* Le ministre est optimiste quant à la capacité de mobiliser les 20 milliards de DH que coûte ce projet. * Les lignes actuelles seront exploitées pour le fret avec possibilité de maintien du transport conventionnel de passagers, si le besoin est ressenti. * La tarification sera dans une proportion raisonnable, prenant en considération le pouvoir dachat du Marocain. Plus dun mois après la signature du protocole d'accord entre le Maroc et la France relatif au projet de train à grande vitesse (TGV) entre Casablanca et Tanger, Karim Ghellab, ministre de lEquipement et du Transport ainsi que Mohamed Rabie Khlie, Directeur général de lONCF, ont enfin livré les détails concernant ce projet colossal en terme dinvestissements à engager. Rappelons à juste titre que la réflexion menée conjointement par le ministère du Transport et lONCF, a commencé depuis plus de deux ans sur les tracés des lignes, larmature générale du réseau TGV Maroc, les coûts de réalisation des lignes, leur rentabilité De même que plusieurs études ont été menées dans ce sens. Daileurs, sur le choix du partenaire français au lieu de faire un appel doffres, Karim Ghellab a expliqué que la décision se base sur tout le travail réalisé en amont qui a abouti à trois conclusions majeures. Dabord, la France détient une grande expérience en la matière. Certes, dautres pays peuvent y prétendre, mais disons que le choix de ce pays va dans le sens du renforcement du partenariat entre les deux pays. Et enfin, le Maroc a signé ce protocole avec des conditions et des avantages quil naurait pas obtenus avec dautres pays. Autre interrogation à laquelle le ministre a dû faire face : lutilité même dinstaller le TGV sachant que bon nombre de villes ne sont pas desservies par les trains ordinaires. Grosso modo, le projet est certes ambitieux, mais il est tout aussi nécessaire que réaliste, selon les intéressés. Il est en effet nécessaire face à la demande qui progresse deux fois plus vite que le marché national de transport de voyageurs et que le réseau actuel ne saura absorber à terme. Et puis, il est réaliste et réalisable puisquil est la continuité naturelle des actions de modernisation du réseau ferré national menées par lONCF qui sappuie sur sa maîtrise des fondamentaux du produit ferroviaire, sur sa culture orientée client et son capital dentreprise mature bien située dans son marché. Les deux responsables ont rappelé que le TGV nest pas destiné à une clientèle daffaires ou aux touristes mais au grand public. Dans ce sens, la réflexion est menée pour élaborer la tarification, mais pas dans le même raisonnement quen Europe où les tarifs des TGV frôlent les tarifs des billets davion. La tarification au Maroc devra prendre en considération le pouvoir dachat du public. Ce sera un service plus cher que le train mais dans des proportions raisonnables. Pour les lignes actuelles, elles seront utilisées pour le fret sachant que le Maroc a besoin de ces capacités. Les nouvelles lignes seront entièrement dédiées aux passagers. Mais il faut dire quactuellement cest lexpectative pour voir comment évolueront les choses et décider du maintien du transport conventionnel de passagers qui sera moins cher que le TGV, mais plus lent. Ghellab optimiste quant au financement Ce sont deux lignes à grande vitesse qui seront mises en service en 2015. La première, vers le Nord, reliera Tanger à Casablanca dès 2013. Cest cette phase qui a fait lobjet en octobre dernier dun protocole daccord entre le Maroc et la France et qui porte sur la conception, la construction, lexploitation et lentretien dune section dune longueur de 200 km pour une vitesse dexploitation de 320 km/h. Le coût du projet, selon des études préliminaires, est estimé à 20 milliards de DH. Il permettra deffectuer le trajet entre les deux villes en 2h10 min au lieu de 5h 45 min actuellement et drainera un flux de clientèle estimé à 8 millions de passagers par an. La seconde ligne, vers le sud, reliera la métropole économique à Marrakech en 1h 20 à lhorizon 2015 au lieu de 3h 15 actuellement. Le montage financier relatif à cet axe est en cours de réflexion. Un programme ambitieux et cher que celui du TGV dans lequel sest engagé le Maroc. Très cher même, mais Karim Ghellab ne démord pas : «Le programme du TGV est bien conçu par des fonds de mobilisation de moyens financiers. Preuve en est que pour la première ligne reliant Tanger à Casablanca, nous sommes en avance sur nos prévisions de financement avec la signature dune convention avec nos partenaires pour le financement de la moitié du programme. Lautre moitié sera contractée auprès de lEtat et les bailleurs de fonds. Une partie sera financée en fonds propres avec des crédits sur la base des recettes futures du projet». Outre les bailleurs de fonds habituels et le Budget de lEtat qui constitue une composante importante de financement, le Maroc table sur le fait que le TGV est un matériel industriel et devra en conséquence bénéficier de financement bonifié dans le cadre de ce que prévoit lOCDE. De même que le TGV constitue un prolongement du réseau transeuropéen, le Maroc devra sattendre à des financements de la part de lUE. Il y a également le montage financier type public-privé à prendre en compte, de même que le découpage du projet permet de partir sur de longues échéances (30 ans). «Cest à notre portée», assure Karim Ghellab. Rappelons quen 2005-2006, lONCF avait mené une étude structurante ayant conduit à lélaboration dun schéma directeur pour le développement dun réseau ferré de lignes pour trains à grande vitesse au Maroc (TGVM). Ce schéma directeur prévoyait la construction dun réseau de 1.500 km devant relier à lhorizon 2030 Tanger à Agadir en moins de quatre heures et Casablanca à Oujda en moins de trois heures. En plus des temps de parcours abrégés, ce sont 133 millions de passagers attendus sur les futures lignes du TGVM. Il y a encore du chemin à faire !