* Les normes de sécurité sont intransigeantes. * Le rapport qualié/prix, sujet de débat. Le Maroc a lancé un vaste programme de construction de logements sociaux. Il est question de résorber le déficit en la matière par le renforcement de l'offre afin de satisfaire une demande sans cesse croissante. Pour ce faire, l'Etat a mis en place une série de mesures pour encourager les promoteurs immobiliers à s'intéresser à ce créneau. Il est à signaler que la construction d'habitat social ne concerne que quelques promoteurs assujettis à un cahier des charges bien précis exigé par le département de tutelle. Le promoteur est tenu d'avoir la capacité financière et technique d'au moins 2.500 logements à réaliser en cinq ans. La marge par unité construite est très réduite par rapport au logement ordinaire. Seule la construction à grande échelle peut engendrer des bénéfices conséquents Le logement social ou l'habitat à bon marché existait depuis des décennies. Mais l'Etat, qui était le seul entrepreneur en la matière, était aussi incapable de réaliser de tels projets en suivant le développement démographique. Les programmes réalisés à travers le Royaume généraient des déficits et le rythme des réalisations était trop long et incapable de répondre aux besoins du marché, c'est-à-dire aux ménages à revenu modeste. L'entrée du secteur privé dans cette activité n'a commencé que depuis quelques années. Les incitations fiscales et urbanistiques ont encouragé les promoteurs. L'implication des banques et la facilitation des procédures d'octroi des prêts ont donné leurs fruits. Des géants spécialisés dans le logement social sont nés. Les Groupes Addoha et Annassi ont enregistré des résultats remarquables et le Groupe Chaâbi, qui a bénéficié de son expérience et de sa plate-forme dans le BTP, s'est lancé sur ce créneau. L'Etat, pour sa part, est resté un acteur principal dans les réalisations. Il a modifié les instances existantes à travers la création du Groupe Al Omrane. Sur le plan quantitatif, les résultats sont satisfaisants. Le programme des 200.000 logements avance à grands pas et il suscite un engouement de la part des acquéreurs au point qu'ils doivent attendre quelques mois pour avoir leur logement. Mais sur le plan de la qualité, les avis divergent. Si certains trouvent que ce type de logement répond au rapport qualité/prix, d'autres le jugent comme un logement de façade. Pour Taoufik Hjira, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme, «les autorités compétentes en matière de logement veillent et contrôlent la qualité des constructions. Il y a un suivi depuis les gros-uvre jusqu'à la finition. Pour les fondations, il n'y a aucune différence entre le logement social, le moyen et le haut standing. Les quelques cas signalés d'effondrement, de fissures ou de défaillances de constructions restent très minimes par rapport à un chiffre de réalisation de près de 300.000 logements ». Il a expliqué que « l'expérience marocaine est devenue une référence en la matière et plusieurs pays, notamment africains, veulent l'imiter ». Jamal Sadiki, promoteur immobilier et membre du bureau de l'Association professionnelle des promoteurs immobiliers du Grand Casablanca (APRIM), a affirmé à cet égard que « la qualité du logement social doit être vue selon deux points essentiels : le premier point est relatif à la structure de l'immeuble qui est indiscutable et le deuxième point est relatif aux prestations et aux finitions qui restent à débattre. Pour le premier point, les règles de calcul du béton armé sont liées à la sécurité des habitants. On utilise les mêmes matériaux pour tous les types d'habitat». Il a expliqué que «pour construire par exemple 2.000 logements, il faut au moins 170 MDH. L'entrepreneur ne peut prendre le risque en édifiant des constructions de mauvaise qualité». Quant au second, il a noté que «la qualité du logement social n'est pas médiocre mais correspond à l'utilisation de matériaux d'entrée de gamme. La question du coût est primordiale pour assurer le retour sur investissement et répondre au cahier des charges instauré par l'Etat». Pour remédier aux insuffisances au niveau de la qualité, Sadiki a indiqué que «les pouvoirs publics concernés doivent contrôler et suivre rigoureusement les chantiers. Outre l'arsenal juridique, elles doivent avoir les moyens de ce contrôle».