ne dit-on pas que les idées les plus simples sont les plus intéressantes ? * Mise initiale, charges d'exploitation, chiffre d'affaires, taux de rendement...tout un business-plan. Lépargne est toujours liée aux marchés financiers. Pourtant, actions, obligations, OPCVM, comptes sur carnet, dépôts à terme, assurances-vie et autres instruments dits modernes ne sont pas les seuls débouchés possibles pour nos économies, ni l'unique moyen de les rentabiliser. Bien au contraire, il existe une multitude de «petites idées» qui permettent de faire fructifier son argent. Quoi de mieux, donc, que de créer sa propre entreprise pour faire fructifier son épargne tout en restant salarié ! L'idée en effraie plus d'un. Et pour cause, beaucoup de gens pensent que se lancer dans la création d'un business est une démarche qui nécessite énormément de fonds, demande un grand engagement et requiert un certain savoir-faire. Et pourtant, peu pensent à des métiers simples, à de petits business qui ne nécessitent pas de compétences spécifiques et qui, de plus, peuvent leur permettre de rester salariés. Voici trois types d'affaires qui ne nécessitent pas de gros investissement (moins de 200.000 DH) et s'avèrent, dans certains cas, fort rentables. Une affaire de taxi, une laiterie (mahlaba) ou encore une téléboutique peuvent rapporter davantage qu'un investissement en actions. Bien évidemment, le risque encouru dans ce genre d'activité est relativement important, «mais pas autant que le risque encouru en investissant dans la Bourse de Casablanca», ironise un propriétaire de téléboutique qui détient par ailleurs un petit portefeuille actions. Mahlaba : un business juteux Khalid est responsable financier dans une multinationale. Mais chaque fois qu'il parle de l'évolution de sa carrière, il ne cache pas son vu de tout laisser tomber pour une «mahlaba». Ce projet, il sait très bien ce qu'il coûte et ce qu'il rapporte, lui qui est issu d'une famille «soussie» spécialisée dans ce commerce. Initié à la chose financière, il trace rapidement un business-plan pour nous démontrer que le projet, si modeste soit-il, ne peut être que rentable. Une petite «mahlaba» rapportera à son propriétaire 20.000 DH nets par mois. Et encore, vu les hypothèses pessimistes qu'il a élaborées pour monter son plan d'affaires, il ne s'agit là que d'un minimum ! Le bénéfice serait plus important si le local est bien situé et bien achalandé. Des laiteries à Casablanca, rendez-vous incontournables à la sortie des usines, des écoles ou des boîtes de nuit, telles Al Boustane, Ozoud, Ayour,...réalisent des chiffres plus élevés. Khalid précise d'emblée que la totalité des bénéfices est réalisée sur « les produits à valeur ajoutée ». Il entend par là les produits qui nécessitent une transformation : lait caillé, petit lait, jus, sandwichs, harcha, briouates. Les produits commercialisés en l'état (yogourt, soda, pain...) ne laissent aucune marge, ou si petite. «Il s'agit uniquement de produits d'appel». Même sur les produits «maison» , les marges prises individuellement paraissent faibles, «mais à mesure que les ventes évoluent, elles justifient l'investissement», dit-il. Cet investissement est de l'ordre de 125.000 DH, hors local. Le prix de ce dernier dépend de la ville, du quartier et de la proximité des centres commerciaux ou industriels. L'équipement comprend une machine pour la fabrication du petit lait (30.000 DH), un frigo-comptoir ( 25.000 DH), un deuxième frigo pour le stockage (10.000 DH), des mixeurs et quelques ustensiles (10.000 DH)...un fonds de roulement de 50.000 DH est suffisant pour se lancer. Cinq employés et le tour est joué ! Les calculs faits sur une base annuelle, en tenant compte du coût de la matière, d'une charge locative de 24.000 DH, une masse salariale de 60.000 DH et des frais d'entretien et de réparation de 22.000 DH laissent, en fin d'exercice, un bénéfice net de l'ordre de 300.000 DH, soit presque deux fois et demie l'investissement initial. Soit encore le montant qu'aura nécessité le pas-de-porte et l'aménagement du local, suppose Khalid. Reste juste à préciser que ces calculs ont été faits compte tenu d'une activité normale, pour une laiterie à fréquentation moyenne. A ces chiffres, il faudrait ajouter les bénéfices du mois de Ramadan. Une période de suractivité des laiteries qui en profitent également pour commercialiser chebbakia, sellou, et autres «cornes de gazelle». Certains, nous confie Khalid, y réalisent près de la moitié du chiffre d'affaires annuel. Très tentant ! Notons, néanmoins, que le plus compliqué est, sans conteste, le fait de trouver le bon local et surtout la personne de confiance pour gérer le tout...si l'on tient à rester salarié. P'tit taxi : une «rente» de 4.000 DH par mois Moins juteux, mais également plus facile et moins cher : le p'tit taxi. L'idée peu sembler un peut loufoque, mais il faut savoir qu'un tel investissement offre un taux de rentabilité minimum de près de 25% l'an, c'est-à-dire un retour sur investissement au bout de quatre ans seulement. De plus, on peut trouver par la même occasion un débouché plutôt honorable pour tel ou tel membre de la famille qui recherche désespérément un boulot depuis deux années déjà... Et qui n'a pas un chômeur parmi les siens ?! Pour se lancer dans ce business, il faut déjà débourser le prix d'une voiture (Diesel de préférence) qui servira de taxi (environ 120.000 DH pour une voiture flambant neuf). Au Maroc, la profession est encore régie par un système de privilège. Ainsi, il faut un agrément pour le taxi, communément appelé «grima». Deux options s'offrent alors : la première, dite «hlawa», permet de signer avec le détenteur d'un «grima» un contrat de location de son «bout de papier» pour une durée de cinq ans. Il faudra pour cela débourser quelque 50.000 DH au début et verser un loyer mensuel de 1.500 DH. Au terme des cinq années, les deux parties peuvent d'un commun accord décider de reconduire la relation. Cette fois-ci, le détenteur de l'autorisation ne réclamera pas plus de 20.000 DH pour la reconduction du contrat dans les mêmes conditions. C'est-à-dire un loyer mensuel de 1.500 DH. L'autre possibilité est de louer l'agrément au prix de 2.500 DH par mois. Dans ce cas, il s'agit d'un simple contrat de location qui peut être rompu par l'une des deux parties à n'importe quel moment. Maintenant que l'on est «proprio» d'un p'tit taxi, on doit trouver quelqu'un pour l'exploiter. Le chauffeur doit bien évidemment détenir un permis, dit de confiance, délivré par la Wilaya. La profession fixe entre 200 et 250 DH le montant de la location (ou «recetta») journalière d'un taxi rouge à Casablanca, entre 6.000 et 7.500 DH environ par mois. En tant que propriétaire, certaines charges d'exploitation vous reviennent, comme l'assurance (7.000 DH par an), les visites techniques (600 DH par an), les charges d'entretien et enfin les éventuelles réparations du véhicule en cas de panne ou d'accident. Somme toute, les recettes nettes d'un p'tit taxi peuvent facilement atteindre les 4.000 DH par mois. Au bout de la cinquième année, on aura largement récupéré la mise de départ et entièrement amorti le véhicule. Ce petit business dégagera une plus-value de 32.000 DH qui peut dans certains cas dépasser les 100.000 DH pour une mise initiale de 170.000 DH environ, soit un taux de rentabilité, grosso modo, de 20 à 70% au bout de la durée du contrat (cinq ans). Pour une telle espérance de rentabilité, on est bien obligé, dites-vous, d'accepter un risque important. Les professionnels sont pour autant assez rassurants dans leurs propos : «le seul risque, c'est qu'un accident entraîne un arrêt prolongé ou définitif du véhicule», explique un chauffeur de taxi. Téléboutique : jusqu'à 20.000 DH par mois Le nombre de téléboutiques a connu ces derniers temps un développement exponentiel, si bien que certaines ont rapidement fait faillite. Aujourd'hui, le développement de la téléphonie mobile et surtout des services prépayés aidant, le filon redevient intéressant pour ceux qui réussissent encore à dénicher les bons emplacements. L'investissement reste relativement lourd si l'on compte le local. D'ailleurs, plusieurs propriétaires nous ont certifié qu'un tel projet n'est viable que si le local est disponible. Donc, pour se lancer dans pareille entreprise, mieux vaut disposer d'un petit local dans un quartier populaire, ou du moins dans un quartier animé. Outre l'aménagement du local pour lequel on doit débourser quelques milliers de dirhams (entre 5.000 et 15.000 DH en fonction de l'état du local), il faudra acheter les taxiphones. Plusieurs modèles aux caractéristiques différentes existent. Les prix des appareils les plus performants varient entre 15.000 et 25.000 DH l'unité. Donc, pour une téléboutique de six taxiphones, il faut compter un investissement initial de 170.000 DH en sus du local. Pour l'exploitation, Maroc Telecom par exemple concède 36% du prix de la communication. On peut également en profiter pour commercialiser des produits en relation avec la téléphonie (cartes de recharge, accessoires pour mobile, envoi et réception de fax...). En vitesse de croisière, le chiffre d'affaires journalier d'une téléboutique qui connaît une affluence moyenne est d'environ 500 DH par poste (3.000 DH pour notre exemple). A cela, il faudra ajouter le produit des ventes accessoires, évalué selon notre source, à une moyenne de 500 DH par jour. Le business-plan réalisé sur cette base dégage un bénéfice mensuel de 20.000 DH. Les risques liés au métier sont principalement d'ordre commercial. Une téléboutique installée dans une zone à faible achalandage ne risque pas de faire de vieux jours, sans parler du développement de la téléphonie mobile qui représente aujourd'hui encore, de par sa structure (plus de prépayés que d'abonnements) une opportunité, mais reste certainement un véritable danger pour le métier. A rappeler aussi que n'étant pas disponible à temps plein et n'ayant que peu de moyens de contrôle, il faudra choisir un bon gérant, dynamique et rigoureux. Il doit surtout être un homme (ou une femme) de confiance. Beaucoup préfèrent recourir à des membres de la famille et rendent par là même un service à des jeunes qui ne trouvent pas de débouchés sur le marché de l'emploi.