* Le potentiel dinfluence de la francophonie dépend aussi du niveau dinvestissement de chacun des pays dans sa propre production culturelle. * Le partenariat entre Français et Marocains a permis dinstaurer une nouvelle approche basée sur léchange dans les deux sens. * LIFC est le 1er institut au monde pour le nombre dinscrits en cours de langue. * Avec les effets de la mondialisation, la langue française a besoin de devenir la langue de transfert du savoir pour sauvegarder son statut. Au lendemain de la 23ème conférence ministérielle de la Francophonie qui sest tenue à Vientiane au Laos, il est légitime de se demander quelle place occupe la Francophonie au Maroc. «Dans le cadre de la stratégie à long terme à lhorizon 2014 et tenant compte des priorités et de nos engagements à Bucarest, le Maroc réitère sa volonté de renforcer et délargir sa coopération avec lOrganisation Internationale de la Francophonie, et de là avec notre famille francophone», déclarait Latifa Akherbach, Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération et ayant représenté le Maroc à cette 23ème conférence. Pour donner un topo, ne serait-ce que sur le plan culturel au niveau de la ville de Casablanca, le Directeur de lInstitut Français de la ville, Jean-Jacques Beucler explique : «Ce qui est sûr cest que quand on arrive au Maroc, on est frappé par le fait quon entend parler français partout. Donc pour moi, le Maroc est vraiment un pays francophone au regard de ce que jai connu ailleurs. Ce que je peux dire sur la politique culturelle quon mène ici en partenariat avec la Wilaya, cest quon essaye de plus en plus-et je pense quon y arrive-de mettre en place une véritable coopération. Cest-à-dire quon est dans un échange culturel véritable». Ainsi, la coopération dans un cadre plus restreint entre le Maroc et la France ne se fait plus dans un sens mais dans les deux. Cette idée déchange est soutenue par Latifa Akherbach. Pour elle : «Le potentiel dinfluence de la francophonie dépend aussi du niveau dinvestissement de chacun des pays dans sa propre production culturelle». Pour illustrer cet échange, le Directeur de lIFC donne lexemple de la promotion de chorégraphes marocains en France. Ayant travaillé au Mexique et à Sarajevo, Jean-Jacques Beucler dresse un comparatif entre les budgets alloués à la coopération culturelle de ces pays. Ainsi, on apprend de lui que lenveloppe budgétaire consacrée à la coopération culturelle France-Maroc est énorme par rapport à celle du Mexique, elle serait trois à quatre fois plus importante. «Je pense que leffort budgétaire pour le Maroc est énorme si on y ajoute dautres programmes, notamment le programme du livre et de lécrit. Dautres secteurs sont accompagnés. Du coup, la somme du budget de la coopération, je nai pas les chiffres exacts, mais cest énorme», soutient-il. Notons que rien que pour lIFC, le budget annuel alloué est de trois millions deuros par an, qui est réparti sur plusieurs secteurs. Pour sa part, Latifa Akherbach estime que : «Emancipée et ayant pris la parfaite mesure de son espace, la Francophonie à laquelle adhère le Maroc est forcément ouverte sur les autres aires linguistiques, notamment sur laire arabophone. La francophonie à laquelle adhère le Maroc est aussi une francophonie mouvante et en perpétuel ajustement avec les défis du monde». Léchange culturel ne se fait pas uniquement de manière bilatérale mais en même temps dans la transversalité, par exemple la transversalité méditerranéenne, brassage culturel du pays oblige.«Et preuve de louverture quon veut mettre en place nous faisons venir, comme symbole de la France, Manu qui est latino-américain dorigine. Je vais faire venir le ministre mexicain de la santé comme conférencier et cela ne me dérange absolument pas de mettre en relation le Maroc et le Mexique via la France. Moi je crois plus à la multiplication des aspects culturels quau simple fait culturel dun seul», précise Jean-Jacques Beucler. Sur la plan purement linguistique, la situation marocaine est marquée par la présence de plusieurs langues en contact et qui résultent de son histoire, riche de ses multiples confluents. «Le français se trouve donc être parmi une mosaïque de langues et de cultures, se positionnant dans son propre espace communicatif, pour devenir un instrument de communication interculturelle, une langue de lidentité plurielle du Maghrébin par sa perméabilité aux cultures en contact», estime Latifa Akherbach. En chiffres, lIFC est le 1er institut au monde pour le nombre dinscrits, 27.000 suivent des cours de langue. «Aussi, et parce que la mondialisation menace luniversalité et la différence, la Francophonie se doit de jouer le rôle de catalyseur et constituer une réponse à toute forme d'uniformisation, par une mobilisation de ses Etats membres provenant de différentes aires linguistiques, autour des valeurs de solidarité, de dialogue, de liberté, des droits de lHomme et de la diversité culturelle et linguistique», conclut Latifa Akherbach. Pour elle, en raison des effets de la mondialisation, la langue française a besoin pour sauvegarder son statut, dêtre et de devenir, de plus en plus, la langue du transfert dexpertise de la promotion professionnelle et de lexcellence scolaire. Faut-il pour cela compter sur la restructuration de lOIF autour de quatre missions fondamentales définies par le cadre stratégique décennal adopté à Ouagadougou, en 2004 et la nouvelle charte dAntananarivo ? Cela devra permettre aux pays francophones de se doter de nouvelles méthodes de fonctionnement, mieux adaptées, ainsi que de règles de gestion plus transparentes.